Notre assiette: booster professionnel ?

Alimentation et productivité : Notre assiette un booster professionnel?

Bien-être, créativité et performance professionnelles seraient-elles proportionnelles à notre consommation en fruits et légumes? Oui, selon les auteurs d’un récent article du British Journal of Health Psychology qui traite des liens entre nourriture et humeur. Enquête sur ce nouveau phénomène.

Café sucré, confiture étalée sur du pain blanc, le tout couronné d’un jus de fruits. Un petit déjeuner parmi d’autres ? « C’est ce qu’il y a de pire ! Il n’y a aucune fibre, on digère très vite. Résultat : une hypoglycémie au beau milieu de la matinée. Plus de son, plus d’images, on ne comprend plus rien à ce que l’on fait. » Un verdict signé Angélique Houlbert, nutritionniste auteure de nombreux livres, notamment La meilleure façon de manger ou Stress, les solutions naturelles (éditions Thierry Souccar). « Les aliments à l’index glycémique élevé, tels le pain blanc, les céréales industrielles, celles qui ne sont ni du muesli ni du flocon d’avoine, augmentent rapidement le taux de sucre dans le sang. Cela conduit le pancréas à sécréter de l’insuline. On se retrouve en hypoglycémie, agrémentée d’un coup de fatigue, des bâillements et la sensation de faim. » Au revoir la productivité !

Nourriture et fatigue: meilleures ennemies

Guide Dev Persot

 Car ménager son efficacité au travail consiste avant tout à digérer de manière optimale, comme le souligne Claude Aubert, ingénieur agronome, auteur de L’art de cuisiner sain (éditions Terre Vivante) : « une digestion laborieuse fatigue l’organisme. C’est autant d’énergie en moins de disponible ! » Pour ce spécialiste, exit donc les nourriture trop grasses, riches en mélanges, à base de produits animaux.

Angélique Houlbert pointe de son côté trois nutriments clés favorisant une meilleure gestion de l’angoisse. A commencer par la vitamine B6 que l’on trouve dans les céréales complètes, le thon, les cœurs de palmiers. Viennent ensuite les oméga 3. Présents dans les poissons gras ou les sardines à l’huile d’olive, ils ont un impact émotionnel.

« Ne pas oublier non plus les protéines », rappelle cette nutritionniste aguerrie. Et ce dès le petit-déjeuner. « Un acide aminé notamment est très important : la tyrosine, présente dans les noix, les yaourts mais aussi le jambon blanc. » Autant d’ingrédients qui, explique-t-elle, seraient particulièrement salvateurs en cas de manque de motivation le matin.

Sans oublier un nutriment de poids, le magnésium, dont beaucoup d’entre nous manquent sans le savoir. « Les petits fourmillements, les crampes, les paupières qui sautent un peu sont typiques d’une déficience en magnésium. On en trouve dans les amendes, les noix de cajou, certaines eaux minérales, et le vrai chocolat noir », poursuit Angélique Houlbert.

Autre dimension à prendre en compte, le mode de conservation des aliments. Pour Claude Aubert, « dès l’instant où l’on conserve des aliments, ils perdent leurs vitamines. Si vous cuisez un chou, l’un des légumes les plus riches en vitamines C, vous détruisez 10 à 20% de ses vitamines au bout de quelques minutes. » Un effet à relativiser pour une soupe, la plupart des pertes se retrouvant dans le potage. Autre exemple : « une salade au frigo perd un tiers de ses vitamines au bout de quelques jours. »

Sélectionner ce que l’on consomme et veiller au mode de conservation, certes, mais en quoi cela peut-il avoir un impact sur le stress généré par des agendas professionnels surchargés ?  Claude Aubert l’assure : « maltraiter l’organisme avec une mauvaise alimentation nuit à l’intellect. On peut faire un parallèle avec les performances des sportifs. » Et l’ingénieur d’alarmer : « il ne s’agit pas de confondre être en bonne santé et ne pas être malade. On peut ne pas souffrir d’une pathologie tout en ayant le foie surchargé. »

Quelles solutions pratiques ?

On l’aura compris, mauvaise alimentation rime avec efficacité en berne. Et nos rythmes au bureau n’arrangent rien à l’affaire: les Français ne consacrent en moyenne que 22 minutes à leur déjeuner contre 1h38 il y a 20 ans,  pointe une étude Malakoff Médéric. Une alimentation express sur fond de plats surgelés. Dans ce monde où tout va toujours plus vite, où les journées de travail sont longues et bien remplies, comment trouver le temps de s’alimenter productif ?

La clé de la réussite se niche avant tout dans quelques mauvaises habitudes. Premières cibles, fléaux de la digestion moderne : les écrans. « Manger devant un ordinateur, une télévision ne permet pas au cerveau de prendre conscience de ce qui se passe », analyse Angélique Houlbert. « Du coup, le sentiment de satiété tarde à apparaître et on mange plus. », conclut-elle.

Même son de cloches du côté de Claude Aubert : « si vous prenez le temps de bien mastiquer, ce que personne ne fait en mangeant en vitesse derrière un clavier, la digestion commence dans la bouche. Vous digérez ainsi mieux, et plus vite, tout en limitant l’impression de lourdeur, surtout si vous consommez des plats-surgelés. » Et ce spécialiste de soulever la faible qualité alimentaire de ces produits, souvent décriés : « ils sont trop gras et trop sucrés. Les industriels les préparent mal du point de vue nutritionnel, bien du point de vue économique, » ironise-t-il.

L’idéal donc, contrôler ce que l’on mange de A à Z. S’il est aisé de le faire le matin ou le soir, s’alimenter sainement le midi est parfois plus complexe. Sauf pour les adeptes des lunch boxes, dont Cléa, blogueuse culinaire aux 24 000 likes facebookiens et auteure de Mes p’tites gamelles, manger bio au bureau (éditions La Plage). Pour elle, la lunch box est cruciale à son bien-être : « au moment de l’ouvrir, je me dis que j’ai fait ça pour me faire plaisir. Cela apporte un peu de douceur dans la journée. »

Et à celles et ceux qui se plaindraient d’un manque de temps pour se chouchouter alimentairement le midi, Cléa regorge de solutions, la première, la plus évidente, étant de cuisiner plus le soir afin d’en avoir pour le lendemain. Mais pas seulement : « sur les blogs américains, beaucoup de filles expliquent avoir récupéré des bocaux à confiture. Elle prennent un heure et demi le dimanche pour y déposer une base de céréales cuites, qu’elles agrémentent de dés de tofus et de crudités. Elles les stockent dans leur frigo et en prennent un tous les matins. »

Pour les plus réfractaires, la blogueuse insiste : « ces dernières années, les fabricants ont fait des efforts sur les lunch boxes. On peut les empiler par exemple.  Ce que j’aime particulièrement est le concept japonais du furoshiki : un foulard en tissu que l’on noue autour de la gamelle, en y incluant les couverts. Au moment de manger, on s’en sert comme une nappe, ce qui évite de salir son bureau. »

De quoi faire trembler ce fameux sandwich au pain blanc et à la salade plastique vendu à prix d’or en grande surface…

Claire Bauchart

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