Marie-Claire Capobianco engagée en faveur de l’entrepreneuriat féminin

Marie-Claire Capobianco

Marie-Claire Capobianco, membre du Comité Exécutif du groupe BNP Paribas et Directrice des Réseaux France a un parcours exceptionnel. Très engagée sur les questions d’entrepreneuriat féminin, elle est cette année membre du jury des Business O Féminin awards. Elle nous livre ses réflexions sur le développement de l’entrepreneuriat chez les femmes et pourquoi BNP Paribas soutient la seconde édition de ce prix dédié aux femmes entrepreneures qui visent l’international.

Interview de Marie-Claire Capobianco

Vous êtes engagée depuis de nombreuses années sur les sujets d’entrepreneuriat féminin au sein de BNP Paribas et avez publié en 2014 avec Martine Liautaud un livre : Entrepreneuriat féminin: mode d’emploi (ed Eyrolles), pourquoi est-ce un sujet clé pour vous ?

 Les femmes sont encore minoritaires dans le monde entrepreneurial. En gros, nous pouvons retenir 2 grands chiffres pour caractériser leur présence: 30 et 10%. Elles sont autour de 30 % à être entrepreneurs et 10% seulement à diriger des entreprises de plus de 10 salariés. Les chiffres sont malheureusement assez comparables au niveau des créations d’’entreprise dans certains secteurs. Il est donc clair que, malgré une prise de conscience grandissante et la mobilisation de nombreux acteurs, la part des femmes dans l’entrepreneuriat reste encore bien en dessous de son potentiel dans l’économie nationale. C’est une question d’équilibre mais c’est encore davantage une question de capacité de croissance. En tant que Banquière et en tant que Femme, j’ai donc une double motivation à vouloir accompagner l’entrepreneuriat féminin. 

Les femmes entreprennent de plus en plus (30%) mais voient moins grand que les hommes et sont pour beaucoup auto-entrepreneures, comment lutter contre ces freins ?

Dans leur majorité, les femmes « voient moins grand » pour 3 grandes raisons: Elles n’ont pas la même conception des réseaux professionnels et en tirent moins de développement business. Elles recherchent une totale maîtrise de leur activité, ce qui les conduit à ne pas assez déléguer et donc à rester dans l’opérationnel sans prendre suffisamment de hauteur stratégique. Enfin, leur relation au financement est également plus conservatrice ce qui les amène à limiter leur capacités de fonds propres et donc de croissance.

Mini Guide Entrepreneuriat

Pour les aider à aller résolument plus loin et plus vite, il faut leur apporter les moyens d’avoir confiance et d’oser. Cela passe par un accompagnement inclusif qui leur permette de rencontrer d’autres dirigeantes, d’autres partenaires, d’être plus visibles et de bénéficier du niveau de conseil adapté. Ce sont les axes de progrès que j’ai retenus lors de la signature, au nom de BNP Paribas, avec Marlène Schiappa, de la convention en faveur de l’entrepreneuriat féminin.

Marie-Claire Capobianco, le secteur de la Tech est particulièrement touché par ce phénomène car elles ne sont que 8% d’entrepreneures dans ce domaine, comment inverser la tendance ?

Il est vrai que les femmes sont particulièrement sous représentées dans ce secteur. Il faut y voir les mêmes causes que celles que je décrivais précédemment plus, sans doute, un biais culturel plus fort sur l’idée que les femmes seraient moins capables que les hommes d’aller dans un univers plus « technique » que le Service par exemple.  Evidemment, il n’en est rien! Pour lutter contre cela, il faut donc utiliser les remèdes de l’accompagnement, de l’exemple…et faciliter l’accès au financement via la préparation aux levées de fonds. Dans ce domaine à nouveau, la barre des 10% joue à plein: avec 130 M€ levés en 2016, les start-ups de la Tech dirigées par des femmes représentaient 13% des capitaux mais 7% des nombres.

BNP Paribas est cette année sponsor de la seconde édition du Business O Féminin Award et du Young Business O Féminin award qui récompensera une porteuse de projet entre 12 et 25 ans, pourquoi avez vous décidé de soutenir ces prix ? 

Ces prix valorisent l’ouverture internationale des activités conduites par des femmes. En cela, ils mettent l’accent sur un des deux piliers de la croissance d’une entreprise, le deuxième étant l’innovation. Il me parait donc intéressant d’intégrer ce partenariat dans l’écosystème que nous construisons au service de l’entrepreneuriat féminin.  Nous savons, en effet, que si les femmes sont moins présentes que leur homologues hommes dans l’expansion hors des frontières, elles y rencontrent ensuite davantage de succès, à raison d’un delta de l’ordre de 5% entre présence et réussite. Afficher des lauréates, raconter leur histoire pour donner envie à beaucoup d’autres de suivre leur exemple et de franchir le pas me semble donc utile.

Vous avez lancé il y a quelques mois Connecthers, quelle est l’ambition de ce programme ?

#ConnectHers est le label de l’ensemble des actions d’accompagnement des femmes entrepreneurs menées par BNP Paribas. Nous nous sommes donnés pour mission de connecter les femmes aux bons interlocuteurs chez nous et avons créé à cet effet une communauté de 100 chargés d’affaire référents de l’entrepreneuriat féminin. Nous avons également souhaité les mettre  en relation avec les bons partenaires au bon moment du cycle, c’est toute l’ambition de la somme des partenariats noués avec les réseaux et associations utiles à chaque étape (cités dans le guide co-écrit avec Martine Liautaud).

Pour leur donner le maximum d’informations utiles, nous leur consacrons des ateliers spécifiques sur des sujets tels que la cybersécurité, les contrats internationaux, le financement en fonds propres…Et nous leur permettons de se rencontrer, de réseauter, de prendre exemple en organisant des évènements où elles se retrouvent.

Ces actions ont toutes le même objectif « donner envie et confiance aux femmes pour se lancer et grandir sans s’autolimiter »

Votre avez un parcours remarquable d’intrapreneure, quel a été votre motto depuis vos débuts ? 

J’ai découvert très tôt la relation client, qui m’a enthousiasmée. Et j’ai eu ensuite un deuxième déclic, celui de la rencontre avec les chefs d’entreprise. Depuis lors je n’ai jamais cessé de vouloir travailler pour eux et comme eux, avec la même volonté et le même esprit pionnier et combatif.

Etre entrepreneur, c’est se lever chaque matin en étant prêt à affronter le monde et être heureux de le faire. C’est avoir des convictions, tirer parti de ses erreurs, mettre la finalité avant la difficulté du chemin…être intrapreneur, c’est exactement la même énergie, la même détermination mais au sein d’une entreprise qui ne vous appartient pas. Cela ne fait pas de différence. Il faut savoir prendre des risques, convaincre, être pertinent, emporter l’adhésion des équipes. Au total, être intrapreneur, c’est une question d’état d’esprit, de travail et d’audace, encore et toujours. 

Veronique Forge

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