Nos pensées sont omniprésentes
« Est-ce que j’ai bien débranché le fer à repasser, pourquoi mon voisin n’a pas répondu à mon salut ce matin, je suis sûre que ma boss a trouvé ridicule mon intervention à la dernière réunion, je n’aurai jamais le temps de faire les courses ce soir… » Ce flot continu de pensées ne vous est pas étranger ? Au cours de la journée, nos pensées nous assaillent. Il est essentiel de comprendre qu’il n’y a là rien d’anormal : impossible de mettre sur pause notre cerveau qui travaille constamment. Par ailleurs, nos pensées sont souvent répétitives et tournent en boucle dans notre cerveau, répondant finalement à des mécanismes. Sont-elles pour autant toujours productives et représentent-elles la réalité ?
Faut-il se méfier de nos pensées ?
Pour répondre à ces questions, nous avons interrogé deux spécialistes. Catherine Aimelet-Périssol est psychothérapeute, auteure de nombreux ouvrages parmi lesquels, Ma bible des émotions*. Elle nous explique : « Nos pensées sont un reflet partiel de la réalité. Il y a inévitablement une part de subjectivité ». Laurence Roux-Fouillet, sophrologue, auteur de Power Pauses** abonde dans son sens : Elles ne sont pas le reflet de la réalité mais l’interprétation que nous en faisons, avec le prisme de nos croyances et de nos peurs. Or, parce qu’il possède des neurones miroir, notre cerveau ne peut pas toujours faire la différence entre ce qu’il voit et ce qu’il imagine. C’est bien de cela qu’il faut se méfier. Non, nos pensées ne sont pas une réalité mais une projection de notre esprit. Le danger serait donc de les considérer comme des vérités absolues. D’autant plus qu’en se focalisant sur certaines d’entre elles, nous pouvons aggraver des sentiments d’insécurité. Certaines pensées jouent notamment un grand rôle dans les états dépressifs. Parfois, comme l’explique la sophrologue, elles « modifient notre façon de nous comporter, nous empêchant d’avoir accès à toutes nos ressources. On perd alors nos moyens ».
Les vertus de nos pensées
Pourtant, Catherine Aimelet-Périssol se refuse à catégoriser les pensées et à considérer certaines positives et d’autres négatives. « Tous les ressentis même lorsqu’il s’agit de peur, de jalousie ou de colère, ont toujours vocation à nous inviter à porter attention à ce désir d’équilibre qui nous anime ». Pour la psychothérapeute, aucune pensée est inutile puisqu’elle « raconte quelque chose de nous, de nos désirs, de nos angoisses. » Et d’affirmer : « Chaque pensée a un objectif. Cela met en évidence qu’il n’y a donc pas de pensée positive ou négative. »
Comment mieux contrôler ses pensées ?
Certes nos pensées sont toutes porteuses de sens. Mais parfois, nous aimerions, pour plus de sérénité, apprendre à les contrôler. « On ne peut pas s’empêcher de penser mais on peut canaliser le flot des pensées » confirme Laurence Roux-Fouillet. Pour cela, la sophrologue nous conseille une série de petits exercices. « La respiration consciente et lente, a un effet ralentisseur sur le système nerveux autonome. On peut écouter sa respiration, se concentrer uniquement sur le bruit qu’elle fait, pendant une ou deux minutes. On peut répéter un mot de calme ou une phrase mantra personnelle et positive, si possible synchronisée sur le souffle. »
Pour les deux spécialistes, une chose est certaine : mieux contrôler ses pensées ne signifie pas les étouffer, bien au contraire. « La prise de conscience joue à 50% dans l’allègement des pensées » estime Laurence Roux-Fouillet. Et Catherine Aimelet-Périssol de préciser : « Plus nous cherchons à ignorer nos pensées, plus elles vont chercher à s’imposer. En revanche, il faut les regarder pour ce qu’elles sont. » Autrement dit, se demander si elles nous conviennent, ce qu’elles nous indiquent et, si nécessaire, comment les modifier. Car comprendre la nature de nos pensées est encore la meilleure façon de les relativiser.
* Ma bible des émotions, Catherine Aimelet-Périssol, Aurore Aimelet, Éditions Leduc Pratique
** Power Pauses, Laurence Roux-Fouillet, Editions Leduc Pratique
Vanina Denizot