Stéphane Szerman nous apprend à ralentir

Stéphane Szerman

À l’heure ou nos vies ressemblent à une course de relais entre travail, vie privée et réseaux sociaux, le livre « Ralentissez » nous donne les clés pour réapprendre à vivre en faisant le choix de la lenteur. Stéphane Szerman, psychothérapeute et co-auteur de l’ouvrage, nous éclaire sur les risques d’une vie à toute allure et nous donne quelques conseils pour entamer la détox de l’urgence.

À qui s’adresse le livre ?

Stéphane Szerman : Ce livre s’adresse à tous, à tous ceux qui prennent conscience que nous sommes dans une société fascinée par la vitesse, le culte de l’urgence et que cette vie nous épuise et nous met en danger. Nous sommes de plus en plus nombreux à ressentir le besoin de décélérer.

Aviez-vous l’art de la lenteur dans les gènes ou avez-vous vous aussi dû apprendre à ralentir ? Dans le second cas quel a été le déclic ?

Guide Dev Persot

Stéphane Szerman : Je suis un grand malade de la vitesse et c’est pour ça que je me suis intéressé au sujet. Mais le déclic est venu d’un drame familial. On a perdu un enfant dans ma famille et à partir de là j’ai vu les choses différemment. J’ai fait le tri entre l’utile et l’accessoire, j’ai cherché à voir ce qui est fondamental, à trouver du sens à ce qui nous arrivait et j’ai trouvé un grand intérêt à décélérer.

À aller trop vite que risque-t-on ?

Stéphane Szerman : Stress, dépression, démotivation, anxiété, angoisse, burn out mais aussi déficit de la mémoire sont autant de maux liés à une vie trop dans l’urgence. Et pour réajuster tout ça on a parfois tendance à se réfugier dans l’alcool, les médicaments, les drogues, les sites de rencontre aussi !

Quels sont les bénéfices d’une vie plus « slow » ?

Stéphane Szerman : Tout d’abord retrouver un peu de liberté, on sait que décélérer va permettre de redonner du temps et un délai de réflexion supplémentaire sur le sens de nos actes. C’est l’occasion de classer les choses par priorité plutôt que de tout faire de façon précipitée et anarchique. Mieux faire les choses c’est aussi retrouver l’estime de soi. Quand à notre rapport aux autres prendre du temps est essentiel, c’est se rendre plus disponible pour nos proches.

Est-ce  difficile de vivre plus lentement ?

Stéphane Szerman : Oui, un peu. La difficulté lorsqu’on se décide à ralentir c’est de trouver le moyen de le faire en même temps que nos proches. Quand on est dans la course, on est finalement sur le même rythme que tout le monde et en acceptant de décrocher on craint l’exclusion d’une certaine façon. C’est comme arrêter de fumer quand tout le monde autour de soi enchaîne les cigarettes. C’est dur mais c’est possible.

Vous parlez dans votre ouvrage du lien entre l’éducation et le fait de ne pas savoir ralentir, pensez-vous qu’il soit nécessaire d’apprendre aux enfants, dès le plus jeune âge, à vivre plus lentement ? Pouvez-vous nous donner quelques conseils pour y parvenir ?

Stéphane Szerman : Je pense qu’il faut sensibiliser les enfants très tôt, les aider à redonner place à la créativité et à lâcher les objets connectés. On est pris dans cette pathologie d’après-guerre qui est de donner aux enfants ce dont on a manqué à tout prix, on remplit leurs agendas alors qu’il faudrait leur apprendre à s’occuper seuls, à voir leurs copains, à lire… Vous pouvez par exemple organiser des vacances détox, des petits weekends atypiques, il n’y a pas besoin d’aller loin pour vivre des aventures extraordinaires !

Qu’est-ce que la digital détox ?

Stéphane Szerman : Le principe c‘est de déconnecter, de prendre du temps pour soi, de s’offrir un espace hors connexion de façon à atténuer toute source de stress et d’anxiété à travers des activités, des massages, du repos. Partez une semaine plutôt qu’un weekend pour vraiment en tirer des bénéfices et apprendre à appliquer ce mode de vie au quotidien.

Quels sont vos conseils pour se lancer ?

Stéphane Szerman : Donnez-vous un peu de temps pour réfléchir, commencez par un dimanche sans connexion, ou une soirée où vous déciderez de ne pas regarder la télé et apprenez à vous ennuyer. On ne perd rien à laisser de côté son téléphone ou ses mails pendant une journée !

 

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