Delphine Remy Boutang, fondatrice de The Social Bureau

Delphine Remy Boutang, fondatrice de The Social Bureau

En France, elle passe pour « atypique », en Angleterre où elle a commencé sa carrière chez IBM en entrant comme elle le dit par la « petite porte », elle est considérée comme une « Self Made Woman ». Delphine Remy Boutang est en tout cas une entrepreneure dans l’âme qui a su à force de volonté et d’ambition réaliser ses rêves. Elle est aujourd’hui à la tête de The Social Bureau, une entreprise de Conseil en stratégie digitale qui conseille les plus grandes entreprises en France et en Grande Bretagne et surtout elle déborde de projets…

Rencontre avec la « social media guru » du moment !

Comment vous définiriez-vous,  Self made woman?

Une self made woman, c’est quelqu’un qui n’a jamais été très bonne dans les études et c’est vrai que j’ai rapidement décidé d’arrêter mes études de droit pour lesquelles je n’étais pas faite. En fait, je voulais être soit comédienne soit avocate !

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Votre premier job ?

Pour mon premier job, j’y suis vraiment allée au culot en disant que j’étais attachée de presse alors que je n’avais jamais fait cela de ma vie ! J’ai appris sur le tas.

D’ou vient ce culot ?

Je crois que c’est de l’ambition au départ. C’est l’envie d’y arriver et de s’en donner les moyens. Je crois que si tu crois en toi, les autres aussi.

Vous avez fait une partie de votre carrière à Londres, pourquoi avez-vous décidé de partir à l’époque?

J’étais partie pour apprendre l’anglais avec un job à la clé à mon retour chez Young & Rubican mais suis en fait restée 14 ans. Au départ, j’ai fait plein de petits boulots et rencontré beaucoup de gens qui m’ont aidée à chaque étape. Je suis vraiment tombée amoureuse de ce pays et de cette vision anglo-saxonne du travail qui consiste à dire, si tu veux faire, tu peux faire. Peu importe d’où l’on vient.

Au départ, vous avez eu ces jobs avec une dose de culot ?

J’en ai c’est vrai mais je crois que le fait d’aller vivre à l’étranger m’a aussi beaucoup apporté. Je n’avais pas le sentiment d’être jugée par rapport à mon milieu d’origine, mes études comme en France. Nous sommes  emprisonnés dans une sorte de carcan. Aux Etats Unis et en Angleterre, la notion de « Self Made Man » existe tout comme celle de l’échec qui est vu comme positif car elle encourage chacun à rebondir.

C’est ce qui vous a décidé à rester quatorze ans ?

En fait, j’ai rencontré mon futur mari, j’ai donc décidé de rester à Londres et suis rentrée chez IBM par la « petite porte » en tant qu’assistante d’un patron français qui était en charge du Retail Banking. Il m’a énormément appris et m’a donné de plus en plus de responsabilités qui m’ont donné envie de me replonger dans les études ce que j’ai fait grâce à IBM. Cela m’a permis de gravir les échelons. J’ai ensuite eu la chance d’être sélectionnée comme « Top Talent », le sésame pour faire la IBM Global Sales School.

Quel a été votre parcours après ?

Je suis passée par la communication, puis la vente puis suis devenue « Social Media director ». Pour ce dernier poste, 700 personnes ont postulé dans le monde.  Pour avoir le poste,  j’ai démontré que si nous voulions développer une stratégie à l’international, il ne fallait surtout pas que le poste revienne à un américain.  J’ai également utilisé les réseaux sociaux internes et me suis créé une visibilité en devenant tout d’un coup « social media guru » en une semaine. Ca a marché ! J’ai fait ce job de 2007 à décembre 2011 et ma société a démarré le 1er janvier 2012.

Comment est née cette envie de créer votre entreprise ?

Je pense qu’on est entrepreneure dans l’âme ou pas.  Chez IBM j’étais « intra-preneure », j’ai développé une stratégie, j’avais une équipe de plus de 200 personnes dans le monde. J’avais aussi énormément de clients qui venaient me demander de présenter la stratégie Social Media d’IBM. Je passais 50% de mon temps à donner du « free consulting ».  J’ai pensé que c’était une vraie opportunité « business » pour moi. J’aimais aussi bien l’idée de tout risquer.  A cela s’ajoute ma crise des 40 ans, je me suis dit que si je ne faisais pas cela maintenant, je ne le ferais jamais.

Qu’est-ce que fait The Social Bureau ?

