Faut-il être fou pour être audacieux ?

être audacieux

Aujourd’hui, l’audace est un mot quelque peu galvaudé, chacun étant exhorté à se « dépasser » au quotidien. Mais quels sont les réels ressorts de l’audace ? Et faut-il nécessairement sauter dans le vide pour être audacieux ? Eléments de réponse avec les spécialistes du genre Maxime Fourny, serial startupper et auteur, et le duo Marion Derouvroy/Bérengère Wolff, fondatrices de Trafalgar Maison de Portraits.

« Le tout dans l’audace, c’est de savoir jusqu’où on peut aller trop loin »

Placardée sur le mur de leur bureau, cette citation de Jean Cocteau leur rappelle chaque jour de ne jamais s’endormir dans un quotidien ronronnant. Car l’audace, c’est un peu leur marque de fabrique. A Lyon, Marion Derouvroy et Bérengère Wolff ont tiré le portrait de toute une génération de jeunes entrepreneurs à travers un premier projet de magazine bénévole.

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« A l’époque, nous désirions simplement nous injecter une dose d’audace en rencontrant ces personnes inspirantes. Et parce que l’audace est contagieuse, peu à peu, on nous a dit que finalement, c’était nous les audacieuses », se souvient Marion. Il faut dire que depuis, les deux jeunes associées ont monté leur société et ont rapidement embauché pour se déployer dans un secteur auquel personne ne croyait plus : celui de l’écriture littéraire, affranchie de la soumission à l’urgence qui étouffe peu à peu les fast médias.

Et le succès est au rendez-vous : leur jolie plume a voyagé aux quatre coins de la France pour saisir les tranches de vie de grands patrons ou d’ouvriers, mais aussi de particuliers. Persuadées que « l’empathie a ses débouchés », Marion et Bérengère ont lancé leur maison de portraits haute-couture, sorte de studio Harcourt de l’écriture.

Marion Derouvroy et Bérengère Wolff (C) Romain Chambodut

« Le point commun de tous les audacieux est la quête de soi »

Profondément intuitives et connectées à leurs émotions, Marion et Bérengère sont la démonstration vivante que l’audace est avant tout liée à la quête de soi. Cette quête de soi permet de se remettre sans cesse en question afin de s’assurer que le projet que l’on mène est en réelle adéquation avec nos valeurs. C’est aussi la posture de Maxime Fourny, le serial entrepreneur qui a relevé le défi de monter 13 startups en 12 mois début 2018.

Entre temps, Maxime a aussi publié un livre aux éditions Eyrolles, Quelle audace, 50 histoires et leçons inspirantes pour aller au bout de ses rêves. « J’ai découvert un jour dans le livre de Bronnie Ware, “Les 5 regrets des personnes en fin de vie”, que le premier d’entre eux était “J’aurais aimé avoir le courage de vivre comme je le voulais, et non de vivre la vie qu’on attendait de moi”. Cette phrase peut sembler dure mais si on y réfléchit elle nous incite à comprendre ce qui nous motive vraiment, à voir dans quelle direction nous voulons aller, et montre l’importance de l’audace pour atteindre nos vrais objectifs », soutient l’auteur. Ainsi, le préalable à l’audace est sans aucun doute la connaissance de soi.

« L’audace se construit dans l’humilité », Guillaume Gibault, fondateur du Slip Français

Deux fois par an, Maxime prend ainsi le temps de s’interroger sur ses motivations profondes, ce qui l’aide ensuite à affronter les tempêtes inhérentes à la vie de tout entrepreneur. « Tous ceux qui ont lancé un projet entrepreneurial ou de manière plus générale un projet audacieux le savent… on se met en situation d’échec potentiel (voire probable !). Mais cela permet également d’avancer à un rythme incroyable, l’important étant malgré tout de profiter du chemin.

Personnellement depuis 2011, j’ai vécu un nombre d’échecs hors normes (bien plus que tous les gens que je connais d’ailleurs !), mais également quelques très beaux succès. Les échecs permettent de relativiser les succès mais aussi de mieux les comprendre et de conserver une vraie humilité, comme nous l’explique Guillaume Gibault dans le livre. Au début, j’avais l’impression de vivre des montagnes russes émotionnelles en permanence. Maintenant je vis les choses avec beaucoup plus de recul, de sérénité et globalement d’humilité par rapport à tout cela », nous confie-t-il.

