Hélène Sancerres: comment elle conduit le changement chez Cisco

Hélène Sancerres Cisco
Membre du comité de direction de Cisco France, Hélène Sancerres prend en 2010 la Direction de la conduite du changement pour soutenir la transformation de l’entreprise et l’évolution des comportements qui en découle. Depuis 2014, elle anime et met en œuvre pour la France, le programme ambitieux et unique pour l’accélération de la transformation numérique du pays signé avec le gouvernement français pour placer la France en tête des places de l’innovation en Europe. Rencontre avec une femme qui s'engage au quotidien pour plus de mixité.

Vous êtes entrée chez Cisco après un parcours dans la communication, qu’est ce qui vous a marqué en arrivant ?

Je viens de la communication mais aussi de l’orthophonie et du milieu universitaire et donc je me souviens du choc, d’arriver dans cette société dont je n’avais pas très bien compris ce qu’elle faisait pour être honnête mais à l’époque j’avais un ami qui était chez HEC start up et qui m’a dit, ne réfléchies pas trop vas-y ! Je suis arrivée un 26 décembre et voyais des gens en vestes de trappeurs, une effervescence et cet esprit start-up avec déjà les valeurs qui persistent aujourd’hui comme la notion très forte d’empowerment. Je me souviens également de l’énergie et de la rapidité avec laquelle les choses allaient. Cisco

Cisco est une entreprise tech qui peine à attirer des talents féminins, 20% de femmes chez vous, quelles sont les perspectives de carrière pour une femme quand on rentre chez Cisco ?

Elles sont multiples car cette société est en perpétuelle évolution, on a fait 180 acquisitions. Quand je suis rentrée il y a 20 ans nous faisions un produit qui était un routeur, aujourd’hui nous sommes multi-produits, multi marchés, multi-techno. Il y a donc de nombreuses perspectives car c’est une entreprise en croissance. Ensuite, c’est une société mondiale et collaborative c’est à dire qu’aujourd’hui chez Cisco on peut avoir un job mondial en étant basé où on veut . On va chercher les compétences là où elles sont ou là où elles veulent être. C’est précieux quand on est un employé et une femme en particulier. Mais plus largement, je dirai que c’est la part de chacune à vouloir prendre des risques car la prise de risques en changeant de job et d’environnement, elle est toujours là.

En terme d’évolution de carrière, une femme a t-elle la même chance de progresser qu’un homme ?

Oui du fond du cœur. Quand on voit le board créé par notre CEO Chuck Robbins, il est à parité exact avec de jeunes femmes. En haut l’impulsion est là. Il y a beaucoup de femmes vice-presidentes. Bizarrement, c’est quand on descend dans les couches inférieures en Europe et en France que les pourcentages se réduisent. J’ai le sentiment que c’est plus lié à l’environnement général qu’à Cisco.

Qu’est ce que vous voulez dire par là ?

Je n’ai pas d’explications, nous cherchons. Nous essayons de sensibiliser les jeunes en classe de seconde, première, terminale à faire des carrières scientifiques en leur disant que ce ne sont pas des carrières ennuyeuses, ce sont les métiers du futur. Nous travaillons également sur les comportements des femmes avec toujours cette notion de prise de risque.

Vous êtes en charge de la conduite du changement, comment change t-on les mentalités notamment concernant cette notion de prise de risques ?

Je ne sais pas si on change les mentalités mais c’est la politique des petits pas, multi-canaux. Il faut travailler sur les préjugés et les stéréotypes ce que nous avons fait avec nos équipes de managers masculins. Nous avons également travaillé avec chacun et chacune sur la prise de risques car nous ne sommes pas tous égaux sur ce sujet : qu’est ce que je peux supporter ? Jusqu’à quel point?  et comment je demande de l’aide à mon manager pour cela ? Comment je ne me renferme pas dans mon comportement ? On fait progresser les gens sur leurs propres échelles. Cela demande donc de la personnalisation et de l’implication de tous les niveaux hiérarchiques.

Comment lutte t-on concrètement contre les stéréotypes ? 

Je crois à la pédagogie à la persévérance, à ne rien laisser passer et à ne pas y aller sous l’angle de la contrainte ou de la culpabilisation. Nous avons monté une formation obligatoire et avons fait  témoigner des personnes qui se sentent touchées par les préjugés comme les handicapés, les jeunes, les femmes en interne. Nous faisons notamment des jeux de rôles pour sensibiliser tout le monde.

L’engagement au top management est primoridial, c’est cela aussi ?

C’est essentiel pour moi car on ne peut pas demander à des équipes de faire des choses qui ne sont pas portées par le haut. Le côté, Lead by example est très fort chez Cisco, il n’est pas négociable.

Vous avez un réseau féminin au sein de Cisco, quelles sont ses ambitions ?

Il s’appelle Connected Women, c’est le principe d’un réseau féminin, d’entraide, de développement de carrière. Aujourd’hui, nous avons une journée: Women of impact où nous mettons face à toutes ces femmes du réseau des personnes d’exception soit en interne, soit en externe, c’est un événement mondial. Elles ont accès à des  Vice-Presidentes aux Etats-Unis par exemple. Nous essayons également de faire des passerelles avec les réseaux féminins de nos partenaires, de notre écosytème pour pouvoir partager les bonnes pratiques.

Le recrutement est un enjeu primordial, quel message faite vous passer aux jeunes filles que vous rencontrez sur le terrain ?

Je fais cela depuis 10 ans. Il ya deux messages en parallèle. Premièrement,  les carrières scientifiques vous donnent du choix, de la liberté et vous donnent accès à des métiers formidables donc on leur met en face des personnes qui travaillent sur les objets connectées par exemple. Aujourd’hui, nous vivons dans un monde où la technologie est partout donc c’est plus facile de les convaincre qu’il y a 20 ans. Nous les mettons aussi en face de femmes qui ont des carrières dans de grandes entreprises comme Apple, face à des navigatrices comme Helen Mc Arthur… Ce sont des femmes qui les inspirent et qui font des métiers qui ont du sens, c’est ce qui intéresse la jeune génération.

Enfin, on les fait travailler sur un atelier: comment je fais un choix ? Est ce que je fais un choix par rapport à moi ou par rapport à un contexte, à une éducation ? Quels sont mes drivers ? C’est essentiel pour comprendre la mécanique d’un choix.

Vous êtes coach, quels conseils donnez vous aux femmes notamment ?

En général, ce que j’aime bien travailler avec les personnes que j’accompagne, c’est cette idée de: Est ce que je suis mon propre moteur ou mon propre frein ? Et comment je prends en compte mes aspirations, mes contraintes pour en faire quelque chose qui est unique. Comment chacune prend conscience de ses propres aspirations pour “tricoter” sa propre carrière. L’estime de soi vient de ce travail là plutôt que des recettes ou de ses expériences.

@veroniqueforge

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