Catherine Barba à la conquête de New York !

Pionnière du E-Commerce en France avec la création de Cashstore, la présidente de Catherine Barba Groupe, avait envie de se nourrir des nouvelles tendances e-commerce de l'autre côté de l'Atlantique. Elle nous dit tout sur sa nouvelle vie de New Yorkaise !

Pourquoi ce départ à NY?

Catherine Barba: Dans ma vie professionnelle, je trace deux sillons l’un est du côté du retail, du commerce et de toutes les innovations et de la réinvention du commerce, c’est ma vie depuis 20 ans et de l’autre ce sont les femmes. Sur la partie commerce, après des années dans l’E-commerce et la création de deux entreprises que j’ai revendu, je passais depuis quelques années beaucoup de temps avec les gens du retail pour comprendre comment ils pouvaient repenser leur modèle face à des acteurs comme Amazon. J’ai d’ailleurs écrit un livre il y a trois ans qui s’appelle « Le magasin n’est pas mort » et qui a eu son petit succès. Depuis, toutes les boites du CAC 40 et les grandes entreprises du commerce m’ont appelé pour parler de ce sujet.

Or, quand on parle pendant plusieurs années du même thème, on peut s’essouffler. Je suis venue ici pour nourrir mon expertise et rechercher du souffle dans un pays qui, pour moi, est le temple du commerce et le pays de l’innovation par excellence. Pour pouvoir revenir avec plus d’exemples, plus de réflexions profondes et de la distance.

J’ai donc crée Peps Lab qui est un observatoire sur l’innovation Retail. Le but est de booster depuis New-York la transformation numérique du commerce en France.

C’est un voyage à durée déterminée ?

Catherine Barba: Oui, je suis française, mon pays de coeur, c’est la France. Je ne me suis jamais sentie aussi fière d’être française que depuis que je suis ici.
C’est une expérience formidable pour s’ouvrir l’esprit mais le but professionnel c’est d’en faire profiter les acteurs français.

Retour de Catherine Barba dans combien de temps?

Le minimum je pense que c’est deux ans.

Parlez nous de PEPS Lab ?

Catherine Barba: Concrètement, j’explore les magasins, je rencontre beaucoup de startups, je vais dans les coulisses des entreprises du commerce, je rencontre les CEO , les ressources humaines, les gens du digital pour comprendre les ressorts des modèles qui se réinventent. Quels sont les nouveaux modèles qui transforment le retail et de l’autre qu’est ce qui fait qu’une entreprise qui pendant des dizaines d’années ne vendait qu’en magasin se met à faire de l’omni-canal, je viens comprendre ici ce qu’est un omni-canal qui réussit, qu’est ce qui fait qu’une entreprise est plus capable qu’une autre de se réinventer. Pour avoir la réponse à cela, il me semble que c’est l’expérience, le terrain qui compte. Je vais puiser une foule d’expériences, de bonnes idées venues d’ailleurs.

Pourquoi New York en particulier?

Catherine Barba: New York parce qu’ici il y a énormément de concept stores. Ils sont assez innovants dans la scénarisation des produits, l’expérience client, la digitalisation des points de vente. Ce sont autant de sources d’inspiration. Je nourris chaque mois mes clients avec des videos et des newsletters sur ces sujets.

Quelles sont les grandes tendances dans le domaine du retail?

Catherine Barba: C’est le magasin multi-formes qui devient un Lifestyle center. Tu ne vas pas dans un magasin physique acheter quelque chose. Si on croit que les gens viennent dans un magasin pour acheter, dans 5 ans tu es mort. On peut tout acheter de chez soi de sa tablette. Il y a beaucoup de magasins qui se réinventent dans un esprit hybride. Prenons l’exemple de Shakespeare & co, c’est une librairie mais c’est aussi un café ou un café et une librairie. Les magasins deviennent des lieux de vie.

Je vois aussi des « pure players » ouvrir des magasins physiques, des pop-up stores. Ces acteurs qui étaient 100% en ligne se mettent à ouvrir des corners physiques comme l’a fait Birchbox. Les acteurs du digital éprouvent la nécessité de créer un lien supplémentaire, physique avec les consommateurs.

