Renouer avec vos forces intérieures : la clé anti burnout

forces intérieures

Alors que plus de deux salariés sur dix sont au bord du burnout, la sophrologue Clémence Peix Lavallée nous invite à nous prémunir de l’épuisement physique, émotionnel et mental en renouant avec nos forces intérieures. Explications.

Saviez-vous que 60% des burnout se développent sous l’impulsion de facteurs endogènes ? Autrement dit, le burnout est étroitement lié à notre manière de fonctionner, notre hygiène de vie, nos croyances ou encore notre capacité à gérer nos émotions. Voilà pourquoi depuis quelques années les « soft skills » sont sur le devant de la scène. Dans son livre « Trouver ses forces intérieures, surmonter le stress et le burnout » (éditions Odile Jacob), Clémence Peix Lavallée nous explique ainsi que notre capacité à affronter le stress et les déconvenues dans le monde du travail résulte clairement de notre habilité à savoir reconnaître nos limites, oser dire ce qui ne va pas sans culpabilité ni agressivité, ou encore savoir écouter les autres… et en premier lieu soi.

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Pour ce faire, la sophrologue s’en remet à la médecine traditionnelle chinoise qui estime que l’être humain dispose de trois niveaux d’énergie : physique, émotionnel et mental. Dès que l’un d’eux est négligé, il ne peut plus il y avoir d’harmonie. « Je rencontre de nombreux dirigeants qui me disent qu’ils ont le mental, et en même temps, ils tombent sans cesse malades. En réalité, c’est le niveau le plus faible qui va colorer les autres. C’est pourquoi il est impossible de négliger l’une de ces trois dimensions », explique l’auteure.

Être bien dans sa peau

Du sport mais pas en excès 

Le burnout a la particularité de se développer après une phase de stress chronique, même s’il est de faible intensité. Le corps n’a en effet plus le temps de récupérer, c’est pourquoi il est important dans un premier temps d’agir physiquement sur le mécanisme du stress. Or, le sport a cette faculté de faire circuler l’énergie vitale (le Qi). « Le sport permet de drainer les émotions et d’évacuer tout ce qui est toxique. Après une séance, on arrive à se recentrer », note Clémence Peix Lavallée.

Il semblerait que la bonne dose de sport se trouve entre 3 et 5H d’activité par semaine. Mais attention, il s’agit de sport doux et non pas de sport performance. Pourquoi ? Car il épuise le Qi, cette fameuse énergie vitale qui nous porte dans la vie. « La production d’énergie dans nos cellules passe par les mitochondries, responsables aussi de la libération de radicaux libres dont on sait qu’ils accélèrent le vieillissement. Trop de sport peut donc engendrer une usure précoce du corps », observe l’experte.

De plus, l’adrénaline libérée par les sports très physiques réside jusqu’à 72H dans le corps, ce qui engendre un sentiment de surpuissance qui peut s’exprimer aussi au travail, et pousser à l’épuisement sans que la personne s’en aperçoive. « Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que les gens utilisent le sport pour être performants au bureau. Les marathoniens sont en général des personnes qui cherchent à atteindre l’excellence partout », souligne la sophrologue.

 Remettre du yin dans sa vie

A l’inverse, les activités très yin, qu’il s’agisse du tai chi, Qi qong, yoga, de la sophrologie, de la danse ou de la marche afghane, permettent de rajeunir les cellules de la peau ou encore de retarder le vieillissement des organes de 10 ans. Ces activités cumulent à la fois une conscience du souffle et une présence au corps. Et il est toujours bon de mettre plus de yin dans nos vies tant nous sommes submergés par le yang. En plus de réduire toujours plus notre temps de sommeil (un moment yin), nous nous faisons bombarder par une tonne d’informations (yang). Résultat : nous sommes à bout de souffle, incapables de nous concentrer.

Adopter la pause dynamique

Soucieuse de rééquilibrer le yin et le yang, la sophrologie ambitionne de nous faire retrouver cet état de paix intérieure qui nous échappe la plupart du temps. A ce titre, la pause dynamique est un moment de récupération qui se base sur la détente musculaire, la respiration et la concentration. « Lorsque l’on médite, il faut environ 45 minutes pour atteindre cet état où l’on est juste bien, sans jugement, dans l’acceptation totale de ce qui se passe en soi et autour de soi. Avec la sophrologie, on met en place un processus dynamique pour arriver plus rapidement à cet état », précise Clémence Peix Lavallée. C’est d’ailleurs pour cette raison que l’armée forme ses militaires à certains exercices de sophrologie afin de les aider à gérer des situations de stress et d’urgence.

