Hapsatou Sy : « Si l’on échoue, c’est que l’on a essayé ! »

Hapsatou Sy

Elle a tout juste 24 ans lorsqu’elle créé, en 2005, sa première entreprise de salons de beauté, qu’elle développera jusqu’en 2013. Aujourd’hui, en plus de ses activités télévisuelles, elle développe ses différentes marques de cosmétiques (HapsatouSy, Ethnicia, Dazzia et Artisan Make Up), en France et au-délà. Un parcours qu’elle relate dans son livre, Partie de rien (Dunod).

Pourquoi avoir écrit ce livre ?

Hapsatou Sy : J’ai été sollicitée il y a environ cinq ans pour écrire un livre sur mon aventure entrepreneuriale. A l’époque, je n’en avais pas réellement envie. Je n’étais pas prête. Puis surtout, je me suis dit que si je devais écrire un livre en jour, c’était à moi seule d’en décider !

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Avec “Partie de rien”, j’avais envie de raconter mon histoire de cheffe d’entreprise, telle qu’elle est, c’est-à-dire en étant un maximum transparente ! Je ne suis pas wonder woman : de l’extérieur, on pourrait penser que ma vie, c’est beaucoup de paillettes… d’autant que je fais de la télévision. Or, pour réussir à entreprendre, les embûches et difficultés sont nombreuses.

Enfin, je voulais, à travers ce livre, faire mentir un certain nombre de clichés : il est possible de devenir entrepreneur sans forcément être bien né ou diplômé d’une grande école. Des tas de jeunes réussissent à entreprendre, sans que la lumière soit forcément braquée sur eux.

Quels obstacles avez-vous rencontrés quand vous avez créé votre marque de cosmétiques ?

Hapsatou Sy : Ce qui est dur est qu’il faut développer un tas de compétences du jour au lendemain, relevant aussi bien du marketing, que de la fiscalité en passant par le code du travail. Pour moi, une entrepreneure est une femme à tout faire ! Puis, vient ensuite la difficulté à gérer la croissance de l’entreprise.

Votre toute première entreprise, basée sur un concept d’espaces de beauté, a disparu. Vous n’avez pas peur d’en parler, de revenir sur vos échecs. Pourquoi ?

Hapsatou Sy : C’est une façon de ne pas mentir. On le doit aux jeunes que l’on inspire, qui veulent, eux aussi, se lancer. Ils doivent avoir conscience de ce qui les attend. Peu d’entrepreneurs parlent de le leurs déconvenues. Pourquoi ? Parce que lorsque l’on parle de ses échecs, on est pointé du doigt. Je rappelle que si on échoue, c’est qu’on a essayé. Les personnes qui devraient avoir honte sont au contraire celles qui n’ont jamais rien tenté.

Y a-t-il une spécificité des femmes entrepreneures ?

Hapsatou Sy : Aucune. Je ne crois pas du tout à tout cela. Pour ma part, je crois ne jamais avoir été confrontée au sexisme… probablement parce que je suis un peu arrogante ! Je décide qui écouter et à qui accorder du crédit !

La France favorise-t-elle l’entrepreneuriat ?

Hapsatou Sy : Pas du tout. L’entrepreneuriat sera mis en avant le jour où l’on proposera des cours aux enfants pour leur apprendre ce qu’est en dirigeant d’entreprise. En l’occurrence, il faudrait arrêter d’opposer les patrons aux salariés, alors même que les uns ne peuvent aller sans les autres.

Par ailleurs, le poids administratif est insupportable pour les entrepreneurs : quand on est à la tête d’une petite entreprise, on passe notre temps à remplir des papiers au lieu de créer de l’emploi.

Restons néanmoins optimistes : le nouveau Président de la République semble vouloir changer les choses. Nous verrons !

Quel conseil donneriez-vous à une jeune femmes souhaitant créer son entreprise ?

Hapsatou Sy : Je pense qu’il faut se lancer seule, mais, sur son chemin, s’appuyer sur les expériences d’autres créateurs d’entreprise. Personne n’a la science infuse ! Par contre, nombreux sont ceux à vous donner tout un tas de conseils quand vous vous lancez : n’écoutez que les personnes qui ont déjà entrepris !

Enfin, le conseil le plus important que je donnerais est de ne surtout pas hésiter à se lancer. Vous ne risquez qu’une chose : changer votre vie. L’impossible n’est constitué que de vos propres barrières.

Quels sont vos prochains projets ?

Hapsatou Sy : Je veux continuer de développer mon entreprise, en particulier à l’international. Je vais également consolider ce qui fait notre ADN : la logique d’intrapreneurship, qui marche si bien chez nous. Mes dix-sept salariés travaillent en toute indépendance. J’attends d’eux qu’ils proposent des idées, qu’ils les concrétisent…

Claire Bauchart

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