Le prix David avec Goliath lancé par Raise récompense des projets menés entre start-ups et grands groupes: Coup de projecteur avec le duo Chanel/ Euveka qui démontre comment la mode et le high tech peuvent travailler en symbiose.
Vous avez développé ensemble Euveka et Chanel, des mannequins robots connectés, quel est l’objectif de ce projet à terme ?
Chanel : Nous avons été séduits par le premier mannequin « intelligent », évolutif et connecté et par le champ des possibles qu’il ouvrait en mettant la technologie au service du Savoir-Faire Couture et de l’expérience Client. L’objectif de notre partenariat est d’apporter une innovation au service de l’expertise technique et du geste traditionnel sur l’ensemble de la chaîne de valeur de la couture, des ateliers, au contrôle qualité en passant par les Bureaux d’Etudes. Plus concrètement de gagner encore en fiabilité, en précision, en qualité de service mais aussi de faire évoluer nos manières de travailler et les techniques qui n’ont pas bougées depuis l’invention du Stockman par Monsieur Stockman en 1867.
Euveka :
Notre collaboration nous a permis de partir d’un produit standard à un produit 100% dédié aux besoins de la Maison CHANEL (des écrans de logiciels offrant un parcours technologique adapté aux méthodes de travail des utilisatrices et des modifications de forme de notre mannequin-robot afin d’être au plus près de la morphologie de la « Femme Chanel »).
L’objectif à terme est d’intégrer une solution répondant à tous les maillons de la chaîne composant la Maison Chanel afin d’offrir un outil de travail commun et transverse.
Euveka est une start-up, Chanel un grand groupe mondial, comment avez-vous travaillé ensemble?
Chanel : Notre aventure commune a débuté au salon Avantex en février 2017 à la suite duquel nous avons invité Euveka à présenter son prototype dans notre showroom parisien auprès des équipes des ateliers Haute Couture, Prêt-à-Porter et du Bureau d’Etude. Ce qui devait être une présentation s’est révélé un véritable échange autour du savoir-faire traditionnel et de la technologie. Ce dialogue s’est rapidement transformé en co-construction, nous permettant de faire évoluer le prototype et d’honorer notre premier contrat par la livraison de 7 mannequins pour les ateliers Haute Couture et le bureau d’Etude.
Nous travaillons main dans la main aujourd’hui autour de réunions régulières rassemblant le Bureau d’Etudes et les Ateliers de Haute Couture, des revues hebdomadaires avec les équipes d’Euveka et la mise en place de comités de pilotage pour suivre l’amélioration continue du mannequin et les orientations stratégiques de notre partenariat. Les équipes d’Euveka viennent régulièrement à Paris, nous nous sommes rendus sur place également pour mieux comprendre le quotidien des équipes, l’organisation de la société, les enjeux de production.
Euveka : nous avons tout mis en œuvre pour agir comme une grande entreprise mais avec les moyens d’une start-up. Monter le niveau pour répondre aux critères d’excellence de Maisons comme la Maison Chanel était pour nous une étape fondamentale à franchir pour espérer pouvoir collaborer avec la perfection.
Nous avons aussi un immense respect pour leur travail, la conservation de méthodes d’artisanat et d’art. Nous avons et continuons à travailler ensemble au travers de revues hebdomadaires des états d’avancement afin de répondre au plus près des attentes de la Maison Chanel et conserver un maximum leur méthode de travail pour que l’introduction de notre technologie se fasse en douceur et par étape.
Nous partageons de nombreuses valeurs. Nous sommes tous deux des passionnés de savoir-faire (de Mode et Luxe pour l’un et de Technologie pour l’autre) et avons une appréhension commune de la création, de projet à long terme et de processus de développement long.
Qu’avez-vous appris l’un de l’autre ? Y a-t-il eu des freins ?
Chanel : Nous apprenons tous les jours, en marchant ensemble! Le véritable enjeu est de structurer une démarche d’innovation technologique au sein de métiers d’expertise traditionnelle. Il faut un temps incompressible d’appropriation pour faire évoluer les habitudes et adopter de nouvelles manières de travailler. Il s’agit aussi d’apprendre l’un de l’autre sur les contraintes et enjeux réciproques. La confiance et la transparence sont clefs.
Euveka : nous avons bien évidemment appris énormément auprès de la maison Chanel. En commençant par le respect et l’amour des choses bien faites. L’humilité face à toute situation qu’elle soit. Nous avons aussi pu acquérir le retour sur expérience des premières utilisations de notre solution auprès des plus grandes professionnelles du monde. Cette collaboration nous a donc aidé, et nous aide encore, à toujours perfectionner notre solution afin de répondre aux plus hautes exigences-métier.
Euveka, quel est l’apport d’un grand groupe comme Chanel pour votre développement futur ?
Euveka : l’apport d’un grand groupe comme Chanel nous aura permis d’établir des processus au sein de nos systèmes et de nous préparer au mieux à notre déploiement au sein des autres Maisons. La bienveillance étant le maître mot de cette collaboration, nous avons à cœur de souligner la qualité de nos échanges avec la Maison Chanel ainsi que l’opportunité offerte de grandir à leur côté.
Chanel, quel est l’intérêt pour vous de travailler avec une start-up comme Euveka ?
Aujourd’hui, le véritable impact de notre alliance consiste à pousser l’excellence du « bien aller » du vêtement encore plus loin, de rassembler la famille Couture lors d’échanges réguliers autour du mannequin et de partager ses pratiques. Enfin elle engage nos équipes dans une démarche de « Test & Learn », stimulante et didactique. C’est aussi une bonne manière d’être encore mieux connecté à un éco système de “Fashion Tech” et de faire vivre au quotidien les valeurs d’audace et d’avant-garde au cœur de notre ADN.
La Maison Chanel a eu l’« audace » d’être le premier client à faire confiance à Euveka et a la ferme intention de conserver cet esprit pionnier et de continuer à projeter ses métiers phares dans un futur de Fashion Tech ouvrant de multiples possibles dans le respect du geste et de l’artisanat.
@veroniqueforge
