Quels seront les métiers de demain ?

métiers de demain

D’après une étude d’Oxford datant de 2014, 47% des emplois que nous exerçons aujourd’hui sont totalement automatisables par les robots d’ici 20 ans, tandis que 60% des métiers qui façonneront l’avenir n’ont pas encore été inventés d’après une autre étude du DaVinci Institute. Alors, quel sera le visage du travail de demain ? Doit-on s’attendre à des changements majeurs ? Business O Féminin vous propose de découvrir l’avis de deux spécialistes sur la question.

Le futur est fait de découvertes et redécouvertes

« Le futur est un immense territoire de liberté et d’empowerment. Il est avant tout ce que l’on voudra en faire », annonce en préambule Mathieu Baudin, historien prospectiviste au sein de l’Institut des Futurs souhaitables. Et d’ajouter : « les métiers de demain se construisent aujourd’hui. C’est à nous de les inventer. Ceux qui vous disent avec assertivité ce que sera le futur ont un plan pour vous ! ».

Préparer les écoliers au monde de demain, c’est donc avant tout leur inculquer une attitude, car changer notre regard sur le monde permet déjà de changer le monde. Pour le prospectiviste, il est temps de passer de la logique de travail à celle d’œuvre. Tout reste à créer, mais le plus important est d’y conférer du sens. Une nécessité déjà à l’œuvre dans la société actuelle, avec des reconversions à 180° de cadres évoluant désormais dans la permaculture, ou encore retrouvant le plaisir de travailler de leurs mains dans les fab labs.

Mini Guide Reconversion professionnelle

Ainsi, pour Mathieu Baudin, le futur est fait autant de découvertes que de redécouvertes. « Par exemple, le couchsurfing, la pratique très en vogue en ce moment consistant à louer son canapé, n’est autre que ce que nos grands-parents appelaient l’hospitalité. C’est simplement que le digital, notamment grâce aux systèmes de notation, a remis de la confiance là où l’on en avait perdu », partage l’historien prospectiviste.

Le robot met à l’épreuve notre humanité

Cette question du sens est d’autant plus essentielle que la moitié des métiers que nous exerçons sont effectivement opérables par des machines. « Mais si nos boulots sont remplaçables par des robots, c’est peut-être que nous faisons des jobs de machines », lance Mathieu Baudin. L’historien prospectiviste y voit aussi la possibilité de revenir à ce qui fait de nous des humains, avec la quête du beau ou encore l’empathie et le souci de l’autre. Ainsi, les professions de contact aujourd’hui peu valorisées financièrement, comme celle d’infirmière, seront susceptibles d’être largement reconsidérées à l’avenir.

« Source de destruction d’emplois, les robots vont aussi en créer de nouveaux. Les personnes concernées par ces suppressions de postes pourront être compétentes dans d’autres domaines qui n’existent pas encore aujourd’hui », estime quant à lui Sébastien Franck, Directeur de Computer Futures France.

Le numérique, partout

Nul besoin de boule de cristal pour voir que le digital est désormais partout. « Le numérique traverse notre siècle comme l’imprimerie traversa le Moyen Age pour annoncer les temps Modernes », affirme Mathieu Baudin. La conjonction des événements ne fait qu’accélérer ce processus : 9 milliards d’humains à l’horizon 2050, raréfaction généralisée des matériaux, climat bouleversé, biodiversité en péril… « Il est impossible de continuer à penser que le modèle des trente glorieuses est la norme. Le monde a déjà changé », insiste l’historien du futur. Et le numérique peut apporter certaines solutions à ces grands défis qui nous attendent.

Ainsi, le numérique révolutionne tous les secteurs, avec cependant des domaines particulièrement porteurs. Selon Sébastien Franck, il s’agit du secteur de la banque, finance et de l’assurance, avec l’impact de technologies comme la blockchain qui font monter en puissance les services type banques en ligne qui ambitionnent d’améliorer l’expérience client. « Le secteur du retail, avec des géants tels qu’Amazon, est aussi en train de se transformer », ajoute-t-il. Enfin, le domaine de la E-santé connaît un boom sans précédent. « On peut imaginer que les généralistes feront peut-être leurs consultations à distance en visio-conférence », soutient-t-il.

Des projets tels que la startup H4D proposent effectivement de créer des cabinets connectés pour lutter contre les déserts médiaux. De manière générale, le spécialiste estime que l’intelligence artificielle, la connectivité des objets et la cybersécurité devraient connaître une très belle croissance dans les années à venir. En 2020, on prévoit entre 25 et 100 milliards de devices connectés à internet.

Des métiers à réinventer

En matière de métiers, nos experts voient deux jobs connaître un vrai boom.

Véritables garants d’une vision globale de la stratégie, les product owner ou product manager seront toujours plus de véritables piliers dans les entreprises, d’après Sébastien Franck. « Avec l’explosion du nombre de données, les développeurs avec des compétences en algorythmie, mathématiques et data seront aussi essentiels pour analyser ces données », estime-t-il.

De son côté, Mathieu Baudin imagine deux métiers du futur qui ne manqueront pas de vous étonner. Celui de « croque-mort digital », qui effacera les traces digitales des personnes décédées. Le but étant de ne plus voir s’afficher leurs actualités dans votre agenda numérique. Mais on pourra également voir arriver celui de « coach en curiosité ». « Ce dernier nous aidera à sortir de notre bulle car il ne pensera pas comme nous. Nos timelines Facebook ne nous proposent que des articles ou pages en adéquation avec nos goûts, ce qui ne fait que nous conforter dans nos croyances », explique-t-il.

Et les femmes ?

Encore peu représentées dans le numérique, les femmes sont aujourd’hui de plus en plus « draguées » par le secteur. De manière générale, « il est nécessaire de faire grandir la présence des talents féminins au niveau du management afin d’avoir une plus grande complémentarité des regards dans les boards », soutient Sébastien Franck. Dans les entreprises, cela passerait par la mise en œuvre d’actions concrètes. Par exemple, avant et après les congés maternité, qui sont encore une période de fort turn-over pour l’emploi féminin.

De son côté, Mathieu Baudin explique que deux valeurs féminines, qui fort heureusement peuvent aussi être portées par des hommes, constituent la matrice fondamentale de l’Institut des Futurs souhaitables. « Il s’agit de la bienveillance (relation à l’autre), et de la bien vaillance (courage et audace) », explique-t-il. Deux valeurs qui devraient être au cœur de notre métamorphose selon lui, afin que chacun puisse devenir en conscience « artiste de son destin ».

@Paojdo

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