Anne-Gabrielle Heilbronner : « Se priver de la voix des femmes constitue un immense gâchis. »

Anne-Gabrielle Heilbronner

Membre du directoire et Secrétaire Générale de Publicis Groupe, Anne-Gabrielle Heilbronner supervise la RSE, ainsi que le Women’s Forum for the Economy and Society, dont son entreprise est actionnaire majoritaire. Elle revient sur le rôle de cet événement, véritable vitrine du talent et de la créativité au féminin.

Qu’attendez-vous de cette nouvelle édition du Women’s Forum ?

Anne-Gabrielle Heilbronner : J’attends que ce soit un grand succès, que les participantes (et les participants !) repartent avec des idées nouvelles, plus inspirés et actifs. Ce forum doit se tourner vers l’action. Être un lieu où l’on vient chercher de l’énergie, de la force, le courage de faire bouger les choses.

Le Women’s Forum a une particularité ! Des femmes luttant pour leurs droits les plus élémentaires (droit à la santé, à l’éducation…) en croisent d’autres, généralement européennes ou américaines, qui bénéficient déjà de ces droits basiques. Ces dernières se battent pour que l’égalité devienne une réalité. Cela a un autre effet bénéfique. Lors de ce forum, les femmes en grandes difficultés dans leur pays d’origine se disent, quand elles nous voient, que beaucoup de choses sont possibles. De notre côté, leur situation nous rappelle à quel point il est important de continuer d’œuvrer pour une plus grande égalité entre les sexes.

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Depuis peu, vous avez la charge de tout le pan RSE de Publicis. Vous supervisez également le Women’s Forum, qui a intégré le groupe en 2009. Pour vous, quel doit être le rôle de cet événement ?

 Anne-Gabrielle Heilbronner : Son rôle doit être de permettre aux femmes de prendre une part active dans la résolution des conflits, qu’ils relèvent du terrorisme, de la performance économique ou autre. Dans tous les domaines, se priver de la voix des femmes constitue un immense gâchis.

J’ajoute que, depuis quelques années, les hommes sont de plus en plus nombreux à venir au Women’s Forum, ce qui ne fait qu’en renforcer la portée. Cela est très positif, tout comme l’internationalisation de plus en plus marquée de cet événement.

Le monde économique est actuellement en pleine transformation. Cette situation peut-elle représenter une opportunité pour les femmes ?

Anne-Gabrielle Heilbronner : Je pense que cette transformation est tellement profonde que l’on n’en prend pas pleinement la mesure. Elle s’exerce chez nos clients, au sein même de notre entreprise. Cette situation appelle à appréhender les choses sous un angle différent. Les solutions ne viendront pas d’une armée de clones, ayant tous le même profil. En cela, le contexte général, le numérique, peuvent constituer des opportunités d’évolution pour les femmes.

C’est l’une des raisons pour lesquelles Publicis Groupe a décidé de racheter le Women’s Forum en 2009. Nous considérons indispensables la diversité et la transformation de nos organisations.

L’émergence du numérique, de l’intelligence artificielle, représente-t-ils une opportunité pour atteindre plus de parité ?

Anne-Gabrielle Heilbronner : Oui, car l’on manque d’outils pour analyser les candidatures de « manière neutre », en supprimant totalement les biais de genre, mais aussi de religion par exemple. En ce sens, les nouvelles technologies peuvent permettre de détecter des profils féminins qui, auparavant, n’étaient pas visibles.

Dans beaucoup de grandes entreprises, on observe que les femmes se découragent au fil de leur carrière, lorsqu’elles évoluent en âge et en séniorité. Un certain nombre de techniques issues du numérique, déjà utilisées pour prévenir l’absentéisme, pourraient permettre d’analyser le contexte et d’évaluer ce qu’il faudrait mettre en place pour aider ces potentiels féminins à s’accrocher, à passer les étapes charnières.

Quel regard portez-vous sur les formes de travail émergentes ?

Anne-Gabrielle Heilbronner : Lorsqu’un employé franchit le seuil d’une entreprise, il vient chercher bien entendu son salaire, mais est également en quête de sens. Ce paradigme entraîne une mutation du rapport au travail.

Parallèlement, les qualités que l’on attend des professionnels changent également : on doit être agile. Les seules compétences techniques ne suffisent plus, il faut en permanence pouvoir évoluer et s’adapter. Cela vaut pour les jeunes, comme pour les patrons !

Dans ce monde du travail mutant, les nouvelles technologies, l’intelligence artificielle vont jouer un rôle important. Lors du Women’s Forum, l’anthropologiste Melissa Cefkin, par ailleurs directrice scientifique chez Nissan, viendra d’ailleurs évoquer ce sujet.

Quel conseil donneriez-vous aux jeunes femmes qui se lancent dans la vie active ?

Anne-Gabrielle Heilbronner : Never give up !

Claire Bauchart

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