Silicon Valley : la série que les startupeuses devraient toutes regarder !

Silicon Valley une série pour les startupeuses

Des incubateurs qui fleurissent, des espaces de co-working investissant les quartiers les plus branchés des capitales européennes, des success stories à la une de nombre de magazines business et une série, “Silicon Valley”, qui met en scène la vie d’un entrepreneur: les startupeurs sont incontestablement les nouvelles stars de ces années 2010. De quoi susciter nombre de vocations… et quelques désillusions. Décryptage des pièges à éviter !

Un jeune entrepreneur visionnaire, ancien étudiant de Standford, viré de sa propre startup par son principal investisseur, avant d’être accusé de plagiat par le moteur de recherche le plus puissant au monde et expulsé de l’incubateur qui hébergeait son équipe: ce parcours est celui de Richard Hendricks, brillant ingénieur de la côte Ouest des Etats-Unis ayant mis au point un algorithme révolutionnaire de compression de fichiers, colonne vertébrale de sa startup Pied Piper. Si ce nom vous est étranger, vous ne faites pas partie des quelques millions de geeks à suivre la série “Silicon Valley”, diffusée sur la chaîne américaine HBO depuis 2014.

“Gare aux paillettes entrepreneuriales”

Une fiction certes, mais orchestrée par une armée de consultants, au premier rang desquels Dick Costolo, entrepreneur et PDG de Twitter entre 2010 et 2015. La recette impérative pour lever, tout en réalisme, le voile sur les galères des start-upers. De fait, au cours des trois saisons déjà diffusées, le parcours de Richard Hendricks est semé d’embûches et de périodes d’angoisses, loin du romantisme parfois véhiculé autour de l’entrepreneuriat.“En ce moment, l’engouement pour ce sujet est très fort, reflétant probablement notre situation économique un peu complexe et les aspirations de la jeune génération“, commente Emmanuelle Duez, fondatrice de la start-up de conseil The Boson Project et lauréate 2015 du prix La Tribune Women’s Awards dans la catégorie start-upeuse de l’année. “Mais gare aux paillettes entrepreneuriales,” poursuit-elle. “Ceux qui apprécient de manger des pâtes pendant trois ans pour avoir neuf chances sur dix d’échouer ne sont pas plus nombreux qu’hier.”

Mini Guide Entrepreneuriat

Les associés : un choix fondateur

Ne pas céder trop facilement au miroir aux alouettes vendu sur papier glacé, c’est également ce que préconise le businessman américain Roger McNamee, investisseur et lui aussi consultant pour la série “Silicon Valley”: “les startups dignes de ce nom traversent l’enfer,” déclarait-il en juin dernier au New Yorker. A l’image justement de Pied Piper, la societé de Richard Hendricks. Le héros de HBO manque, entre autres péripéties dignes de générer les pires ulcères, d’être lâché à plusieurs reprises par ses associés. Une mésaventure dans la lignée de celle connue par Emmanuelle Duez.

J’ai commencé avec des associés pour m’en séparer par la suite avec pertes et fracas”, raconte-t-elle, estimant que bien choisir ses partenaires constitue sans aucun doute l’un des moments les plus compliqués dans la construction d’une startup. “C’est plus engageant qu’un mariage et cela fonctionne souvent pour des raisons irrationnelles, relevant de l’alchimie. Pour ma part, cela n’a pas marché pour des questions, notamment, de rivalité.”

Le partage de capital entre fondateurs, reflet de valeurs communes

Une problématique récurrente que Mounia Rkha, aux manettes du Seed Club, branche dédiée aux entreprises en gestation chez le fonds spécialiste des entrepreneurs du web Isai, a appris à détecter dès qu’une équipe de startupers lui expose un concept: Lorsque des entrepreneurs pitchent, si jamais ils se coupent la parole devant moi, il y a peu de chances que je fasse le deal, affirme-t-elle.”Même s’ils ont le meilleur projet du monde!”, renchérit-elle, insistant sur l’importance, dès le départ, d’un partage de valeurs communes entre associés. Un sujet largement abordé dans la série “Silicon Valley”. Pour concrétiser l’engagement de ses associés, ingénieurs surdiplômés ayant renoncé à des postes en or pour le suivre, Richard Hendricks leur offre des parts de sa startup. “Ce point est crucial”, commente Mounia Rkha.

Certains créateurs donnent 50% de leur startup à leurs associés, d’autres répartissent le capital en fonction de ce que chacun apporte au projet. Quoiqu’il en soit, il est fondamental que ce partage initial soit la traduction de valeurs communes.” Des relations humaines essentielles donc au bon développement de l’entreprise, et quand l’alchimie tourne au vinaigre, certains fonds d’investissements n’hésitent pas à prévoir des plans B: “il existe des clauses de bad leaver-good leaver. Par exemple, si l’un des associés démissionne sans raison, il ne garde pas ses parts, ce qui permet d’associer son remplaçant au capital”, explique Mounia Rkha.

Investisseurs et “fit” humain

Etre un minimum vigilant sur ses associés donc, mais également, sur ses investisseurs. “Beaucoup de startups n’ont pas le luxe de pouvoir choisir entre plusieurs investisseurs,” commente Mounia Rkha. “Néanmoins, le mieux est d’appeler des entrepreneurs travaillant déjà avec le fonds en question, voire avec le partner avec qui vous comptez collaborer. La question du “fit” humain est cruciale.” Fast-checker la réputation du fonds qui pourrait ou pas vous faire grossir, c’est justement ce qu’a oublié de faire notre Richard Hendricks, en répondant trop vite positivement aux avances alléchantes de Russ Hanneman, investisseur bling-bling, avant de s’avérer véreux.

Des idées… et des actes!

Un peu plus tard dans la série, flatté par l’intérêt que lui témoigne, au cours d’une réunion, le conseil exécutif d’une entreprise tech, potentielle cliente de sa start-up, le héros de HBO détaille avec un peu trop d’enthousiasme les contours de son algorithme, avant d’être arrêté dans son élan (juste à temps!) par l’un de ses associés. Des histoires comme celles-ci, Mounia Rkha en a déjà entendues mais tient à nuancer le risque réel: “même si un groupe transmet votre idée en interne, les chances qu’elle soit concrétisée de la même manière et avec les mêmes répercussions que celles que vous avez imaginées sont assez minimes.”

Pour cette entrepreneure et investisseure, malgré tous ces obstacles, le pire des écueils reste encore de ne pas se lancer, en s’accrochant à un concept hypothétique: “une idée n’a aucune valeur. Ce qui compte, c’est comment vous la concrétisez avec moins de temps et d’argent que les autres.” Une réflexion rejoignant celle d’Emmanuelle Duez: une bonne idée ne vaut rien. Ce qui fait la différence, c’est la pugnacité du porteur de projet, sa capacité à convaincre une équipe, des investisseurs.” Et de conclure: “lorsque des entrepreneurs me demandent des conseils tout en affirmant ne pas pouvoir me dévoiler leurs idées, j’ai surtout envie de leur dire qu’ils n’ont rien compris…”

Claire Bauchart

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