Marlène Schiappa, ses conseils pour une maternité zen !

Marlène Schiappa, ses conseils pour une maternité zen !
25% : c’est la proportion de femmes françaises interrogées sur leur envie de maternité lors d’un entretien d’embauche, un taux qui grimpe à 37% chez les trentenaires, selon un sondage CSA. Une statistique, parmi de nombreuses autres, illustrant la pression professionnelle qui entoure la maternité. Dès lors, comment aborder sa grossesse sereinement ? Eléments de réponse avec Marlène Schiappa, fondatrice de Maman travaille, réseau de mères actives, et auteure de plusieurs livres dont Je reprends le travail après bébé (Tournez la page).

1) Entretien d’embauche : devez-vous révéler votre grossesse ?

Une postulante à un emploi n’est pas tenue de révéler sa grossesse lors d’un entretien d’embauche ou de la signature d’un contrat de travail. « On entend encore trop souvent des questions comme « comptez-vous avoir des enfants ? » lors des entretiens d’embauche, alors que c’est illégal », pointe Marlène Schiappa. En théorie, les recruteurs refusant d’embaucher une candidate pour cause de grossesse s’exposent à une sanction pénale pouvant aller jusqu’à trois années de prison et 45 000 euros d’amende. Dans les faits bien entendu, beaucoup trouvent d’autres excuses pour écarter une candidature qu’ils estiment embarrassante. « Mais il est aussi vrai que l’on ne part pas sur une relation très constructive en cachant une grossesse », tempère Marlène Schiappa. « Il faut bien prendre en compte tous les paramètres avant de décider d’évoquer ou non sa grossesse en entretien. » Une équation qui diffère selon les cas donc.

2) L’annonce : un moment politique

 Informer sa hiérarchie de sa grossesse, un moment redouté : une Britannique sur trois redoute ainsi d’annoncer sa prochaine maternité à son patron, selon un sondage effectué en 2013 par un cabinet anglais. . Une donnée est d’un autre âge et sans fondement : légalement, rien ne vous contraint à annoncer à votre patron que vous attendez un enfant. Inutile de préciser cependant que dans les faits cette étape reste incontournable. « Cette annonce est d’autant plus délicate, que l’on ne peut jamais anticiper la réaction de l’employeur », commente Marlène Schiappa. Comme dans tout épisode professionnel, la diplomatie et le politique tiennent le premier rôle : respecter l’ordre hiérarchique est crucial. « Prévenez d’abord votre manager, recommande la fondatrice de « Maman travaille », et immédiatement après vos collègues immédiats qui ne comprendraient pas de l’apprendre par quelqu’un d’autre. »

Puis surtout, barrez la route à toute spéculation managériale qui vous serait néfaste : vous vous apprêtez à devenir mère, certes. Cela ne vous rend pas pour autant moins professionnelle. « Je conseille de donner une date de retour, ajoute Marlène Schiappa, même si vous n’en êtes pas certaine. » Une façon d’éviter d’être perçue comme une « partante »…

3) Gérez votre communication !

Une fois votre grossesse annoncée, l’écueil classique à éviter est de devenir la bête curieuse de l’open-space : en clair, la salariée dans un état « délicat » que l’on harcèle tous les trois jours au sujet du sexe ou du prénom de son futur enfant. Des thématiques bien plus divertissantes que vos dernières présentations powerpoint. N’hésitez donc pas à signifier votre intérêt pour des nouveaux dossiers ou autres sujets strictement professionnels. Bref, évitez dans la mesure du possible, de modifier votre attitude. D’autant que votre vie intime et celle de votre conjoint doivent rester privées, par définition.

4)Quid des petites réflexions déplaisantes ?

On a beau être en 2015, les remarques machistes sont malheureusement toujours d’actualité dans beaucoup d’entreprises (du type « un homme qui attend un enfant ça ne se voit pas, alors qu’une femme disparaît plusieurs mois » ou la variante « une femme enceinte est fatiguée donc moins productive »). Un petit recadrage ne fait jamais de mal : « En Russie, souvenez-vous que l’on mettait des athlètes enceintes pour décupler leurs performances », rappelle Marlène Schiappa.

