Intelligence artificielle: ruée vers un business futuriste

Intelligence artificielle: ruée vers un business futuriste
L'intelligence artificielle, avec ses déclinaisons multiples propres à investir d'innombrables secteurs, représente une manne financière naissante sur laquelle les géants de ce monde ont déjà commencé à lorgner. Décryptage.

Un chauffeur Uber qui, aujourd’hui, grâce aux systèmes GPS, se dispense de connaître les rues de Paris… Un médecin, demain, capable de livrer des diagnostics d’une précision impossible à atteindre en 2017… Les potentialités offertes par l’intelligence artificielle semblent quasi-infinies et propres à modifier les modes de fonctionnement d’innombrables domaines. “Les progrès en la matière ont été remarquables au cours des dernières années, en partie grâce aux mégadonnées (bigdata)“, commente le chercheur Claude Berrou. business futuriste

Ce professeur émérite à l’Institut Mines-Télécom Atlantique fut notamment à l’origine de la découverte, au cours des années 90, des turbo codes, une technologie utilisée, par exemple, pour l’ADSL ou la 3G. “Les applications vont se multiplier dans la médecine, la robotique, les véhicules autonomes ou encore la traduction automatique.

Des jeunes entreprises à l’avant-garde

Le langage, un secteur qu’a justement décidé d’investir, en 2015,  Jasmine Anteunis, en lançant, avec quatre associés, une start-up baptisée Recast.AI. Le principe? Développer une technologie permettant aux machines de comprendre un humain en train de parler. “Il y a encore quelques mois de cela, pas grand monde n’évoquait les applications conversationnelles,” s’amuse l’entrepreneure. “Aujourd’hui, on est en plein dedans!” De fait, créée en septembre 2015,

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Recast.AI est parvenue à lever 1 million d’euros en juin 2016, et dispose désormais d’une équipe de 16 personnes. Et la jeune pousse n’est pas la seule à susciter l’intérêt des investisseurs. En 2014 déjà, Google jetait son dévolu sur DeepMind, start-up britannique spécialiste de l’apprentissage automatique, se concentrant en particulier sur le développement de systèmes capables de mener des parties de jeux d’arcade ou de go.

Un marché lucratif en gestation

A l’époque, le moteur de recherche débourse pas moins de 628 millions de dollars pour racheter l’entreprise fondée quatre ans plus tôt. L’intelligence artificielle (IA pour les initiés), une discipline sur laquelle lorgnent les géants du net, mais pas que… En mars 2016, la Corée du Sud lance un plan de 765 millions d’euros dédiés au secteur.

Car les esprits les plus avisés ne s’y trompent pas: le marché de l’IA, boosté, non seulement par le développement du big data, mais également de l’hyperconnectivité des équipements ou encore de l’augmentation de la puissance de calcul, semble renfermer des potentialités insoupçonnées. En 2016, Tractica, cabinet d’analyse, estimait ainsi que le business de l’intelligence artificielle, appliqué à l’entreprise, dépasserait les 11 milliards de dollars d’ici 2024, contre 200 millions seulement en 2015. 

Une manne financière et technologique propre à rebattre les cartes de professions jusqu’ici tenues peu ou prou à l’écart des bouleversements engendrés par la digitalisation. “En aidant les chercheurs à trouver les informations pertinentes dans une littérature foisonnante, l’IA permettra, indirectement, à la médecine, la pharmacologie, bien d’autres disciplines encore, de progresser et fera ainsi valoir son utilité“, assure Claude Berrou.

Des possibilités… et des illusions?

D’ailleurs, ces larges bases de données ont permis de faire émerger des facettes entières de l’IA en peu de temps. Le deep learning par exemple. Courant 2015, “l’apprentissage profond“, basé sur des réseaux de neurones artificiels, a été adopté par des mastodontes du web: Google, IBM, Amazon…  Car cette technologie, reliée à un programme, permet bien des fonctionnalités: compréhension du langage parlé, reconnaissance du contenu d’une image… Des potentialités qui semblent parfois si insatiables que certains se prendraient à rêver d’un homme, et d’un cerveau augmentés. Un fantasme que Claude Berrou cherche pour l’heure à tempérer: “les connexions neuronales sont propres à chaque individu et donc non discernables“, explique le spécialiste. “Obtenir un cerveau augmenté, dans le sens d’une intelligence accrue n’est pas envisageable.” Et de conclure: “l’IA ne pénètrera jamais nos cervelles. Elle nous accompagnera à l’extérieur et j’espère que ce sera toujours pour notre bien.

@clairebauchart

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