Julia Bijaoui : “les bonnes idées émanent souvent de problèmes quotidiens!”

Julia Bijaoui : "les bonnes idées émanent souvent de problèmes quotidiens!"
Elle est le visage de l’un des fleurons français de la foodtech. En 2015, Julia Bijaoui, fonde Frichti, aux côtés de son associé et conjoint Quentin Vacher. Le concept : livrer des repas faits maison à des prix raisonnables. Le concept séduit. Au moment de sa création, la start-up lève 1 million d’euros, puis 12 millions en 2016, 30 millions enfin il y a quelques mois.

 Après vos études à HEC, vous avez d’abord été salariée d’une autre jeune pousse, JolieBox. Pourquoi ce choix ?

Julia Bijaoui: Lors de mes études, j’ai suivi une spécialisation entrepreneuriat. Néanmoins, une fois diplômée, j’ai estimé avoir encore beaucoup à apprendre sur le sujet. J’ai donc choisi de travailler pour une jeune entreprise. C’est ainsi que je suis arrivée chez JolieBox, rachetée par la suite par son équivalent américain Birchbox. Je travaillais aux côtés du DG de l’époque, Quentin Vacher, devenu mon associé et conjoint !

J’ai dû structurer l’équipe marketing, mettre en place énormément de process, car l’entreprise grandissait. J’ai également travaillé sur la stratégie de la société, son développement international. Je suis notamment partie à Londres quelques mois pour gérer les équipes sur place. Je suis vraiment contente d’avoir eu cette expérience a priori. Cela m’a permis de me former à la création d’entreprise.

A quel moment avez-vous estimé que l’heure était venue de vous lancer ?

Julia Bijaoui: Au bout de trois ans chez Birchbox, je me suis dit qu’il était temps de faire le switch. Nous étions alors en septembre 2014. Cela me semblait naturel : j’ai des parents entrepreneurs, le modèle m’est familier ! J’ai donc quitté l’entreprise. L’idée de Frichti nous est venue presque naturellement quelques mois plus tard ; Quentin et moi travaillions beaucoup et souffrions de ne pas avoir le temps de manger correctement. Finalement, les bonnes idées d’entreprises émanent généralement de problèmes très quotidiens !

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 Quitter le confort du salariat pour monter son entreprise… N’est-ce pas compliqué ?

 Julia Bijaoui : Pas tellement. Le chômage permet de subventionner en partie la création d’entreprise, notamment au travers du dispositif de l’Accre (NDLR : Aide aux chômeurs créateurs ou repreneurs d’entreprises). Puis, nous avons créé la société en juin 2015 et réalisé une première levée de fonds d’un million d’euros en octobre. Les signaux ont rapidement été au vert.

 Justement, quels conseils donneriez-vous pour optimiser les chances de levée de fonds ?

En venture-capital, les investisseurs parient avant tout sur une équipe. Donc, il faut être crédible sur son projet, faire comprendre que l’on est prêt à pivoter si besoin. Les fonds sont intéressés par des projets ambitieux, par des marchés assez larges, avec des besoins récurrents… La question de savoir à quelle fréquence un client est susceptible de revenir est cruciale : par exemple, des repas se vendent de manière beaucoup plus régulière que des télévisions!  La pertinence de votre business model, l’ambition avec laquelle vous portez votre projet sont aussi des éléments centraux.

Revenons à Frichti. Comment choisissez-vous vos recettes ?

Julia Bijaoui : Notre première employée a été notre chef. Elle et moi nous occupons de toute la partie créative. Nos recettes sont testées en interne, d’abord en comité restreint, puis par une cinquantaine de personnes. Si un plat n’atteint pas la note de 4 sur 5, nous ne le proposons pas aux clients. Par ailleurs, ces derniers sont eux aussi appelés à évaluer les nouvelles recettes mises sur le marché.

 Combien comptez-vous de salariés aujourd’hui ?

Julia Bijaoui : Entre nos cuisiniers, nos préparateurs et notre siège de Neuilly, nous comptons un peu plus de 300 salariés. Nous avons une cuisine centrale proche de Rungis qui approvisionne toute la journée des hub situés dans Paris, plus proches des clients, afin de pouvoir les livrer en trente minutes. Nous servons plusieurs milliers de couverts par jour, sur Paris et la petite couronne, pour une moyenne de douze euros par repas. Nous avons ainsi choisi d’internaliser une bonne partie de la chaîne de valeurs en allant au plus proche des producteurs, et en nous passant dans la mesure du possible des intermédiaires.

Quels sont vos prochains objectifs ?

Julia Bijaoui : Nous voulons continuer de grandir à Paris et en proche banlieue. Nous préparons également notre développement dans d’autres villes. Nous souhaiterions également agrandir notre offre en proposant plus de repas familiaux, pour des jeunes enfants.

Le magazine Capital a récemment été vivement critiqué pour n’avoir mis en avant que des hommes dans un article consacré à l’entrepreneuriat. Quel est votre avis sur cette polémique ?

Julia Bijaoui: Si cet article ne reflète effectivement pas le panel entrepreneurial français, je préfère ne pas perdre de temps à le commenter. Pour tout dire, je trouve cette polémique en partie ridicule, car elle résulte surtout d’une maladresse de l’auteur de l’article : en règle générale, les journalistes cherchent des femmes. D’ailleurs, je suis beaucoup plus sollicitée et mise en avant que mon associé.

 

@clairebauchart

 

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