Comment l’interprétez vous ?

Catherine Barba: Je pense que c’est un point d’ancrage pour tisser du lien humain, relationnel, personnel avec les clients. Amazon a ouvert sa boutique à Seattle par exemple. C’est très cher d’ouvrir un magasin dans les grandes villes donc c’est vraiment un investissement pour tisser avec son client, un fil d’ariane qui vient renforcer le lien digital.

Vous êtes depuis quelques mois à New York au contact des Startups, comment définiriez-vous l’écosystème New Yorkais ?

Catherine Barba: Le volume est bien sur beaucoup plus important mais ce qui me marque aussi c’est la profusion d’entrepreneurs. Je ne pense pourtant pas que nous ayons à rougir quand je vois ce qui se passe au CES de Las Vegas; Nous sommes sur la bonne route. Ce qui est différent fondamentalement, c’est qu’il y a des des “roles models” comme Marc Zuckerberg qui font rêver les gamins, il est donc plus naturel que chez nous d’envisager d’être entrepreneur.

La deuxième chose qui me marque, c’est le financement de l’innovation, les levées de fonds. En France, une levée de 1 million, c’est une grosse levée, là bas c’est toujours une dizaine de millions. L’ambition est là, il faut certes couvrir un très gros marché, mais j’ai envie de dire aux entrepreneurs français voyez grand !

Est ce que la différence entre l’écosystème français et américain ne réside t-il pas aussi dans le fait qu’une start up américaine peut lever des fonds alors même qu’elle n’a pas encore de business model et qu’elle ne gagne pas d’argent, ce qui semble impossible en France?

Catherine Barba: Oui, c’est vrai ici demander à un startuper qui est très « early stage »: Est ce que tu gagnes de l’argent, c’est incongru. Lui il est là pour créer un nouveau modèle répondre à un besoin, construire une grosse audience et après on se posera la question de la monétisation. En Europe, on a tendance à regarder les « metrics” et la rentabilité.

Sinon d’autres motifs d’étonnement ? 

Catherine Barba: Oui, je trouve que les gens sont très solidaires, les rencontres se font vite, c’est assez rapide de se faire un nouveau réseau à l’étranger. Je suis étonnée de la disponibilité des gens.

Je suis également étonnée par l’enseignement. Il y a un focus sur le travail pratique plus qu’académique. Il y a des cours de prise de parole en public, de making, de coding. Ils veulent faire des makers.

Enfin, les gens du secteur public ont le même discours que des gens du privé !

Qu’est ce que les entrepreneurs français viennent-ils chercher à New York?

Catherine Barba: J’ai croisé plus d’entrepreneurs français qui viennent pour faire quelque chose, se challenger plutôt que pour fuir la France. Pour ma part, s’il y a un mot qui résume mon choix, c’est apprendre…

Un de vos autres sujets de prédilection , ce sont les femmes et notamment les femmes entrepreneures, vous avez d’ailleurs cofondé, La Femme digitale il y a 4 ans, quels sont vos projets au féminin à New York?

Catherine Barba: Je me suis lancée le défi de lancer un évènement autour des femmes à New York, évidemment je ne veux pas refaire la femme digitale, le sujet n’a pas de sens ici mais en revanche, il y a un vrai sujet sur les femmes. Je pensais qu’aux Etats Unis, il y avait une égalité des genres, dans la création d’entreprises mais ce n’est pas vrai, c’est peut être même plus marqué qu’en France !

Il y a tout de même beaucoup plus de femmes CEO aux Etats Unis qu’en France?

Catherine Barba: Ce sont des dirigeantes mais pas des fondatrices, cela reste très masculin notamment dans la Tech. Cet évènement qui aura lieu le 24 mars à New York portera sur la place des femmes et comment l’innovation peut aider à rééquilibrer les choses.  Le thème principal c’est « Let’s conquer the digital world ladies » car aujourd’hui, tu n’es pas leader si tu ne maîtrises pas ces sujets d’innovation et de transformation digitale. En fait, la question qui me taraude est la suivante: quand est ce que le prochain Google sera fondé par une femme?

@photo François Tancray

 

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