Comment la “Révolution Mindful” peut changer nos vies

Mindfulness
De la Silicon Valley aux plus prestigieuses universités américaines, le programme Mindfulness, fondé sur la méditation de la pleine conscience, est devenu un vrai style de vie. L'objectif ? S'ancrer dans le présent, éveiller nos 5 sens, accepter et ressentir nos émotions sans les juger. Une parade à notre société assaillie par le stress et un trop-plein d'informations.

De LinkedIn à Instagram, de Twitter à Facebook, le programme Mindfulness Based Stress Reduction (MBSR) a depuis longtemps été adopté par les pointures de la Silicon Valley en quête d’un management différent. Le géant Google est même allé plus loin en créant un programme interne, “Search Inside Yourself”, intégrant tous les deux mois des déjeuners silencieux. Créée en 1979 par Jon Kabat-Zinn, ancien étudiant du MIT et professeur émérite de médecine, la Mindfulness – ou méditation de la pleine conscience – avait d’abord pour objectif d’aider les personnes atteintes de douleurs chroniques ou de désordres liés au stress. Mais la méthode a fini par séduire la société tout entière, les livres de Kabat-Zinn devenant carrément des best-sellers.

L’ESC Grenoble a créé une chaire Mindfulness

En France, la Mindfulness est pour l’heure moins connue. Pour autant, l’ESC Grenoble ne s’y est pas trompée en créant une chaire Mindfulness dédiée au bien-être au travail. Depuis Versailles, c’est Holly Niemela qui officie auprès des particuliers et des entreprises. Formée auprès de Jon Kabat-Zinn en 2009, cette Américaine d’origine finlandaise, diplômée de l’université de Northeastern à Boston, pratique depuis plus de 25 ans le yoga et la méditation. Tandis que les particuliers défilent dans son centre, des grands PDG aux infirmiers en passant par des personnes atteintes par le cancer, Holly Niemela propose aussi des formations adaptées aux sociétés et des retraites à Arcachon, en Suisse, en Inde, et bientôt en Islande, pour aider les individus à se reconnecter avec la nature, et par-delà, avec eux-mêmes.

“Ce n’est pas juste un gadget pour les entreprises”

Guide Dev Persot

Compagnies d’assurances, entreprises publiques, cliniques privées, industriels de l’automobile, PME… Holly Niemela a déjà œuvré auprès de dizaines d’entreprises. “Lorsque les sociétés me demandent si ce programme va accroître la performance de leurs employés, je leur dis : non, ce n’est pas un gadget pour que vous gagniez plus d’argent. C’est une manière humaine d’améliorer la façon dont on vit et travaille ensemble. Il y aura un effet positif sur la vie professionnelle et personnelle de leurs employés : souvent moins d’absentéisme, plus de collaboration entre les gens et une meilleure ambiance de travail », explique Holly, avec son délicieux accent.

Si la Mindfulness plaît autant, c’est qu’elle répond aux maux de notre société : le stress, le burn out, la dépression. “Etre mindful, c’est être conscient. C’est diriger notre attention d’abord vers notre corps, car tout passe par lui. Nos souffrances sont souvent liées à notre relation avec le temps, au fait que nous n’acceptons pas de vivre dans l’instant – mais soit dans le futur, soit dans le passé. Alors on n’est jamais connecté avec nous-même ; corps, cœur, mental ensemble », analyse-t-elle.

La méditation de la pleine conscience vise justement à nous faire vivre dans le présent, à éveiller nos 5 sens, à accepter et à ressentir nos émotions sans les juger. Marcher dans la rue en pleine conscience, c’est profiter simplement de cet instant où l’on avance, être attentif aux sensations de chaque pas, voir le monde autour de nous, et quand on est pris par nos pensées, noter la pensée et retourner vers nos pas, l’un après l’autre. Au travail, c’est parvenir à nous concentrer sur une tâche, et ne pas morceler notre attention en voulant être multi-tâches.

Etre bien avec soi-même pour être bien avec les autres

Des études américaines et britanniques ont démontré les nombreux bénéfices de cette pratique. La Mindfulness augmente la conscience de soi et des autres, la résilience et l’intelligence émotionnelle. Elle va aussi améliorer notre capacité cognitive à répondre au lieu de réagir, à développer une vraie écoute, notre aptitude à gérer nos émotions et à diriger notre concentration sur les choses importantes au lieu des urgences. “En France, les gens pensent que ce n’est pas bien de s’occuper de soi-même. Alors que c’est tout le contraire : quand on est bien avec soi-même, on est bien avec les autres », martèle Holly Niemela.

Un style de vie

Si la Mindfulness fait des émules aux Etats-Unis et ailleurs, c’est parce que c’est quelque chose “d’assez simple et non dogmatique », soutient l’instructrice de MBSR. “Je ne sais pas si la société est plus stressée aujourd’hui, en revanche, et c’est positif, nous faisons plus attention à notre bien-être », poursuit Holly Niemela. Et dans notre société ultra-connectée, qui nous bombarde de stimuli et d’informations, notre attention est fragmentée, ce qui nous empêche de vivre dans le présent et d’être efficace dans notre quotidien. Bien plus qu’une technique de travail, la Mindfulness est un style de vie.