The Social Bureau est une agence de Conseil de Stratégie digitale. Je conseille des clients comme La Poste, Orange, La Fnac ou encore SFR en France et en Angleterre la BBC, Lexis Nexis, Bloomberg. J’essaie d’avoir un chiffre d’affaire réparti à 50-50 entre les deux pays afin de donner une vision internationale de ce que l’on fait. J’ai également crée The Bureau qui est la « digital factory », une agence web qui met en œuvre la stratégie définie dans la partie conseil. Pour cette structure, je suis associée à Donatienne Lefort, une ancienne d’EURO-RSCG qui a travaillé sur des projets internationaux comme l’Oréal etc..

Pourquoi être rentrée en France ?

Un nouveau challenge mais aussi parce qu’après 14 ans d’expatriation, j’avais envie de rentrer. Les six premiers mois ont pourtant été très durs car à la différence de la Grande Bretagne, en France, on ne fait pas confiance aussi facilement et on n’aime pas prendre de risques.

Comment aidez-vous ces entreprises à intégrer le Social Media dans leur stratégie de communication globale ?

Nous sommes dans une vision de convergence. Il y a les media traditionnels, les « owned media » (par exemple une page facebook etc…) et les « earned Media » qui comprennent les réseaux sur lesquels les gens parlent de la marque. Il est essentiel que cette dernière sache qui parle d’elle et quels leviers créer pour que les gens en parlent plus et  s’approprient son histoire. Aujourd’hui, une stratégie de communication doit faire converger ces trois axes.

Quelles sont les nouvelles tendances dans les social media et la nouvelle révolution, « the next big thing » ?

A mon sens, les réseaux sociaux vont disparaître. On n’aura plus besoin d’aller sur Facebook, Twitter….On le voit déjà avec la digitalisation des points de vente. Aux Etats Unis, chez C&A par exemple, il y a le nombre de « like » sur le cintre du produit. Internet n’est plus virtuel, il est dans le monde réel.  Par ailleurs, dans le E-Commerce, l’expérience d’achat est en train de changer fondamentalement avec de nouveaux concepts comme The Fancy.

Sinon, en terme de réseaux sociaux, je crois beaucoup en Vine créé par le patron de twitter, Jack Dorsey. Vine, c’est 6 secondes de vidéos que l’on peut  instantanément partager sous forme de vidéo. Aux Etats Unis, ce sont les vidéos qui sont les plus échangées sur les réseaux.

La journée de la femme digitale que vous avez lancée avec Catherine Barba a eu lieu le 8 mars dernier et se déroulera de nouveau en 2014. Quelle est l’ambition de cet événement ?

Le premier objectif est de donner envie aux femmes d’entreprendre sur le web et de mieux appréhender le digital afin de développer une autre façon de travailler, plus collaborative. Cet événement s’adresse à la fois aux entrepreneures mais aussi aux intra-preneures. Enfin, nous souhaitons par ce biais, présenter des « roles models » qui nous inspirent.

Vous vivez avec les social media en permanence, arrivez-vous à déconnecter parfois ?

J’ai du mal mais je me force. Je suis ainsi partie toute seule dans le désert du Sahara pendant une semaine, là évidemment, je ne pouvais pas me connecter. C’était très angoissant au départ mais je pense qu’il y a de vraies opportunités de Business autour de cette idée de déconnexion ! 

Justement, pour finir je vous propose une interview digitale

Vos premiers gestes du matin ?

Je regarde ce qui s’est dit sur Twitter et après j’écoute une conférence TED. J’adore, j’en écoute une par jour.

Votre social media préféré ?

En ce moment, Vine et Path qui est un facebook et twitter en même temps avec lequel on ne peut avoir que 150 amis.

Votre appli préférée ?

J’adore Uber, le chauffeur privé que j’utilise à Paris pour me déplacer quand je ne prends pas mon scooter.

Votre moment de déconnexion ?

Je lis mais pas sur une tablette. J’adore lire. J’ai d’ailleurs créé le concept du E-Boudoir où j’invite une fois par mois un écrivain qui écrit sur le digital et quelques journalistes.

Un conseil digital ?

Allez sur les réseaux, ils vont vous aider à booster votre carrière, votre entreprise, à rencontrer des personnes nouvelles pour développer votre business.

Et pour finir cinq conseils pour développer sa stratégie Social Media ?

1/ Ecouter, on ne rentre pas dans une conversation sans écouter ce qui s’est dit notamment ce qu’on dit les « influencers ».
2/ Préparer sa réponse en tenant compte de ce qui a été dit.
3/ Engager, c’est à dire s’exprimer.
4/ Mesurer l’impact de votre conversation
5/ Utiliser les media sociaux pour se rencontrer dans la vraie vie !

Propos recueillis par Véronique Forge

 

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