Santo Politi, co-fondateur de Spark Capital : son regard sur l’écosystème tech en Europe

Santo Politi Spark Capital

Twitter, Tumblr, Slack, Foursquare…telles sont quelques unes des 100 Start-ups financées par Spark Capital, un fonds d’investissement qui figure dans le Top 10 des VC mondiaux. Santo Politi, son co-fondateur nous a livré sa vision de l’écosytème européen et de ses potentialités dans un marché de plus en plus mondial. Passionnant !

L’écosystème français a beaucoup évolué ces cinq dernières années, quel est votre regard sur l’investissement en Europe et comment est-il différent des Etats-Unis? 

Santo Politi : Il y a un écosystème Tech très actif en Grande Bretagne et le reste de l’Europe est en train de rattraper cela. Berlin est le nouveau “hot spot” pour les start-ups. Quant aux lois sur le travail, elles ne sont pas encore parfaites sur le continent mais il y a certains domaines comme la Finance où l’environnement réglementaire est beaucoup plus adéquat en Europe pour nourrir l’innovation.

Il y a des start-ups de niveau mondial en Europe mais ce qui est plus important c’est d’avoir la possibilité de construire des entreprises de technologies locales dans chaque pays, dans des secteurs comme les services financiers. C’est très excitant ! Nous avons un fonds d’amorçage et un fonds de croissance et avons déjà des investissements en Europe, notamment dans les stades de croissance et je pense qu’il y a de grandes opportunités pour notre fonds en Europe.

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Spark capital faisait partie des VC invités à découvrir l’écosystème français en Octobre 2015, Quelles ont été vos impressions? 

Santo Politi : Mon partenaire Bijan Sabet faisait partie de la délégation de VC américains qui ont rencontré des entrepreneurs et des représentants du gouvernement. Il semble y avoir un fort engagement en faveur de l’entreprenariat et le désir d’investir fortement dans l’écosystème local. La France compte parmi les meilleures écoles d’ingénieurs au monde et a déjà d’excellentes entreprises tech. Avec plus de focus de la part du gouvernement et d’investissements, je ne vois pas pourquoi il n’y aurait pas un écosystème dynamique et grandissant.

Les VC sont de plus en plus challengés  par les plateformes de crowdfunding, quel impact cela a t-il sur la communauté des VC et sur votre business model ? 

Santo Politi : Le plus grand changement de ces 10 dernières années, c’est le nombre de nouvelles entreprises qui se sont lancées. Il y a toujours eu des business angels mais avec tous les excellents exits, le nombre de business angels a été exponentiel. Le crowdfunding est un moyen d’organiser ces nombreux investisseurs et cela permet aussi à de nouveaux investisseurs qui n’ont pas le réseau ou les connaissances pour investir dans la Tech de rentrer aussi dans le jeu-ce qui met de l’huile sur le feu et permet à plus de start-ups d’être financées.

Toutes ces entreprises financées par le crowdfunding et les business angels pourront avoir besoin, si elles grandissent rapidement, de plus de capital et d’investisseurs professionnels. Notre travail est plus difficile donc du fait du plus grand nombre de sociétés et du plus grand nombre de start-ups dans chaque categorie. Nous avons donc du repenser la façon de faire notre travail et nos investissements afin d’être plus effectif.

En tant que VC américain, quels sont pour vous les domaines dans lesquels vous seriez le plus intéressés à investir en Europe ?

Santo Politi : Nous sommes toujours à la recherche de start-ups qui pourraient créer de nouvelles catégories ou être disruptives et transformer de larges catégories existantes. Le talent est largement distribué et grâce à la technologie la prochaine grande idée peut venir de n’importe où. Donc ce que nous recherchons en Europe ne serait pas différent.

Dans ce pool disruptif, il existe de nombreuses catégories comme l’immobilier, les services financiers, l’industrie du voyage, les services locaux. Le marché local est assez grand pour générer un retour sur investissement et le gagnant a plus de chance d’être une entreprise locale qui adapte son business aux spécificités du marché local qu’un acteur mondial. L’acteur local peut généralement repliquer le succès en utilisant des recettes connues et ce type de start-ups ont un grand intérêt pour nous.

Qu’est ce qui est “hot” en ce moment chez les VC et qu’est ce qui sera la prochaine “big thing” dans les années qui viennent? 

Santo Politi : Je ne suis pas sûr de savoir ce qui sera “hot” mais je peux vous donner une tendance générale  à laquelle je crois. Les 10 dernières années ont été le plus souvent autour de l’innovation business et des process.  C’étaient des entreprises qui créaient des catégories nouvelles autour des interactions entre individus grâce à d’énormes réseaux. Je pense que dans les trentes prochaines années, il y aura un tournant vers la technologie fondamentale. Cela se fera aussi autour du pouvoir de l’informatique et de sa capacité à comprendre la data et à l’utiliser de manière innovante pour aborder des problèmes de grande ampleur.

Les femmes sont encore sous-représentées dans le monde des VC, comment pensez-vous que cela peut changer. Selon une étude du Babson College, entre 2011 et 2013, seul 3% des entreprises fondées par des femmes ont reçu du financement. Est ce que cela change et comment ? 

Santo Politi : Malheureusement, les chiffres sont très négatifs dans le monde des VC, des fondateurs de start-ups et le top management, beaucoup plus que dans d’autres industries. Tout d’abord, il y a une prise de conscience forte et de l’avis général, cette situation n’est pas acceptable. Il y a de nombreuses et très talentueuses top managers femmes, des Capital Risqueurs femmes, des fondatrices qui ont fait leur marques dans l’écosystème start-up grâce à leur travail et leur succès. Elles ont changé les perceptions potentiellement négatives que certains pouvaient avoir. Et enfin, revenons à de l’économie basique-l’offre et la demande-est un puissant catalyseur. Il ne cesse d’y avoir des positions disponibles dans les start-ups et pas assez de personnes qualifiées pour remplir ces jobs. C’est plus difficile de discriminer quand il y a pénurie. J’espère que ces changements rapides continueront et que cela cessera d’être un problème.

Véronique Forge

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