La méditation avec la Mindfulness, késako ?

La pratique de la méditation Mindfulness vient du courant bouddhiste. Cependant, elle ne se base pas sur la concentration sur un point, mais s’inscrit dans un “espace ouvert”, nous explique Holly Niemela. On se met assis, sans aucune intention, et l’on vit simplement l’instant tel qu’il se présente. On va être à l’écoute des sensations de notre corps, de notre souffle, et laisser les pensées aller et venir dans notre tête. On est totalement ouvert dans l’instant.

Si des pensées négatives surviennent, on ne les juge pas. On peut appliquer cette technique si l’on est coincé dans un ascenseur par exemple, et que l’on sent l’angoisse monter. Plutôt que de nier ce que l’on ressent, on va tenter de l’accepter. On commence par prendre de grandes inspirations et expirations, et sentir nos deux pieds dans le sol. Reconnaître la crise va la faire diminuer, et la prochaine fois, elle sera encore moins forte car on saura comment gérer ce moment.

Nous sommes toujours dans le jugement, au lieu de nous accepter comme nous sommes. Cela ne veut pas dire que l’on ne va pas s’améliorer, mais on est dans l’instant donc il n’est pas question d’être bien ou pas bien. Il ne faut pas non plus chercher le bonheur à tout prix, ou le bien-être. Quand on médite avec la Mindfulness, au fond, on ne cherche rien. Juste à être content de ce que l’on a dans l’instant », explique-t-elle.

Au préalable, on peut aussi utiliser la technique du balayage corporel. On s’allonge et on va seulement noter les sensations dans notre corps. Notre pied droit, gauche, notre jambe droite, gauche, et ainsi de suite. On apprend à sentir physiquement ce qui se passe dans notre corps. On fait cela 30 minutes, puis l’on peut se mettre assis et tenter la méditation pendant 10 minutes pour commencer. On va pratiquer une sorte de gym du cerveau et atteindre la conscience par moment en faisant un aller-retour entre notre respiration, nos sensations, nos pensées.

Les conseils de Holly Niemela pour améliorer notre quotidien 

Regarder ce qu’il y a dans son assiette avant de commencer à manger. Noter par exemple combien il y a de couleurs dans son plat. “Lors des retraites, nous déjeunons certains jours en silence, lentement, en faisant attention à ce que nous vivons : goût, couleurs, odeurs, etc. Pendant un programme de 8 semaines, une femme a perdu pas moins de 4 kilos parce qu’elle s’est rendu compte qu’elle n’était finalement jamais présente lorsqu’elle mangeait. Elle a enfin ressenti quand elle avait assez mangé, et elle a arrêté son repas », raconte Holly.

Ne pas utiliser son téléphone portable comme alarme car on se retrouve tout de suite harcelé par les mails et les SMS avant d’être totalement sorti du sommeil. Préférer un réveil à l’ancienne.

Profiter d’une randonnée ou d’un concert, et ne pas vivre ça derrière un écran. “Je n’ai rien contre les photos mais vivre l’instant dans les photos de l’instant, je ne suis pas pour. Nos expériences vont faire la somme totale de ce que nous sommes. Il faut prendre la technologie par nous-même, et non pas laisser la technologie nous prendre. Dans l’avenir, j’envisage de proposer des longs week-ends de détox numérique ! », s’amuse Holly.

Marcher en pleine conscience. “Je fais faire ça à mes élèves dans le parc de Versailles. Nous marchons très lentement et allons nulle part ! C’est étrange au début, mais il s’agit de sentir ce qui se passe dans notre corps. On peut ensuite le faire en marchant dans la rue normalement, et on va voir des choses que l’on n’avait jamais vues auparavant. On va emprunter un autre chemin même s’il est plus long, et prendre du plaisir à être simplement en train de marcher. C’est une pratique qui sert surtout à apprendre à ralentir, et à être présent dans son corps. Souvent, les gens remarquent que cela les ancre dans l’instant présent comme c’est en mouvement et non pas statique », explique Holly.

Dans une société qui nous demande d’être au courant de tout, et tout de suite, utiliser son libre-arbitre lorsque l’on nous sollicite alors que l’on ne peut pas donner une réponse qui semble correcte. Dire : “je vous répondrai dans 10 minutes, plus tard ou demain ». “Je félicite mes élèves car ils sont les pionniers en France de cette révolution de la Mindfulness. Je crois que le monde est en train de vivre une période unique, difficile, mais nous avons aussi accès aux pratiques ancestrales comme la méditation – dans toutes ses formes et courants – pour aider notre société à avancer vers un nouveau monde :  notre monde intérieur et notre monde extérieur », conclut Holly.

@Paojdo

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