Redday : Isabelle Weill sauve le coeur des femmes avec la fondation Ajila

fondation Ajila Isabelle Weill
Saviez-vous qu'une femme sur 3 meurt de maladies cardiovasculaires ? Sauver le coeur des femmes, c'est le combat d'Isabelle Weill, Directrice Générale Déléguée à la Présidence de News Participations (RMC, BFM), et présidente de la Fondation Ajila. En ce 16 mai, elle organise le "redday", une journée spéciale pour sensibiliser les femmes aux risques des maladies cardiovasculaires. Votre mission : vous habiller en rouge !

Pourquoi ce sujet vous tient-il particulièrement à cœur ?

Isabelle Weill : Je suis convaincue que nous pouvons tous agir pour améliorer notre société. C’est pourquoi, il y a 10 ans, j’ai décidé de m’engager dans des actions de santé publique. D’abord pour sauver des victimes d’arrêt cardiaque mais aussi vaincre les maladies cardiovasculaires chez la femme et bien d’autres sujets.

Cela pourrait vous paraître étonnant mais je ne choisis pas les causes en fonction de mon histoire familiale même si j’ai davantage de sensibilité pour les sujets de santé et d’éducation. J’ai toujours travaillé dans les médias et la communication et j’essaye de choisir des causes où je sais pertinemment qu’une action de communication bien menée peut avoir un impact direct et des résultats visibles. Cela s’est observé sur la première cause que j’ai choisie : lutter contre l’arrêt cardiaque.

La problématique était la suivante : le taux de survie face à un arrêt cardiaque était de 2,3% en France contre 40% à Seattle aux Etats-Unis. Pourquoi ? Parce que les lieux publics n’étaient pas équipés et la population pas informée des gestes à faire en cas d’arrêt cardiaque. Les gens ne savaient même pas qu’ils pouvaient agir. Grâce à des campagnes de mobilisation du grand public et des décideurs politiques et économiques menées sur le terrain et dans les médias, le nombre de défibrillateurs est passé de 5000 à près de 150 000 en quelques années. Le taux de survie est passé de 2,3% à 7,5%.

Récemment, une loi a été votée pour favoriser l’installation des défibrillateurs dans les lieux recevant du public et à la formation du public aux gestes de premiers secours.  C’est une grande avancée à laquelle j’ai pu contribuer aux côtés des députés impliqués. Les maladies cardiovasculaires souffrent aussi d’un énorme déficit d’information et de prévention. Ce sont de véritables tueurs silencieux notamment des femmes.

Jusque-là, il n’existait aucune journée dédiée à la santé cardiovasculaire des femmes ?

Isabelle Weill : Cette journée existe dans plusieurs pays du monde, mais n’est apparue en France qu’en 2015 sous notre mouvement « Sauvez le Cœur des Femmes ». Elle s’inspire du travail formidable que réalise l’American Heart Association (AHA), avec qui nous avons collaboré quelques années.

J’ai décidé de mettre l’accent sur la « cible » féminine en découvrant ces chiffres alarmants :

  • 1 femme sur 3 meurt de maladies cardiovasculaires, ce qui représente la première cause de mortalité au monde
  • Elles tuent 4 fois plus que le cancer du sein
  • Elles représentent 9 millions de morts par an selon l’OMS
  • Les femmes sont touchées de plus en plus jeunes.

L’idée est de sensibiliser sur cet enjeu de santé publique, de le prévenir et lutter contre.

Concrètement, on renvoie plus facilement une femme qui a une crise cardiaque à la maison, plutôt qu’un homme ?

Isabelle Weill : Nous partons tous du même constat : il existe des inégalités entre les femmes et les hommes. Certaines sont naturelles, liées notamment aux différences biologiques et d’autres sont culturelles. Ici, c’est un mélange des deux.

D’un côté la femme est à risque, parfois davantage que l’homme, c’est une inégalité naturelle, et d’un autre côté, il y a un énorme retard dans la recherche et dans la prise en charge à ce sujet.

