Tikaway : Des lunettes pour filmer le monde en live

Tikaway

Lancée par Carole Bollard et Brice Agnès, la start-up Tikaway propose des lunettes connectées permettant de filmer et retransmettre en live. L’objet a déjà séduit l’enseigne Boulanger et sera présenté à l’Atelier Renault à l’occasion du Noël de la french tech.

Quelle solution proposez-vous avec Tikaway ?

TikawayCarole Bollard : Nous avons créé des lunettes dotées d’une caméra embarquée pour filmer avec les mains libres. Elles sont connectées à une application mobile qui permet de partager sa vision en live à n’importe qui, partout dans le monde.

Comment vous est venue l’idée de ces lunettes ?

Carole Bollard : Nous avons d’abord pensé le produit pour les particuliers. L’idée m’est venue lors d’un voyage au Brésil durant lequel je filmais tout le temps derrière mon smartphone. Mon amie brésilienne, qui était moins connectée que moi, m’a dit « vous les européens vous ne vivez jamais le moment présent, vous êtes toujours derrière votre téléphone ». Le soir, j’ai téléphoné à mon associé, Brice Agnès, qui est un vrai geek pour lui demander de me créer une paire de lunettes avec une caméra.

Mini Guide Entrepreneuriat

A la base, je scotchais simplement les composants électroniques sur les lunettes. L’objet a d’abord rencontré un franc succès dans notre entourage, puis un investisseur a posé 100 000€ sur la table avant même que l’on ait démarré la société. C’est mon associé qui a ensuite insisté sur l’importance de connecter les lunettes à une appli pour transmettre les images en live. Nous avons commencé à faire des prototypes et à parcourir les salons, d’abord en B to C. Le produit a beaucoup plu : nous avons vendu 200 paires en précommande.

Puis nous avons fait des salons professionnels, et là la demande B to B nous a semblé énorme. Les gens nous disaient que les lunettes connectées étaient souvent très compliquées à utiliser, et que notre solution était très simple. L’objet permet aux professionnels de ne pas toujours se déplacer sur place, comme pour visiter un chantier par exemple. Il peut aussi être utilisé par un professeur en médecine qui souhaite retransmettre une opération en live à ses étudiants. Les journalistes du Parisien l’utilisent déjà pour leurs interviews !

Pour autant, vous n’avez pas voulu abandonner le marché B to C ?

Carole Bollard : Non, car il nous tenait à cœur et que nous pensons qu’il y a une vraie demande aussi. C’est pour cela que nous avons également développé une solution pour transmettre en live sur Daily Motion ou Youtube qui est gratuite. Mais il y a 30 secondes de latence. Pour le B to B, nous avons notre propre système de live qui fonctionne sans latence et avec un forfait de 55€/mois par paire de lunettes. Etant donné que nous sommes persuadés qu’un professionnel est aussi un particulier, nous avons tout regroupé sous la même appli. Et nous allons bientôt développer un système où les particuliers pourront acheter du live sans latence par minutes.

Tikaway a beaucoup de concurrents sur le marché ?

Carole Bollard : Il y a d’autres lunettes connectées sur le marché. Certaines coûtent 60€ et sont plutôt des gadgets qui n’ont qu’une autonomie de 15 minutes et ne proposent pas de live. Il y a aussi les lunettes Spectacle de Snapchat qui ont un design magnifique et une superbe qualité d’image mais qui n’ont elles-aussi que 15 minutes d’autonomie et avec lesquelles on ne peut faire que des vidéos de 10 secondes, et uniquement sur Snapchat. Ensuite, il y a des solutions en B to B avec de la réalité augmentée, des écrans 3D…

Ces lunettes sont très haut de gamme mais elles coûtent de ce fait beaucoup plus cher et demandent une formation préalable.  Les lunettes Tikaway sont vendues 299€ et peuvent être utilisées par un enfant de 5 ans. Elles sont légères et peuvent être portées toute la journée et offrent un angle à 110°. Elles possèdent 2H d’autonomie et peuvent être utilisées en live pendant 1H30 sachant qu’elles disposent d’une batterie portative. Enfin, leur capacité de stockage est de 16 gigas.

Vous avez toujours eu ce goût pour l’entrepreneuriat ?

Carole Bollard : Effectivement, pendant mes études à l’EFAP, au lieu de faire des stages, j’ai monté plein de concepts, imaginé de très nombreux business plan. J’ai notamment vendu un concept de journal de jeux gratuits qui m’a permis d’avoir quelques fonds pour Tikaway. Mon associé Brice, qui n’était autre que mon mari, est de son côté un ingénieur autodidacte. Il a tout appris sur le tas en allant notamment se former chez Parrot en Chine. Depuis peu, nous avons aussi un troisième associé, Daniel Fages, notre CTO. C’est un développeur connu qui a vendu une solution à Airbus. Nous sommes heureux de l’avoir au board !

Vous n’avez pas eu de mal à lever des fonds ?

Carole Bollard : Nous avons d’abord levé 280 000€ en 3 fois auprès de Business Angels. Puis nous avons gagné de nombreux concours. La BPI et les banques nous ont suivis. En tout, nous avons levé 600 000€, et prévoyons une nouvelle levée avec un fonds d’investissement d’1 million pour préparer notre V2, faire davantage de marketing, et embaucher.

Quels conseils auriez-vous aimé recevoir au lancement de Tikaway ?

Carole Bollard : Le conseil que j’ai envie de donner et que je n’ai pas écouté, c’est qu’il faut multiplier par 5 les dépenses que l’on prévoit quand on fait son Business Plan ! Ensuite, il ne faut pas se poser trop de questions et tout donner. Bien sûr, il faut savoir que l’on va faire des concessions financières et sur sa vie privée.

Mais il n’y a pas un matin où l’on se lève sans être surmotivés par ce que l’on fait. Notre équipe est absolument géniale, et on apprend tout le temps. Sans les connaître parfaitement, il faut s’initier à tous les métiers pour pouvoir manager.

Mon conseil donc c’est de foncer : c’est comme quand on a peur de quelque chose, une fois qu’on y est, on apprend à gérer ses craintes.  Et enfin, je dirais qu’il faut toujours faire preuve de créativité pour ne pas faire comme les autres.

Quelles ont été les plus grosses embûches sur votre chemin ?

Carole Bollard : C’est que l’on est prévenu de rien. Avant de monter Tikaway, nous sommes partis à l’aveugle et tant mieux sinon nous ne nous serions pas lancés ! Nous n’avons pas anticipé la difficulté. Il n’est pas aisé de surmonter les épreuves sans avoir d’expérience. J’aurais aimé que l’on nous donne plus de conseils réels. Plein de gens nous disent « monte ta boîte », mais à aucun moment on ne s’imagine ce que c’est qu’être entrepreneur au quotidien, tous les problèmes qu’il faudra gérer.

Ce n’est pas simplement lever des fonds et faire travailler des gens pour soi ! Par exemple, si l’on monte une boutique, il va falloir être vendeur(se) pendant plusieurs années. Et ça, beaucoup de gens l’oublient. Il faut savoir où l’on veut être dans 3, 5 ans. Une entreprise, ce n’est pas qu’une idée : il faut la porter à bout de bras !

@Paojdo

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