Peut-on être son propre bourreau sans même s’en rendre compte ? C’est le constat percutant que fait Quentin Turquet dans son livre Votre pire ennemi, c’est vous ! (Ed. Gereso). Procrastination, peur de l’échec, pression sociale… autant d’obstacles invisibles qui nous empêchent d’avancer. L’auteur nous livre des clés essentielles pour reprendre le pouvoir sur notre vie et oser enfin passer à l’action.
Votre pire ennemi, c’est vous ! est un titre percutant. Quelle a été votre inspiration pour écrire ce livre ?
Quentin Turquet : Pour le sujet de ce livre, je me suis inspiré de mes propres difficultés et blocages. Aussi étonnant que cela puisse paraître, écrire des livres de développement personnel est pour moi un moyen de m’éloigner d’un autre projet d’écriture, plus conséquent celui-ci. Je me vois parfois comme mon pire ennemi, que ce soit à travers la procrastination, le divertissement à outrance ou autres joyeusetés, même si ce n’est heureusement pas tout le temps le cas. Je pense qu’il est important de voir à quel point on peut s’empêcher de vivre la vie de ses rêves, et j’ai écrit ce livre dans ce but : mettre de la lumière sur ce qui nous bloque, ce qui consomme notre temps et nos ambitions sans en avoir l’air.
Vous affirmez que nous sommes nos propres freins. Quels sont, selon vous, les blocages les plus courants qui empêchent d’atteindre ses objectifs ?
Quentin Turquet : Selon les personnes, la réponse pourra être différente. Pour certains, la peur de l’échec supplantera le reste, ça peut être aussi la peur de l’inconnu, la peur de la réussite, le syndrome de l’imposteur, il en existe d’innombrables susceptibles de nous freiner ou de nous empêcher d’atteindre nos objectifs. Même la procrastination n’est pas anodine, c’est là d’où elle tire sa source qui est important. On peut procrastiner à cause d’une des peurs citées précédemment. Parfois, ce sont seulement nos habitudes qui nous dirigent et qui nous poussent à vivre dans une routine qui ne nous convient pas réellement. L’élément primordial est la compréhension de ce qui nous bloque, car, dans tous les cas, une issue favorable peut être trouvée, à condition de connaître nos peurs ou nos freins.
Vous évoquez aussi le poids du regard des autres. Comment apprendre à s’émanciper de cette pression sociale et à agir en accord avec soi-même ?
Quentin Turquet : Excellente question ! On me la pose régulièrement, et, à chaque fois, j’essaie d’y apporter de la nuance car il n’existe pas de réponse universelle. J’étais un ancien timide, gêné à l’idée de déranger ou de faire quelque chose de travers, de peur qu’on m’observe. Disons que j’ai vite compris à quel point je m’interdisais d’être moi-même à cause du regard potentiel des autres. Potentiel car, la majorité du temps, les autres n’en ont rien à faire de vous. Chacun est concentré sur sa vie, sur ses actes, surtout s’ils ne vous connaissent pas ou peu. Je pense aussi que le poids du regard des autres est exacerbé par les réseaux sociaux, sur lesquels je ne suis pas présent. Plus on est occupé à avancer sur ses objectifs de vie, et moins on devient perméable à l’avis des autres et à la pression sociale. Ce qui fonctionne bien : ne pas évoquer trop vite ses projets aux autres. Attendez plutôt de les développer, quitte à en venir à bout, avant d’en parler. Cela peut éviter de tuer dans l’oeuf de belles idées !
Beaucoup de personnes ont des rêves, mais n’osent pas se lancer. Quel premier conseil donneriez-vous pour oser franchir le cap ?
Quentin Turquet : On a facilement tendance à ériger des barrières mentales infranchissables. Dans la réalité, tout ceci ne tient que parce que vous êtes dans l’inaction. Dès lors que vous vous lancez, les obstacles vont commencer à s’étioler et à disparaître. À force d’imaginer toutes sortes de scénarios et de possibilités, on s’empêche d’avancer. Mais pour avancer, encore faut-il débuter. C’est pourquoi je mets l’action en avant dans chacun de mes livres, car c’est là que se trouve la clé.
Dans votre livre, vous mettez en garde contre la procrastination et l’auto-sabotage. Quels sont les signes que nous sommes en train de nous saboter nous-mêmes ?

Quentin Turquet : Les signes les plus clairs ont un lien direct avec le fait de se divertir. Pour moi, dès qu’on cherche à réaliser autre chose que son objectif, on est déjà dans la distraction.
Vous comparez la vie à un jeu et parlez de « créer son personnage idéal ». Pouvez-vous nous expliquer cette métaphore et comment l’appliquer concrètement ?
Quentin Turquet : Étant un ancien joueur de jeux-vidéos, j’appréciais créer mes personnages pour ensuite les développer au fur et à mesure de mes avancées dans le jeu. On a tous en tête une idée plus ou moins claire de sa journée idéale et des comportements que l’on souhaite adopter. Le but de ce chapitre est de détailler son personnage idéal pour ensuite, peu à peu, réussir à l’incarner en totalité ou en partie.
Je pense que tout se joue dans l’identité. Il est plus facile de dire qu’on ne boit pas d’alcool que de chercher à se limiter à un verre par exemple. Tout comme il est plus simple de se dire qu’on est un auteur que de chercher à se forcer à écrire. Quand on incarne une identité, on s’attache à la respecter et à développer tous les traits et comportements nécessaires.
En ayant connaissance de cette identité que vous souhaitez incarner, vous avez déjà effectué une bonne partie du chemin. Il ne restera plus qu’à l’expérimenter, la vivre, et l’affiner en cours de route pour qu’elle finisse par vous ressembler pleinement.
En tant qu’auteur et podcasteur, comment appliquez-vous au quotidien les principes que vous partagez dans vos livres ?
Quentin Turquet : Lors de mes journées idéales, j’essaie de suivre au mieux les principes que j’ai développé. Évidemment, toutes les journées ne sont pas idéales, et il serait absurde de signifier que je les respecte tous et en toutes circonstances. Tous les principes que je suis sont ancrés dans mon identité et font partie de moi, si bien qu’ils m’aident à prendre des décisions et canalisent mes actes. Il peut m’arriver de déborder, mais je fais de mon mieux. En tous cas, je me sens davantage prêt à affronter mes peurs, la distraction, la procrastination et tout ce qui est susceptible de se mettre en travers de mon chemin. J’ai acquis une certaine forme de paix intérieure car je sais que même si ce n’est pas parfait aujourd’hui, j’ai tout de même avancé dans la bonne direction.