Maxime Fourny

« Chacun doit trouver son audace »

Dans son livre, Maxime Fourny ne relate pas uniquement les aventures d’entrepreneurs à succès comme le fondateur du Slip Français, mais aussi celles des « héros du quotidien » afin que chacun puisse y trouver sa dose d’inspiration. Car oui, on peut être audacieux dans tous les pans de sa vie. « Je pense que nous devons tous trouver notre audace. Personnellement, je n’ai pas peur de monter une boîte, mais je suis très casanière et totalement perdue en voyage. D’après moi, il ne faut pas culpabiliser les gens qui ne seraient pas suffisamment audacieux au sens où on l’entend aujourd’hui », observe Marion Derouvroy.

« Par exemple, le couple que je forme avec mon conjoint peut sembler audacieux aux yeux de certains, car tandis que j’entreprends, c‘est lui qui reste à la maison pour s’occuper de notre enfant », renchérit Bérengère Wolff.

« L’audacieux ne saute pas sans élastique »

Si l‘audace fleurit partout, il faut également noter qu’elle n’est pas l’affaire de « fous ». Certes, l’audace demande de se mettre en danger, « mais l’audacieux va s’arrêter au bord du ravin et réfléchir au moyen de construire un pont pour le traverser », illustre Marion. Un point souligné par Frédéric Mazzella, le fondateur de Blablacar qui a signé la préface de Maxime Fourny. « Il existe un mythe de l’entrepreneur.e qui plaque tout et n’a plus aucune sécurité.

Dans la réalité, on constate que ceux qui ont prévu les bons élastiques sont souvent ceux qui réussissent le mieux. Comme l’écrit Frédéric Mazzella, il faut être audacieux pour sauter avec un élastique, mais il faut être fou pour sauter sans. L’idée est donc d’identifier les élastiques nécessaires avant de se lancer, et le meilleur moyen de les obtenir (exemple : financements, ressources techniques ou humaines, soutien…) », affirme Maxime Fourny.

Bien sûr, l’audace requière toutefois d’être capable de dépasser ses propres freins, mais comme aime à le dire l’auteur, « si la peur frappe à ta porte et que tu as le courage de l’ouvrir, tu t’apercevras que derrière, il n’y a personne ». Pour Marion Derouvroy, cela passe aussi par une certaine forme de naïveté, « je pense que pour être audacieux, il faut croire que les gens sont foncièrement bons. Autrement, si l’on se méfie de tout et de tout le monde en permanence, on ne peut pas avancer et parier sur l’avenir », affirme la jeune femme.

« L’important est d’être entouré »

Faire preuve d’audace, c’est enfin saisir des potentialités encore invisibles aux yeux des autres, ce qui peut parfois mener à une certaine forme de solitude.

« Quand j’ai lancé ma première startup (en 2011, elle existe encore d’ailleurs !), j’ai vécu cette solitude. Alors que j’étais bien entouré, je voyais que certains membres de mon entourage avaient beaucoup de mal à se projeter, à comprendre pourquoi je me lançais dans cette aventure qui présentait un très grand risque d’échec. Mais s’entourer, c’est aussi se nourrir de notre écosystème qui est de plus en plus développé en France. Cela nous permet de nous appuyer sur des personnes qui sont déjà passées par là et ont beaucoup plus de facilité à se projeter et à identifier des solutions pour les freins », lance Maxime Fourny, avant d’ajouter : « aujourd’hui, il est bien plus risqué de rester ancré sur ses positions que d’évoluer, de s’adapter, d’innover. Alors foncez ! ».

@Paojdo

>Découvrez Trafalgar, la Maison de portraits www.leportrait-trafalgar.com

>Retrouvez Maxime Fourny, le lien de son livre “Quelle Audace !” et son aventure des 13 startups en 12 mois sur son blog www.maximefourny.com.

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