 

Se réapproprier ses émotions 

Faire circuler les émotions

Les émotions forment le deuxième niveau d’énergie. D’après la spécialiste, toutes les émotions qui nous traversent sont bonnes dans la mesure où elles ne restent pas trop longtemps en nous. Leur objectif est de nous mettre en mouvement. Elles ne doivent pas non plus être déconnectées de la réalité parce qu’un souvenir ressurgit et nous remet dans un état émotionnel passé. « En Occident, nous sommes très limités au niveau émotionnel. Les quatre émotions qui nous traversent le plus sont la peur, la colère, la tristesse et la joie exaltante. Mais on ne nous enseigne pas à ressentir la joie calme. En d’autres mots, la sérénité », observe la sophrologue.

Ces quatre émotions sont primaires et ne sont en réalité ni positives, ni négatives. En revanche, toutes consomment beaucoup d’énergie. La peur est en quelque sorte l’opposé de la colère car elle bloque l’émotion, tandis que la tristesse engendre un repli sur soi à l’inverse de la joie exaltante qui est un état qui nous élève.

Ne pas tout attendre des autres

Clémence Peix Lavallée

« Les émotions nous parlent à nous, elles ne sont pas là pour polluer les autres. En entreprise, je pense que l’on est allés trop loin dans le partage émotionnel d’autant plus que les émotions sont très contagieuses. Certaines personnes se mettent dans une position infantile et attendent que les autres changent. Or, les émotions parlent d’abord à soi, elles nous révèlent ce qui est essentiel pour nous, et doivent nous mettre en action. Nous ne devons pas attendre que l’autre décide à notre place », insiste Clémence Peix Lavallée. Ainsi, la peur nous indique qu’il y a un danger, la colère que l’on s’est senti bafoué dans la reconnaissance de son identité ou que l’on a empiété sur notre territoire, et la tristesse que quelque chose ou quelqu’un nous manque.

Cultiver l’esprit

Stopper la pensée calculante

L’esprit est le dernier niveau d’énergie et sans doute celui qui nous échappe le plus. Chaque jour, plus de 60 000 pensées traversent notre cerveau, et 90% d’entre elles sont identiques à hier. Cela est notamment dû à la place trop importante que prennent les pensées obsessionnelles. « Nous n’utilisons qu’une partie de notre cerveau avec la pensée ruminative et calculante. Cela se produit notamment lorsque nous sommes stressés et que nous ne faisons que des copier-coller de ce que l’on a appris machinalement », précise Clémence Peix Lavallée. Une pensée non créative que nous mettons désormais en concurrence avec la machine et qui nous abîme et nous abrutit au travail.

Privilégier la pensée créative avec les ondes cérébrales alpha

Dans un monde en pleine mutation, il est donc plus que jamais essentiel de développer la pensée créative. C’est tout l’objet de la méditation qui s’est déployée à grande échelle dans l’Occident. Et il était temps ! « Les enfants rêveurs se font taper sur les doigts à l’école. On leur demande de recracher des connaissances alors qu’ils utilisent en réalité bien plus de fonctionnalités dans leur cerveau », souligne Clémence Peix Lavallée. Cette pensée créative s’épanouit lorsque les ondes cérébrales sont en mode alpha. Elles sont favorisées par un sommeil réparateur et une bonne gestion du stress. A l’inverse, une mauvaise gestion du stress fait passer nos ondes cérébrales en mode bêta, et nous pousse à trouver la solution la plus rapide et donc celle que l’on a apprise, sans créativité.

Utiliser l’arme de la visualisation positive

Lorsque l’on ferme les yeux, le cerveau se met immédiatement en ondes alpha. Il se produit la même chose avec l’hypnose, la sophrologie et la méditation. La visualisation positive est une technique très efficace car elle permet d’activer des ressentis passés en modifiant la biologie de notre corps. Selon que l’on a besoin de se réconforter, de booster son énergie ou encore de se donner du courage, on peut ainsi favoriser la production d’ocytocine, dopamine ou sérotonine en se remémorant de bons souvenirs ou encore en visualisant la version idéale d’un événement à venir.  « Il faut répéter et encore répéter ces exercices, mais leurs résultats peuvent être extraordinaires », assure Clémence Peix Lavallée.

En travaillant sur ces trois niveaux (physique, émotionnel et mental), on parvient ainsi à identifier nos forces intérieures et à se prémunir du burnout, ou même à remonter la pente quand celui-ci s’est déjà déclaré. « Personne n’est immunisé contre le burnout, et le burnout nous concerne tous », lance l’auteure. Il ne nous reste donc plus qu’à prendre soin de nous.

@Paojdo

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