Marine Couteau, co-fondatrice de Leka, un robot pour les enfants autistes

A seulement 25 ans, Marine Couteau est la co-fondatrice de Leka, une start-up qui développe un petit robot destiné à interagir avec les enfants autistes.

Pouvez-vous présenter votre petit robot Leka ?

Marine Couteau : En suédois, Leka signifie jouer et se soigner. Notre robot est destiné aux enfants autistes. Il peut émettre des sons, des vibrations, de la lumière, se déplacer et afficher des émotions sur son écran. Nous utilisons toutes ces stimulations pour créer des applications. Il s’agit de petits jeux qui permettent par exemple de travailler la motricité ou la fonction mentale. Ce robot est interactif, et possède des capteurs qui lui permettent de réagir de façon différente en fonction de ce que font les enfants. C’est ce qui permet de les garder motivés et engagés.

Pourquoi avoir décidé de proposer un produit dédié aux enfants autistes ?

Marine Couteau : Ladislas de Toldi (co-fondateur, ndlr) et moi-même avons été sensibilisés au handicap, mais ce n’était pas forcément un sujet sur lequel nous voulions travailler. J’ai un petit cousin trisomique et de nombreuses personnes de ma famille travaillent comme éducateur spécialisé, ergothérapeute ou encore instit. C’est au sein de notre école de Biologie Industrielle qu’un professeur, père d’un autiste, nous a demandés de réfléchir à un jeu pour son enfant. Comme Ladislas était passionné de jeux électroniques, nous avons pensé à ce projet. Dès le début, nous sommes allés tester le projet dans des centres spécialisés et auprès d’associations, et nous avons remarqué que le projet plaisait. Nous l’avons ensuite développé dans un cours dédié au marketing et à la création d’entreprise. C’est là que nous avons réalisé un premier prototype.

Mini Guide Entrepreneuriat

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 Les enfants autistes ont souvent du mal à développer leur intelligence émotionnelle et relationnelle. Est-ce que paradoxalement, le robot peut les aider à se tourner davantage vers les autres ?

Marine Couteau : Leka est un outil pour les professionnels : il ne remplace pas une thérapie, mais est un médiateur entre l’éducateur et l’enfant. Le robot diffuse moins d’informations qu’un être humain, et l’aspect sensoriel et interactif est contrôlé. Il est donc plus stable et plus facile à comprendre. Le professionnel peut développer un programme adapté à chacun des enfants.

Quelles ont été les différentes étapes du projet ? Quand avez-vous levé des fonds ? Et à quel stade de développement en êtes-vous aujourd’hui ?

Marine Couteau : La société a été créée juridiquement en novembre 2014, mais nous travaillions déjà sur le projet. Notre première rentrée d’argent est arrivée en 2015 grâce à un prêt à taux zéro à travers un pôle scientifique. Nous avons gagné des concours, puis nous sommes entrés dans un incubateur et avons pu débloquer un prêt innovation. En juin 2016, nous avons levé 500 000€ auprès de Business Angels.

Cela nous a permis d’embaucher et de nous payer ! Nous sommes 10. Nous accentuons davantage le développement technologique. Nous avons également lancé une campagne de crowfunding et avons enregistré 350 pré-commandes. Même si Leka est davantage destiné aux professionnels, ce sont beaucoup de parents qui l’ont précommandé (le prix en précommande est de 490€ sur Indiegogo). Mais le robot doit être utilisé dans un cadre particulier, c’est pourquoi nous voulons développer une plateforme professionnelle qui donnerait des recommandations d’utilisation dans le cadre familial. Aujourd’hui, nous avons un prototype pré-industriel et espérons pouvoir livrer en novembre 2017.

Pouvez-vous déjà mesurer les résultats du robot ?

Marine Couteau : Nous n’avons pas encore de résultats quantitatifs mais des retours qualitatifs de professionnels ou d’études que nous avons réalisées en interne. Les professionnels sont vraiment intéressés par la paramétrabilité de l’outil. Et puis ces derniers sont assez épuisés car ils ne sont pas très nombreux en France et surtout beaucoup moins bien équipés que dans d’autres pays comme les Etats-Unis. L’arrivée d’un nouvel outil de travail est donc bien perçue. Nous sommes actuellement dans une nouvelle phase de béta-test.

Vous étiez récemment au salon de Las Vegas, comment avez-vous vécu cette expérience ?

Marine Couteau : Nous faisions partie de la délégation Business France, ce qui nous a offert un package avantageux pour avoir un stand. Nous avons participé à un programme d’accélération, et nous avons pu échanger avec des partenaires dans le domaine de la tech et de l’éducation, et nouer des contacts industriels intéressants. Nous avons aussi bénéficié d’une belle couverture médiatique dans les journaux américains.

Existe-t-il d’autres produits de ce genre à l’étranger ?

Marine Couteau : Aux Etats-Unis, des universités travaillent sur la thématique de la robotique et de l’autisme, mais plutôt via des robots humanoïdes. Il existe aussi de nombreuses applis sur les tablettes.

Quelles sont vos perspectives de développement dans un futur proche ?

Marine Couteau : Déjà, sortir le premier robot. Ensuite, nous voulons développer la partie applis et jeux que représente la vraie valeur ajoutée du produit.

@Paojdo

 

 

 

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