Camille Caubriere et Alizée Doumerc révolutionnent le livre d’or

Elles ont 26 et 28 ans, et un projet déjà bien affuté. Il y a trois ans, le duo fondait Guestviews, un livre d’or digital permettant de collecter des informations sur les visiteurs d’institutions culturelles. Aujourd’hui, les jeunes femmes préparent leur troisième levée de fonds, et s’attaquent au marché du retail.

Si vous deviez vous décrire mutuellement l’une et l’autre ?

Camille Caubriere : Alizée a fait l’ENS en géographie. Son parcours est donc assez atypique car elle ne se destinait pas à l’entrepreneuriat. Mais elle a décidé de changer de voie, et après une tentative dans le journalisme, elle a finalement eu un déclic en faisant un stage au Louvre, puis à l’espace Louis Vuitton, où nous nous sommes rencontrées.

Lorsque j’ai décidé de m’associer avec Alizée, j’ai suivi mon instinct car nous ne nous connaissions que depuis peu. Cela a été un vrai coup de cœur professionnel et j’ai senti que nous allions être compatibles. Ensuite, j’ai découvert son humour, sa capacité à convaincre et sa pugnacité. C’est elle qui gère la partie commerciale.

Alizée Doumerc : Camille a suivi un parcours en affaires publiques à Sciences Po, avec une option culture. Lors de son année de césure à Boston, elle s’est passionnée pour l’art contemporain. En 4ème année, elle a co-fondé le prix Sciences Po pour l’art contemporain. Elle a ensuite multiplié les stages dans différentes sphères artistiques (maison d’enchères, musée, galerie d’art…), jusqu’à notre rencontre. J’ai immédiatement apprécié sa gentillesse et sa rigueur.

Elle s’occupe aujourd’hui du développement produit. Nous avons aussi un défaut en commun : nous sommes d’éternelles insatisfaites ! C’est fatigant mais en même temps, c’est aussi notre moteur. Monter sa boîte, c’est un vrai ascenseur émotionnel. Mais maintenant que nous avons une équipe, cela nous aide grandement.

Votre “Elevator Pitch” ?

Alizée Doumerc : Guestviews est un livre d’or digital qui permet de collecter, exploiter et valoriser les données de visiteurs de lieux qui accueillent du public, comme un musée ou un magasin.  Aujourd’hui, nous réalisons notre chiffre d’affaires dans le secteur culturel (l’entreprise travaille avec le Mucem, Le Grand Palais, Le Louvre…ndlr), mais nous sommes actuellement en phase de test avec le retail haut de gamme.

Concrètement, comment ça marche ?

Camille Caubriere : Guestviews est une solution embarquée. L’application est mise à disposition du public sur une tablette, à la fin d’une exposition par exemple. L’idée est de collecter des informations comme des commentaires sur une œuvre, des réponses à des questions, des emails… le tout sur la base du volontariat. Toutes ces données sont collectées automatiquement, et le client a accès à un tableau de bord personnel.

Ces données sont accessibles en temps réel, et vont indiquer le niveau de satisfaction des visiteurs, la proportion d’hommes et de femmes, les mots qui reviennent le plus souvent dans les commentaires etc… L’application est totalement personnalisable.  La collecte d’email va permettre au client d’envoyer du contenu ciblé. Il s’agit aussi de récompenser le visiteur qui a donné ses informations en organisant des jeux-concours. On peut aussi se servir de Guestviews pour publier sur les réseaux sociaux les commentaires des visiteurs, ou encore les projeter sur un écran. Tout contribue à valoriser la parole du visiteur.

Guestviews

Pourquoi vous êtes-vous intéressées au livre d’or ?

Alizée Doumerc : L’histoire a commencé il y a plus de 3 ans, lorsque nous travaillions à l’espace Louis Vuitton. Camille était en charge de la relation avec les artistes et moi du public. Parmi nos missions, nous devions retaper sur un tableur Excel toutes les données laissées manuellement par les visiteurs, et cela prenait un temps fou, notamment pour déchiffrer l’écriture des gens.

Nous sommes également parties du constat que les institutions culturelles sont aujourd’hui de plus en plus en concurrence, et ont besoin de connaître leurs visiteurs pour les fidéliser. Le livre d’or est une source d’inspiration mais nous souhaitions avant tout répondre à cette problématique.

Avec votre background dans le milieu de la culture, comment avez-vous géré l’aspect technique ?

Camille Caubriere : Nous avons commencé par prendre quelques cours de code pour les nuls, juste histoire d’avoir un minimum de culture générale. Nous avons ensuite développé notre technologie pendant un an et demi avec une agence. Cela ne fait que 6 mois que nous avons notre développeuse en interne, et c’est un vrai plaisir de pouvoir maîtriser notre technologie.

Nous avons aussi été accompagnées par l’incubateur de Sciences Po, le réseau Entreprendre Paris, et l’accélérateur de Start-up Thinkers and Doers.

Quels sont selon vous les grands défis de la culture en matière de numérique, et où la France se positionne-t-elle par rapport à des pays comme les US ?

Alizée Doumerc : Durant les premiers mois de notre collaboration, nous avons travaillé à distance. Camille était à Londres, et moi en Australie. Là bas, je me suis rendue compte que le numérique était très développé dans les musées. Il ne s’agit pas de simples gadgets, mais vraiment d’améliorer l’expérience du visiteur. Récemment, nous sommes parties en learning expedition aux Etats-Unis, et nous avons pu avoir un rendez-vous au Moma de New-York. C’était très intéressant de découvrir qu’ils internalisent toute la partie numérique : ils ont un département de 20 développeurs !

Camille Caubriere : En France, cette logique est nouvelle. Quand nous parlions de notre concept il y a trois ans et demi, cela semblait loin des préoccupations des musées. Le numérique était associé tout au plus aux simples audioguides. Aujourd’hui, tous les lieux ont envie d’avoir leur livre d’or numérique pour mieux connaître leurs visiteurs !

@Paojdo

Crédit photo : Olivier Ezrati

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