Yann Borgstedt, fondateur de The Womanity Foundation

Womanity

Entrepreneur d’origine suisse, Yann Borgstedt a fondé en 2005 une fondation pour l’empowerment des femmes dans le monde, The Womanity Foundation, convaincu que le changement passera par elles. Rencontre avec un homme engagé.

Vous avez crée La foundation Womanity en 2005, elle a pour ambition l’empowerment des jeunes filles et des femmes dans le monde.

Comment est né ce projet ? Et pourquoi cette volonté de soutenir les femmes en particulier ? 

J’ai eu beaucoup de chance dans ma vie, je suis né dans un pays stable, j’ai reçu une bonne éducation, j’ai vendu une première société avant mes 30 ans. Quand la vie vous donne tant, cela vient avec le devoir de contribuer à un monde plus juste. Je suis une personne très sensible et les injustices me touchent beaucoup. Le premier programme de Womanity avait pour objectif la réinsertion de petites bonnes au Maroc ; en les arrachant du travail forcé et en leur permettant de revenir dans leur famille et de reprendre leur scolarité.

Mini Guide Entrepreneuriat

Depuis, j’ai décidé de gérer la fondation comme une entreprise, il faut se fixer des objectifs et mon objectif est de contribuer à créer un monde où les filles et femmes ont les mêmes opportunités que les hommes.

Womanity a investi depuis ses origines sur des projets de terrain en lien avec l’éducation des petites filles au Maroc puis en Afghanistan.

Aujourd’hui le focus est de soutenir les “social entrepreneurs” avec le programme Woman Change Makers, pourquoi ce tournant ? 

J’ai commencé à travailler avec Ashoka il y plus de 12 ans, ainsi il y a 10 ans ce fut une évolution logique de développer un programme d’accompagnement d’entrepreneurs ayant des projets innovants pour améliorer la condition des femmes. La mission de Womanity reste la même : la sécurité et le bien-être des filles et femmes, leur éducation et le perfectionnement de leurs aptitudes, leur voix dans la société et leur autonomie économique. Quand les femmes prospèrent, le monde entier en bénéficie.

Womanity fait aussi un travail en Palestine et  en Israël avec l’empowerment des femmes dans ces regions en guerre.

Quel est votre retour d’experience ?

Et avez-vous rencontré des freins institutionnels, politiques, religieux ? J’adore aller dans cette région car je rencontre des gens incroyables. Notre vision de l’égalité homme-femme n’est pas appréciée par tout le monde que ce soit des deux cotés. Les ultra religieux ont tendance à avoir une vision du rôle de la femme qui n’est pas en adéquation avec ce que nous faisons.

Les violences faites aux femmes et le harcèlement sexuel sont un sujet mondial mis en lumière par l’affaire Weinstein et le mouvement #MeeToo. Vous avez crée un prix en 2014 sur ces sujets, Womanity award for the prevention of violence against women.

Quelle est son ambition ? Et quels ont été les projets que la fondation a soutenus ?

Je trouve qu’en philanthropie, il faut éviter de vouloir réinventer la roue à tout prix. En réalité, trop de fondations font la même chose sans amener de réelle valeur ajoutée. Le Womanity Award a pour but d’identifier et de soutenir des modèles innovants qui aident à prévenir la violence subie par les femmes à travers le monde. Nous avons travaillé sur la conception de ce prix pendant 8 mois avec Accenture Development Partner pour être certain de contribuer à cette cause en le créant. Ce prix est décerné tous les deux ans à deux ONG qui travaillent ensemble pour répliquer une solution innovante d’un pays/région à un autre. Nous les accompagnons pendant trois ans sur la réplication.

Faire évoluer les représentations de la femme dans le monde passe aussi par la manière dont les media les représentent, c’est votre nouveau projet notamment au Moyen-Orient.

Pouvez-vous nous en parler et par ailleurs, n’avez vous pas peur de vous heurter aux conservatismes et à la censure dans les pays dans lesquels vous allez opérer ? 

Nous travaillons depuis 9 ans sur l’utilisation des médias au Moyen-Orient pour changer la perception de la femme dans la société. Nous parlons de sociétés patriarcales où il faut souvent faire évoluer le regard de l’homme sur la femme. Nous avons lancé Radio Nisaa, la première radio pour femmes au Moyen-Orient. Depuis nous travaillons sur la création de dessins animés qui challengent les stéréotypes de genre, Ils sont diffusés sur des plateformes comme Youtube et Facebook. Notre dernier projet est la création d’une société de production de séries en partenariat avec Ben Silverman (Ex président d’Universal). Nous allons annoncer la première série à la fin de l’année.

Comment se finance la fondation au quotidien, vous avez des donateurs privés, des entreprises qui vous aident sur des projets ponctuels ? 

Je couvre tous les frais administratifs. Nous avons également des partenariats avec de grandes entreprises pour développer chacun de nos programmes.

Sommes-nous à un tournant de notre histoire ? Autrement dit, le changement sociétal viendra t-il des femmes ? 

Je pense que le changement viendra de nous tous. Je suis pour l’humanisme qui permet à tout le monde d’avoir les mêmes opportunités.

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