Les Business Angels en France… et ailleurs

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Comment les investisseurs sont-ils accompagnés en dehors de nos frontières ?

Comment les investisseurs sont-ils accompagnés en dehors de nos frontières ? Eléments de réponse avec Philippe Gluntz, président de Business Angels Europe, regroupant les fédérations nationales de « BA » européens.

Fleur Pellerin a déclaré vouloir faire de la France un pays « où il fait bon investir ». Comment recevez-vous cette déclaration ?

Philippe Gluntz : On en est encore loin ! Il y a toujours beaucoup de freins à la création d’entreprises et à l’investissement dans les jeunes structures en développement. Nous avons pas mal de choses à rattraper pour être aussi attractifs que d’autres pays comme le Royaume-Uni par exemple.

Justement, en quoi certains Etats européens sont-ils plus attractifs ?

Philippe Gluntz : Au Royaume-Uni, il y a toujours eu une tradition de soutien des entreprises que l’on n’a pas encore suffisamment en France. Concrètement, le nombre de mesures permettant à de jeunes entrepreneurs d’être aidés par des investisseurs et des accompagnateurs est beaucoup plus important qu’en France. L’incitation côté anglais est très forte. En Grande-Bretagne, il y a également tout un environnement de soutien à l’accompagnement par la sphère publique des fonds investis par les Business Angels, chose que l’on n’a pas en France.

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Par ailleurs, en ce qui concerne l’Allemagne cette fois, je suis frappé de voir qu’il y a dans ce pays une tradition de soutien public à la création d’entreprises spécialisées dans les nouvelles technologies. Avec même récemment la mise en place d’un accompagnement significatif de la part du gouvernement fédéral.

Les Business Angels américains sont beaucoup plus actifs que leurs homologues français. Comment l’expliquer?

Philippe Gluntz : Aux Etats-Unis, lorsqu’une entreprise, dans ses premières années, perd de l’argent ou disparaît, on peut déduire les pertes accumulées au niveau fiscal. Cela est une incitation extraordinaire ! En France, l’entrepreneur a déjà du mal à prendre le risque, alors pour qu’un investisseur se mouille également en mettant de l’argent à disposition… Il faut instaurer un partage des risques avec l’Etat. Aux Etats-Unis, il prend la forme de cette réduction de pertes. C’est un facteur motivant très fort !

Par ailleurs, aux Etats-Unis, le nombre de personnes privées qui aident et financent les projets est très important, car le niveau de vie n’est pas le même.

Enfin, les Américains sont obligés de justifier d’un certain niveau de patrimoine pour être autorisés à investir dans de jeunes entreprises. La notion d’investisseur qualifié, qui n’existe pas en France, est très forte là-bas. Il y a une réelle tradition d’investissement.

Lorsque François Hollande avait déclaré en 2006 « je n’aime pas les riches », l’aviez-vous pris comme un signal anti-entrepreneurial ?

Philippe Gluntz : C’est sûr ! Aujourd’hui, le leitmotiv semble être : « j’aime les entreprises ». Cela nous paraît beaucoup plus positif, encore faudrait-il qu’il ne s’agisse pas simplement d’amour mais de preuves d’amour.

En France, je pense que l’on devrait inciter davantage les investisseurs à parier sur des jeunes entreprises. Au lieu de penser uniquement en termes de réduction du déficit budgétaire, nos dirigeants devraient regarder un peu plus ce qui se fait en Allemagne, en Grande-Bretagne ou encore aux Pays-Bas : ces pays se rendent bien compte que générer de l’emploi dans ce contexte de crise économique et financière requiert la création de jeunes entreprises.

 

Claire Bauchart

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