5) Anticipez votre absence

Sauf problème inattendu, un congé maternité a le mérite de pouvoir s’anticiper. Outre les dossiers à boucler avant de partir ou la passation de témoin, l’idéal est de pouvoir orienter le choix de son remplaçant… Une façon de partir plus en confiance et sans arrière pensée. Prévenir ses clients et autres contacts professionnels ne fait jamais de mal. Puis surtout : au moment de partir, rappelez bien à tout le monde votre date de rentrée. Un congé maternité n’est pas un départ, juste une parenthèse.

6) Identifiez bien vos alliés dans l’open-space !

Votre congé maternité vient de débuter : votre bureau est monopolisé par un ou une remplaçante et pendant vos contractions, vos collègues vont continuer de réseauter, performer voire fayoter… Pour ne pas vous couper totalement de votre vie professionnelle, l’idéal est encore de rester en contact régulier avec quelques collègues de confiance, devenus amis pour certains, qui sauront vous tenir informée des projets en cours. En clair : entourez-vous de vigies et de sous-marins.

7) Ne vous isolez pas

 Devenir mère chamboule tout, l’équilibre tant personnel que professionnel. La grossesse est « une expérience physique intime, qu’aucune femme ne vit de la même manière », commente Marlène Schiappa. Le congé maternité est lui aussi vécu comme un temps intérieur, de recentrage sur soi et sa nouvelle vie. Cependant, évitez dans la mesure du possible de vous isoler : renouer en douceur avec vos collègues par quelques mails ou coups de fils peut permettre de mieux appréhender votre retour au bureau.

8) Anticipez votre retour

 Le retour au travail après plusieurs mois d’absence constitue un moment pivot : confrontée à sa nouvelle maternité ainsi qu’aux contraintes organisationnelles qui en découlent, une femme doit aussi parfois gérer l’accueil indélicat de certains collègues. Encore en 2015, beaucoup ont tendance à oublier qu’un congé maternité ne constitue pas une succession de semaines de vacances, mais une période compliquée physiquement et mentalement.

Afin de préparer le terrain en douceur, appeler son manager à quelques jours de la reprise afin de faire le point sur les dossiers en cours ne peut pas nuire… Une occasion également d’aborder des problèmes pratiques: les projets que vous allez récupérer, votre poste de travail que vous allez devoir réinvestir…

9) Ferme au bureau… et chez soi

 Gardez bien en tête cependant qu’un retour au bureau réussi ne dépend pas uniquement de vous ou de vos collègues… La place du conjoint est prépondérante. Marlène Schiappa pointe d’ailleurs l’existence de ce qu’elle nomme un « plafond de mère ». « Les femmes actives épaulées et encouragées réussissent mieux à tout concilier que celles devant tout gérer seules. Sans parler de celles confrontées à des partenaires estimant que c’est à leur femme de s’occuper des enfants en priorité », détaille la fondatrice de Maman travaille.

Une situation d’autant plus déséquilibrée que, côté masculin, être père est perçu comme un gage de stabilité. C’est en tous les cas ce que démontre une récente étude menée par l’université Furman en Caroline du Sud : ainsi, les pères de famille ont plus de chances d’obtenir de la part de leur patron l’autorisation de travailler en partie en télétravail, là où une telle demande transforme une femme en enquiquineuse notoire.

 10)Halte à l’autocensure

 Selon une récente étude IPSOS, 60% des jeunes femmes âgées de 18 à 29 ans ont d’ores et déjà intégré le fait qu’elles devront mettre leur carrière en stand by pour cause de maternité. L’autocensure reste un fléau féminin important : « les mères elles-mêmes s’empêchent bien souvent de postuler, ou d’aborder le thème de la promotion, insiste Marlène Schiappa. Elles pensent ne pas en être capables ou alors on les en dissuade en leur faisant comprendre qu’elles doivent avant tout être mères… » Plus d’un tiers des Français, hommes et femmes confondus, considèrent ainsi qu’une femme s’épanouira plus dans son rôle de mère que dans sa carrière professionnelle. A méditer…

@clairebauchart

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