Charlotte Cadé : avec Selency, elle donne du style à votre intérieur

Selency

Avec Selency, un site dédié à la vente d’objets et de mobilier de seconde main, Charlotte Cadé et son partenaire Maxime Brousse dépoussièrent l’univers de la brocante. A moins de 30 ans, ils ont déjà levé plus de 3 millions d’euros et peuvent se targuer de compter pas moins de 650 000 visiteurs par mois sur leur site. La jeune femme nous livre aujourd’hui les clefs de leur succès.

Comment est né Selency ?

Charlotte Cadé : J’ai fait une école de commerce (ESC Grenoble, ndlr,) puis j’ai travaillé durant 3 ans en marketing chez l’Oréal et Décathlon, puis en tant que responsable commerciale dans une agence de design. Des univers assez éloignés de la déco, mais je passais tout mon temps OFF sur Pinterest pour trouver de l’inspiration, puis sur des sites généralistes comme Leboncoin ou Ebay pour trouver des pièces uniques avec de l’âme et une identité. Selency

Même si j’adorais ces sites, je me suis dit que je perdais tout de même beaucoup de temps, d’où mon idée de créer un site à cheval entre un média déco et un concept store dans lequel on trouverait la crème du mobilier et de la déco de seconde main.

Mini Guide Entrepreneuriat

Pour que le projet soit abouti, il fallait apporter une vraie valeur ajoutée côté acheteur mais aussi côté vendeur. L’objectif était de créer un catalogue de pièces très qualitatives et de proposer des idées de déco semblables à un mood board inspirationnel. L’intérêt de Selency était aussi de digitaliser le secteur de la brocante et d’aider les marchands qui travaillaient encore à l’ancienne afin qu’ils puissent vendre sur internet.

Evoluer dans ces grands groupes, était-ce un passage obligé selon vous avant de vous lancer seule ?

Charlotte Cadé : Non, ce n’était pas du tout calculé. Mon envie de créer ma boîte n’est pas venue d’une envie d’être entrepreneure, mais de ma passion pour la déco. Avec le recul, je trouve qu’il était très intéressant d’avoir cette double vision :

  • d’une grosse machine comme l’Oréal qui transmet une rigueur dans l’analyse,
  • et d’une petite agence qui nous donne une vision à 360° et nous demande une capacité à exécuter vite et bien.

Quel type de produits proposez-vous sur votre plateforme ? Etes-vous spécialisés dans une époque en particulier ?

Charlotte Cadé : Nous avons démarré le site avec beaucoup de produits vintage des années 50, mais nous ne voulions pas en faire une spécialité. Nous sommes ouverts à toutes les époques et tous les styles (Renaissance, 18ème, 19ème, tous les courants du 20ème).

Comment opérez-vous la sélection des pièces, et comment les certifiez-vous ?

Charlotte Cadé : Nous avons une équipe de passionnés de déco en interne qui va déjà faire une première sélection. Comme des acheteurs le feraient pour un concept store. La première question que l’on se pose, peu importe la taille de l’objet, est de savoir si son potentiel déco est suffisamment fort pour être sublimé et marié à d’autres styles. Nous avons une approche assez contemporaine de l’ancien, et ne prenons pas des meubles trop chargés.

La deuxième sélection s’opère sur l’authenticité et la certification des pièces. Ces dernières vont de 5 à 20 000€, nous avons donc besoin de travailler avec des experts en externe qui vont nous aider à authentifier et vérifier les pièces signées de notre catalogue.

Qu’est-ce que ce marché a de particulier ?

Charlotte Cadé : La particularité, c’est que l’on est à cheval sur deux marchés : nos clients, qui sont nos vendeurs, et le client final qui est l’acheteur. Le marché de la brocante est très fragmenté, nous comptons aujourd’hui 1000 marchands sur le site.

Ces derniers fonctionnent encore de manière artisanale, dans leur région. Nous devons leur transmettre une vision nationale, voire internationale, mais aussi un apprentissage du service client via internet.

Quant aux clients, autrefois, les marques s’adressaient aux femmes de 40, 50 ans, qui avaient plus de temps pour s’occuper de leur intérieur. Aujourd’hui, la déco intéresse les jeunes actifs, mais aussi les hommes. Notre challenge est de rendre la seconde main ultra-sexy et de montrer qu’en achetant une pièce unique on sort de la déco industrielle et uniformisée. Nous comptons aujourd’hui 50 000 pièces uniques sur le site et 650 000 visiteurs par mois.

Comment se sont passées vos deux levées de fonds successives ?

Charlotte Cadé : Avec Maxime, nous nous sommes lancés en septembre 2014. En mars 2015, nous avons réalisé une première levée de fonds de 500 000€ auprès de Business Angels français. Nous cherchions plus que simplement de l’argent. Nous avions à cœur d’être accompagnés.

Cela a été le cas avec des entrepreneurs du secteur de la déco, comme Pierre Trémolières (Delamaison), Emery Jacquillat (Camif Matelsom), ou du secteur du web à l’instar d’Oleg Tscheltzoff (Fotolia), Thierry Petit (Showroomprivé) ou encore Renaud Guillerm (Vide dressing). Avec ces fonds, nous avons recruté notre première équipe de 10 personnes, et avons réalisé nos premiers tests marketing sur les différents canaux d’acquisition.

La seconde levée de 3 millions d’euros date de cet été. Elle a été réalisée auprès de VC. L’actionnaire principal est le britannique Accel Partners, et nous avons aussi Kima Ventures (la holding de Xavier Niel). Aujourd’hui, nous sommes 25, et l’accent a été mis sur le recrutement, avec notamment un directeur technique, une directrice des contenus, une personne responsable du produit, une autre de la logistique et des sales. Ensuite, nous voulons accélérer le marketing.

Cela fait maintenant 2 ans que vous vous êtes lancés : avez-vous l’impression d’avoir dépassé la phase critique ?

Charlotte Cadé : Non, je crois que l’on ne dépasse jamais cette phase critique quand on est une start-up du web. Tout est si fragile, il faut sans cesse se remettre en question !

Qu’est-ce qui explique selon vous votre succès à ce jour ?

Charlotte Cadé : Maxime et moi avons passé beaucoup de temps sur nos choix de recrutement. Nous voulions une équipe très impliquée avec des compétences clefs dans des domaines très différents. Maxime et moi nous sommes également testés plusieurs mois avant de nous associer, afin de voir si nous étions vraiment complémentaires. Lui s’occupe plus de la gestion, et moi de la partie produit. Chacun son domaine ! 

Quelles sont vos ambitions futures pour le site ? Et vous rêvez-vous désormais uniquement entrepreneure ?

Charlotte Cadé : Une fois que l’on a goûté à l’entrepreneuriat, il est difficile de s’imaginer revenir au salariat. En ce qui concerne Selency, nous voulons l’emmener le plus loin possible. En faire une marque de déco moderne et inspirante, avec des outils techniques. Notre ambition est de pouvoir nous développer en Europe en ouvrant de nouveaux pays en 2017. Et bien sûr, de continuer à bien recruter et à fédérer notre équipe.

@Paojdo

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