Arbia Smiti: amazone des temps modernes

Arbia Smiti

Des yeux de jais, un port altier et un look impeccable, Arbia Smiti, 32 ans est la fondatrice de Carnet de mode, une plateforme qui réunit des créateurs du monde entier. A l’image de cette génération Y, elle pense global et vit sa vie comme une conquête. Portrait d’une conquérante.

Une autre vie est possible

Sa vie ressemble à un roman. Née à Tunis, elle grandit dans un milieu de fonctionnaires dans lequel elle ne se reconnait pas: « tous les membres de ma famille sont fonctionnaires, ils profitent de la vie comme elle vient alors que moi j’ai toujours eu un côté rebelle, l’envie d’avoir plus. »

Se dépasser pour avoir la vie qu’elle a choisi, tel est le moteur d’Arbia Smiti qui comprend toute jeune que pour réaliser ses rêves, il faut être la meilleure et cela dès l’école: « l’énergie, l’ambition, le pouvoir, pour avoir cela il faut bien travailler à l’école et avoir les meilleurs jobs.” Sa vie d’ado, elle la passe donc à lire et à s’inspirer des meilleurs: Bill Gates, Steve Jobs qui conquièrent le monde: « mon leitmotiv c’était vraiment de créer quelque chose de fort, changer le monde, j’avais vraiment une ambition globale. » Elle comprend aussi que sa réussite passe par l’expatriation: « Je n’avais pas d’argent mais je savais qu’il fallait que je sorte du pays pour espérer un avenir meilleur. »

Mini Guide Entrepreneuriat

“A nous deux Paris”

Après ses études préparatoires, elle arrive à Paris pour intégrer une école d’ingénieurs. Seules quelques écoles bénéficient de contrats transnationaux et notamment l’école du bois, qu’elle intègre: « j’ai un diplôme d’ingénieur pour la construction de maison en bois. » dit-elle avec un sourire car elle en est si loin aujourd’hui. De cette période, elle garde quelques bons souvenirs mail aussi l’expérience parfois difficile d’un monde très masculin où elle devait tant bien que mal exercer son autorité de jeune femme.

affiche cdm

Pour sortir de cette vie qui ne lui correspond pas, elle intègre un master de marketing et communication à l’ESCP Europe qui lui permet de rentrer chez l’Oréal, l’école du marketing par excellence! Pourtant, elle se rend compte rapidement que ce qu’elle veut par dessus tout c’est d’être sa propre “boss”: « Je voulais créer quelque chose, révolutionner une industrie. » Elle possède aussi une qualité qui la pousse à entreprendre: la prise de risque: « Je suis quelqu’un qui fonce sans réfléchir, c’est comme le bungee jumping si tu regardes en bas tu ne le fais pas autant regarder devant et sauter. »

Pourtant, cette fougueuse garde la tête sur les épaules et sait que pour elle « la boursière » sans argent, il faut déjà commencer par travailler avant de tenter l’aventure entrepreneuriale: « ma problématique a toujours été la suivante, comment compter sur moi et ne pas avoir besoin des autres.” Elle fait un pacte avec son petit ami et désormais mari et entrepreneur: « je lui ai dit: pendant deux ans, je subviens aux besoins de la maison et dans deux ans tu te salaries pour que je puisse commencer. »

La vie rêvée d’Arbia Smiti

Deux ans plus tard, en 2011, elle lance donc sa start-up, Carnet de mode, une plateforme de crowdfunding pour les jeunes créateurs de mode qui fait tout de suite le buzz: « le concept a tout de suite beaucoup plu car je donnais le pouvoir au consommateur de décider quel créateur devait émerger par rapport à un autre. » Pourtant, au delà du succès d’estime et du traffic, le business plan n’est pas concluant: « Quand on est entrepreneur la clé est d’arriver avec la bonne idée au bon moment »

Elle décide de « pivoter » et de créer la première marketplace pour les jeunes créateurs sur internet: « grâce à notre technologie innovante les créateurs peuvent créer leur E-Shop ». Carnet de mode prend ainsi un pourcentage sur les ventes qui peut aller de 35% à 50% pour les marques non exclusives au site. Aujourd’hui, plus de 300 créateurs sont présents originaires de plus de 36 pays.

Un succès qui n’a évidemment pas été simple au départ car elle était seule ce qui est un désavantage quand on veut lever des fonds: « 99% des startups qui réussissent comptent 2 fondateurs, être seul cela veut dire que l’on avance moins vite car je dois tout faire toute seule. » Une réalité qui peut évidemment faire peur aux investisseurs et qu’elle a du surmonter en y allant au culot: « Il faut convaincre avec sa gueule, sa personnalité, c’est pourquoi j’ai décidé d’aller pitcher, de leur raconter une histoire. »

Et ça marche, elle fait un premier tour de table en s’offrant le luxe d’avoir des business angels réputés dans le E-Commerce comme Marie-Christine Levet, Pascal Chevalier, Lara Rouyres ou encore Francesco Mayo. Grâce à eux, elle rencontre Elaia partners avec qui elle lève 1 million d’euros et commence à réfléchir à un vrai plan de développement du business. Aujourd’hui, elle travaille sur sa 3 ème levée de fonds et vise désormais l’international, son souhait de toujours.

Avoir un entrepreneur à la maison l’a assurément beaucoup aidé tout au long de ce parcours parfois solitaire: « je n’ai pas d’associé mais j’ai quelqu’un qui me comprend à la maison, il m’écoute et me challenge, il y a un vrai esprit de compétition entre nous et cela me «drive ». Un tempéramment de feu donc, qui est pour beaucoup dans le succès de son entreprise qui compte désormais 10 personnes originaires du monde entier.

En nous quittant, j’ai envie de lui demander ses conseils pour les femmes qui ont envie de se lancer, elle m’en donne trois qui semblent si bien la résumer:
« Faîtes des erreurs, j’ai eu longtemps du mal à accepter mes erreurs alors que on apprend de ses échecs! et enfin sachez vous entourer des bonnes personnes, les ressources humaines sont sont essentielles pour le succès, enfin sautez et ne réfléchissez pas trop car les femmes réfléchissent trop.” C’est dit !

Véronique Forge

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