Pour ce qui est des symptômes de l’infarctus par exemple, même si dans 90% des cas ils sont les mêmes que pour les hommes, c’est-à-dire une forte douleur dans la poitrine, certains diffèrent et sont pris en compte parfois trop tardivement. Quand une femme a mal quelque part, se plaint de douleurs dans la poitrine ou d’une fatigue extrême, on va souvent lui dire qu’elle est angoissée et on va lui prescrire des anxiolytiques. On va passer à côté du fait qu’elle a des symptômes cardiovasculaires inquiétants et l’abnégation dont la femme fait toujours preuve lui dessert.

Comment expliquer que l’opinion publique et le corps médical soient si peu sensibilisés à la question ? 

Isabelle Weill : Le cœur des femmes a été, longtemps, le grand oublié de la recherche mais également des actions de prévention et de sensibilisation du grand public. Contrairement aux idées reçues, les maladies coronaires ne sont pas réservées aux hommes, et selon les études de l’Organisation mondiale de la santé de 2015, elles constituent la principale cause de décès chez l’homme et chez la femme dans le monde. En France, la première cause de mortalité de la population est le cancer, mais les maladies coronaires restent la première cause de décès chez la femme, soit 4 fois plus que le cancer du sein. Aujourd’hui, 11 % des femmes victimes d’infarctus du myocarde ont moins de 50 ans, alors qu’elles n’étaient que 4 % en 1995. Il faut éduquer les femmes mais aussi les professionnels de la santé sur l’infarctus de la femme dont les symptômes sont souvent atypiques.

La plupart des recherches médicales sur les maladies cardiovasculaires ont été réalisées sur des cohortes d’hommes, les femmes ayant pendant longtemps été mise de côté de ces études. Même si des recherches sont aujourd’hui conduites sur des cohortes de femmes, elles ne rattrapent pas encore le retard qui a été pris dans la prise en compte des maladies cardiovasculaires.

Les pathologies cardiovasculaires sont-elles en augmentation en France au sein de la population féminine ? Si oui, est-ce dû à un mode de vie plus stressant aujourd’hui pour les femmes ?

Isabelle Weill : La vie que mène les femmes les expose plus que par le passé, contrairement à la légende urbaine selon laquelle leur cœur serait préservé jusqu’à la ménopause grâce aux cycles hormonaux. Aujourd’hui, elles sont actives, fument, boivent, prennent une contraception. Elles sont ainsi beaucoup plus touchées par les maladies cardiovasculaires qu’elles ne l’étaient auparavant.

La femme est également exposée par son propre comportement. On constate qu’elle n’assure pas correctement le suivi de sa maladie cardiovasculaire. À l’inverse, lorsqu’il s’agit de son compagnon, elle l’accompagnera à la consultation médicale, veillera à ce qu’il prenne ses médicaments, fasse du sport. En ce qui la concerne, elle se rendra seule chez le médecin et aucun de ses proches ne sera vigilant quant à sa médication ou à son suivi d’examens. Les femmes s’investissent davantage dans leur rôle de mère ou d’épouse. En effet, elles s’occupent de leur mari, de leurs enfants, de leur entourage avant de prendre soin d’elles. Il est temps de modifier ce comportement.

Sur quels points clefs souhaitez-vous agir en prévention ?

Isabelle Weill : Je sais à quel point il est difficile d’être proactives pour notre santé. De par notre fonction première de protectrices, notre premier réflexe est de mettre « le masque à oxygène » à notre famille tout entière avant de nous l’appliquer. Notre manque de vigilance envers notre propre hygiène de vie et nos habitudes alimentaires entraîne bien des maux qui pourraient être évités si nous connaissions nos chiffres clefs (cholestérol, glycémie, tension, IMC, tour de taille), si nous pratiquions régulièrement une activité physique, ou encore si nous gérions mieux notre stress et notre alimentation.

En étant actrices de notre santé par une grande attention à l’information et à notre mode de vie, ayons, dès aujourd’hui, toutes les armes en main pour combattre ce qui peut menacer notre cœur demain. Je pense notamment au tabagisme chez les femmes, plus ou moins jeunes, qui peut se coupler aujourd’hui avec la prise d’une contraception hormonale. Ce mélange est une véritable bombe à retardement pour le corps et le cœur des femmes. Il est urgent de prendre conscience de sa véritable dangerosité.

Plus d’infos sur http://ajila.org/2019/03/20/red-day-2019/

@Paojdo

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