Tout est parti de son histoire personnelle. « Avec mon mari, pour de multiples raisons, nous voulions un garçon puis une fille. Je me suis donc entourée de médecins qui m’ont concocté un programme alimentaire et aiguillée sur la date des rapports », se souvient-elle. Deux techniques déjà éprouvées par une partie du corps médical à l’image du Dr Shettles aux Etats-Unis (détermination du rapport en fonction de la date d’ovulation pour favoriser le spermatozoïde male ou femelle) ; ou encore l’hôpital Cochin dans les années 70 (préconisations basées sur l’alimentation). Pour Sandra, la combinaison de ces deux méthodes fonctionne : la jeune maman donne naissance à un petit garçon puis une petite fille.
Retrouver du contact humain pendant la phase de préconception
Malgré ce succès, Sandra se souvient avoir ressenti une certaine forme de solitude durant cette période de préconception malgré l’excellence de son accompagnement médical. « Les médecins ne sont pas disponibles pour discuter de toutes nos interrogations en dehors des consultations. Par exemple, on ne peut pas leur téléphoner pour qu’ils nous expliquent comment lire un test d’ovulation. Et puis je n’avais parlé à personne de mon entourage de mon projet. Il me manquait ce côté cocooning », se souvient-elle.
C’est pourquoi la méthode MyBuBelly revendique son aspect « humain » derrière l’application, avec la possibilité de contacter un coach à tout moment (il s’agit de psychologues ou naturopathes formés à la méthode), et la personnalisation du programme en fonction du profil de la cliente (cas des cycles irréguliers par exemple).

Du bouche-à-oreille à la start-up
Mais revenons en arrière, avant que Sandra ne lance MyBuBelly. A l’époque, la jeune maman travaille dans le milieu de l’art et ne songe pas encore à faire de sa combinaison de méthodes un business à part entière. Elle se contente simplement de conseiller ses amis et son entourage. Puis, de fil en aiguille, ses conseils s’ébruitent tant et si bien qu’une jeune femme inconnue l’aborde un jour pour la remercier.
« Elle avait suivi les préceptes de la technique et cela avait fonctionné pour elle. Mon mari m’a alors dit : et pourquoi tu ne le ferais pas pour de vrai », se souvient-elle. Sandra Ifrah se lance alors dans l’aventure en commençant par s’entourer des médecins rencontrés durant son propre parcours médical.
Une méthode qui ne se substitue pas à la médecine
Lancée il y a deux ans, sa méthode rencontre un vrai écho auprès de la presse en 2018 lors de la sortie le 12 juin dernier de son livre Avoir un garçon/avoir une fille, la liberté de choisir avec le nutritionniste Raphaël Gruman qui a concocté les recettes présentes dans l’ouvrage.
« Les gens ont été rassurés de constater que des médecins de renom soutenaient le projet, sans pour autant toucher un centime, je le précise. L’intérêt de la méthode pour les médecins est qu’elle vient en complément et répond à la demande de nombreux couples : il ne s’agit pas d’une technique médicale, mais d’un accompagnement global pour adapter son hygiène de vie, son alimentation, et cibler les bons moments pour avoir un rapport sexuel selon que l’on désire mettre au monde une fille ou un garçon. Il faut aussi souligner que la technique intéresse les couples qui souffrent de troubles de la fertilité », affirme Sandra.
A ce jour, la jeune femme affirme être la seule société au monde à proposer un accompagnement de ce type en période de préconception.
De l’eugénisme ?
Bien entendu, choisir le sexe de son enfant soulève certaines interrogations, et n’échappe pas aux accusations d’eugénisme sur les réseaux sociaux. Une défiance que Sandra Ifrah a immédiatement anticipée en consultant des experts tels que le Pr Nelly Friedman, mais aussi des représentants du monde religieux, régulièrement consultés pour des questions de bioéthique. « Tous m’ont confirmée qu’il n’y avait aucune contre-indication éthique puisqu’il ne s’agit nullement de manipulation génétique étant donné que la technique est 100% naturelle », insiste l’entrepreneure.
Un coaching en deux phases
Ces doutes levés, Sandra Ifrah se concentre sur la commercialisation de sa méthode. Celle-ci se fonde sur une formule d’abonnement mensuel qui se déroule en deux phases avec à la fois le support de l’application (élaborée avec des médecins et contenant des dizaines de fiches conseils, des recettes…), ainsi que des produits spécifiques envoyés dans une box.
La première phase doit être entamée environ trois mois avant le début des tentatives de conception. Durant celle-ci, la future maman adapte son alimentation et prend des compléments alimentaires permettant de modifier son pH urinaire et ses sels minéraux. La composition en sels minéraux de la glaire va effectivement favoriser ou non le passage des spermatozoïdes X ou Y.
Ces trois mois passés, la phase 2 peut débuter. Dans la box, la maman va alors trouver des bandelettes permettant de mesurer son pH urinaire, ainsi que des tests d’ovulation spécifiques à la méthode. Elle dispose aussi de sessions de coaching par téléphone, chat online ou email, et a bien entendu accès à son tableau de bord personnalisé sur l’application MyBuBelly. L’abonnement coûte 149€ par mois et les femmes l’utilisent environ 4 à 6 mois en moyenne. « Ce tarif peut sembler élevé mais il ne s’agit pas juste d’une application qui vous dirait à quelle date vous ovulez. C’est le choix d’une vie », lance l’entrepreneure.
Comblée ou remboursée
Sûre de sa méthode qui affiche un taux de 89% de réussite chez les 100 premières abonnées, Sandra propose une garantie comblée ou remboursée sous réserve d’un bon suivi de la méthode. « Mais je le répète, nous n’avons aucune preuve scientifique pour étayer notre argumentaire. Tout cela est empirique même si nous nous fondons sur des données scientifiques », affirme-t-elle.
A ce jour, les box sont proposées en ligne et dans les pharmacies, cabinets médicaux et hôpitaux. « En avril, nous serons dans 3000 centres médicaux », affirme l’entrepreneure. Forte de son succès dans l’hexagone (environ 100 à 150 nouvelles abonnées chaque mois), Sandra a lancé le 14 février dernier – la jeune maman est très attachée aux dates- une version en anglais et entend attaquer le UK dans la foulée. Pour cela, elle est actuellement à la recherche de partenaires (business angels ou family office) pour soutenir son développement.
« Mon souhait est de grandir tout en conservant un esprit très familial car c’est une valeur à laquelle je suis profondément attachée. Je veux que chacune de nos membres soit traitée comme une amie », souligne-t-elle. C’est pourquoi Sandra se charge elle-même de répondre à certaines clientes afin de ne pas perdre le contact avec sa communauté. « Je travaille parfois jusque tard dans la nuit, mais ce sont des sacrifices à faire lorsque l’on débute une startup. Et je peux compter sur le soutien de ma famille. En revanche, je ne manque jamais l’heure du coucher de mes enfants. Chaque soir, je suis là de 19H à 21H pour passer du temps avec eux », nous confie-t-elle. Malgré les moments de doutes et de craintes, Sandra Ifrah ne renoncerait pour rien au monde à cette formidable « expérience humaine ». Son message aux aspirantes entrepreneures ? « Je crois qu’il faut vraiment foncer quand on croit à son projet dur comme fer, et par dessus tout lorsqu’il fait partie de notre histoire ».
@Paojdo
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