Le leadership s’apprend-t-il ?

le leadership
Alors que le terme « management » est aujourd’hui devenu totalement has been, on ne parle aujourd’hui plus que de « leaderhip ». Mais sommes-nous réellement tous des leaders en puissance qui s’ignorent ?

Transformer les managers en leaders, tel est l’objet récurrent des ateliers proposés aux dirigeants des grandes entreprises. Car ce n’est un secret pour personne : les modèles pyramidaux ont vécu. Du vent ! Place au leadership collaboratif, à l’empathie et à la bienveillance. Oui mais, dans la réalité, ces beaux concepts théoriques sont-ils suivis d’actions ? Car à l’évidence, le leadership ne se décrète pas. Il se vit. C’est d’ailleurs pour cela que certains experts ne veulent s’engager qu’en one to one auprès des dirigeants, estimant qu’il s’agit avant tout de pratique et non pas de théorie.

On ne nait pas leader, on le devient 

Pour certains, la course à l’apprentissage du leadership est jouée d’avance. « On ne peut pas apprendre les qualités du leadership parce que les leaders sont nés et non pas fabriqués », entend-t-on souvent. Une croyance parfaitement infondée d’après Liz Ryan, spécialiste du développement personnel et contributrice pour le magazine Forbes. Répondons immédiatement à l’énoncé : oui, le leadership se travaille, mais en se posant les bonnes questions. Trop de managers se demandent en premier lieu : « comment dois-je manager mon équipe ? », alors qu’ils devraient réfléchir plutôt à : « pourquoi les gens de mon équipe devraient m’écouter ? ».

De même, si vous pensez que vous méritez votre place avant tout parce que quelqu’un vous en a conféré le titre, vous faites fausse route. « Vous risquez alors de suivre la voix de votre supérieur et non pas votre propre voix intérieure », note la spécialiste. « Le leadership tient davantage de la notion d’influence que d’autorité », estime de son côté Marine Aubin, entrepreneure du numérique et membre du Comité des femmes à l’ONU. “Le leadership, c’est créer suffisamment de volonté dans chaque individu pour qu’il ait naturellement envie d’aller lui aussi vers cet objectif et vers ce but“, estime quant à elle l’entrepreneure et animatrice Hapsatou Sy.

Mini Guide Leader

Le leader, un chef d’orchestre

Leader est un savant jeu d’équilibre entre l’écoute et la prise de décisions. « Cela nécessite une certaine transparence quant à l’objectif et les obstacles potentiels, mais aussi de donner la parole à chacun pour trouver, ensemble, le moyen qui semble le plus pertinent à chaque étape du projet (…) Selon le contexte et son évolution, il sera plus efficace d’être dans l’empowerment et parfois d’être plus directif ou, à l’inverse, dans le consensus », souligne Marine Aubin. Une souplesse qui requière empathie et clairvoyance par rapport aux facteurs externes et internes. « Cela demande aussi une sorte de force, il faut sortir de sa zone de confort sans avoir peur du jugement des équipes. En effet, passer du consensus à l’autorité est parfois radical mais nécessaire », concède-t-elle.

Etre leader, c’est d’abord être connecté à soi

Si le développement personnel connait un tel essor, c’est qu’il est intimement connecté à la question du leadership. Vous ne trouverez pas un seul livre sur le thème qui ne vous expliquera pas qu’il faut d’abord faire un travail intérieur avant de prétendre pouvoir leader les autres. « Si on ne se connaît pas, si l’on ne parvient pas à trouver de l’honnêteté dans notre message, alors notre leadership va s’effriter », estime Charlotte Scapin, co-fondatrice de l’Empowerment Lab, qui propose de nombreux ateliers pour que chacun puisse développer son potentiel en faisant intervenir des personnes inspirantes.

D’après Marine Aubin, notre style de base de leadership provient de nos expériences passées, de notre éducation, culture, de notre environnement. « Un premier pas reste néanmoins d’être parfaitement conscient de son propre style et même de sa propre personnalité. Il est difficile d’être leader sans être conscient de soi, de ses forces et de ses axes d’amélioration. Des tests comme le MBTA permettent de se positionner et d’identifier les situations dans lesquelles toute notre valeur ajoutée va éclore, et celles qui nous “fragilisent” », affirme Marine Aubin qui anime aussi des ateliers au sein de l’Empowerment Lab.

L’importance des soft skills

Les soft skills sont désormais considérés comme clefs : leader, ce n’est pas édicter des règles, mais établir avant tout une relation de confiance, développer son intelligence émotionnelle, relationnelle. Aussi, nul besoin d’être extrêmement éloquent pour devenir leader. « Il existe de nombreux leaders qui ne sont pas nécessairement les personnes les plus bruyantes de la pièce », martèle Petra Wilton, du Chartered Management Institute dans les colonnes du Guardian.

Certes, certains caractères émergent naturellement plus que d’autres, « mais nous faisons témoigner des gens très inspirants aujourd’hui qui étaient de grands timides, ou encore en profond échec scolaire, et qui à force de rencontres et de travail ont réussi à sortir de leur zone de confort et ont intégré le leadership à leur personnalité », poursuit Charlotte Scapin.

Développer le potentiel de chacun

Pour Hapsatou Sy, le leadership est avant tout la faculté à dénicher les petites pépites au sein de son équipe. “Pour accroître son leadership, il va falloir développer sa capacité d’observation, sa capacité à détecter le talent des autres, sa capacité d’organisation. Il est aussi important d’avoir une capacité à déployer ou à transmettre son énergie et ne pas la garder pour soi, tout comme développer sa capacité à apprécier les succès en équipe et non pas seul, ne pas se les approprier mais toujours se dire que c’est le fruit d’une équipe“, estime-t-elle. Développer son leadership est donc un long chemin personnel qui requière à la fois conscience de soi éclairée et capacité à faire germer dans chaque membre de son équipe la graine du leadership.

@Paojdo

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