Cadres : leurs nouvelles aspirations

Cadres

Flexibilité, autonomie, hiérarchie simplifiée… Les cadres de 2016, de plus en plus contaminés par les codes des start-ups, recherchent pour beaucoup des fonctions respectueuses de leur bien-être mais exigeant également engagement et prise d’initiative. Décryptage d’aspirations professionnelles en mutation.

Pour recruter un directeur de projets, nous avons commencé par recevoir un certain nombre de postulants, avant d‘ouvrir le recrutement à des profils soucieux de pouvoir organiser leur temps de travail.” Laetitia Aubras, directrice des ressources humaines de l’éditeur de progiciels Atexo, a alors recours à la plateforme House of Cadres, mettant en relation entreprises et professionnels en quête de flexibilité.

Cette démarche nous a amené des candidatures de très bonne qualité, auxquelles nous n’aurions pas eu accès en nous focalisant uniquement sur la recherche d’une personne à temps plein.”

Mini Guide Leader

Des techniques de recrutement, adaptées aux aspirations des années 2010

Cette professionnelle se félicite aujourd’hui d’avoir abouti au “recrutement fidélisé” d’une directrice travaillant 80% du temps et assure que l’épisode est loin d’être anecdotique. “Un certain nombre de plateformes d’emploi d’un genre nouveau se développent, dans la même veine qu’House of Cadres. Welcome to the Jungle ou Corner Job par exemple”, commente Laetitia Aubras. “Cela permet d’accéder à un nouveau type de candidats qui ne se rendaient pas forcément visibles sur d’autres sites de recherche d’emploi plus classiques.”

Une tendance reflétant les aspérités nouvelles de plus en plus réclamées par les cadres en entretien. De fait, d’après le baromètre 2016 publié par l’Union nationale des associations familiales, neuf salariés sur dix considèrent désormais l’équilibre des temps de vie comme un sujet de préoccupation important. 35% estiment même consacrer trop de temps à leur vie professionnelle.

Des exigences émanant notamment de populations qualifiées, ayant parfois été elles aussi bousculées par la crise. Elles n’entendent plus se dévouer entièrement à une seule et même entreprise. Face à cela, certains professionnels du recrutement s’adaptent. “Chez Atexo, nous sommes très engagés sur la problématique du bien-être, qui suscite de plus en plus de questionnements de la part de nos candidats“, constate Laetitia Aubras.

Bien-être et engagement : leviers de compétitivité

Flexibilité au travail, mais aussi perspectives d’évolution, hiérarchie simplifiée ou encore marge d’autonomie, autant d’ingrédients clés pour un nombre croissant d’employés. “La question financière a beau rester en bonne place, la convivialité est une valeur à laquelle nos postulants sont de plus en plus attachés“, poursuit la Drh d’Atexo. Selon le dernier baromètre du think tank Travailler Autrement publié en avril dernier, la part de cadres aspirant à un plus grand choix dans leurs horaires de travail est passé de 33% en 2014 à 41% aujourd’hui.

Des volontés poussant les entreprises de certains secteurs à s’adapter: si, d’après Travailler Autrement, le télétravail n’est pour l’heure effectif que dans 16% d’entre elles, 36% commencent à le mettre en oeuvre. Une hausse de six points par rapport à 2015.

Un souci de répondre aux attentes des salariés, facilité dans les start-ups et autres nouvelles structures, bénéficiant de leur agilité mais également souvent particulièrement conscientes des apports économiques découlant d’une bonne qualité de vie au travail. D’après l’institut de sondages américain Gallup, les structures valorisant le plus l’engagement de leurs collaborateurs tendent à booster non seulement leur productivité (+27%). Mais également leur satisfaction client (+10%). Elles observent parallèlement des taux d’absentéisme et d’accidents du travail plus faibles que ceux de leurs concurrents (-37% et -48%).

Une mutation du monde du travail, contrariée par l’organisation traditionnelle de la société

Des données reflets d’un monde du travail en pleine évolution tant sur la forme, avec l’explosion du co-working, que sur le fond, avec le développement d’un management de plus en plus circulaire, catalysé par l’augmentation du nombre de particuliers travaillant, contraints ou non, de manière indépendante. 

Même au sein d’une entreprise, nous poussons nos collaborateurs à plus d’agilité, de prise d’initiative, d'”entrepreneurship”,” affirme Laetitia Aubras, assurant que, “le CDI classique, permettant de se projeter sur dix ans dans une même structure, sans prise de risque ou presque, tend à devenir de plus en plus désuet.

Un obstacle majeur semble néanmoins freiner cette évolution. Le lien quasi-inextricable entre contrat de travail salarié, protection sociale et possibilités d’investissements.Tout ce qui est actuellement garanti par un CDI ne l’est pas dans d’autres types de statuts”, déplore Laetita Aubras. “Si vous n’avez pas un contrat à durée indéterminée à temps plein hors période d’essai, vous avez peu de chance de pouvoir contracter un emprunt immobilier”.

La société doit vraiment passer un cap pour s’adapter aux mutations. Une problématique dont quelques mouvements patronaux ont commencé à se saisir. Croissance Plus a ainsi lancé récemment la proposition, pour le prochain quinquennat, de créer un statut du travailleur indépendant. Cette proposition repose sur un socle de droits rattachés à l’individu et transférables d’une entreprise à l’autre.

Claire Bauchart

0
    0
    Votre panier
    Votre panier est vide