En créant Jobmaker, Julie Coudry avait en tête de permettre au plus grand nombre de salariés de pouvoir devenir les maîtres de leur propre carrière et de profiter des mouvements des entreprises plutôt que de les subir. Aujourd’hui ce sont plus de 20 entreprises aux profils divers qui ont adopté son coach digital afin de faciliter l’évolution de leurs collaborateurs et leurs rapports souvent tendus avec les équipes RH.
Pouvez-vous m’expliquer en quelques mots ce qu’est Jobmaker ?
Julie Coudry : Jobmaker est un coach de carrière digital qui accompagne les collaborateurs dans la construction d’une prochaine étape professionnelle.
De quel constat êtes-vous partie pour créer Jobmaker ?
Julie Coudry : Il y a 15 ans, la transition était un phénomène exceptionnel alors qu’on estime aujourd’hui que les gens vont en vivre 10 à 13 entre les changements de poste, de métier, d’entreprise. Pour une personne, l’enjeu n’est plus de trouver sa place mais de savoir rebondir et ça, ça demande un travail d’œil interne et externe. Pour opérer ces transitions on a besoin d’accompagnement et pour pouvoir définir le projet et trouver sa place il existe le métier de coach. Avec Jobmaker, l’enjeu était de démocratiser ce service afin qu’il puisse être accessible au plus grand nombre grâce au digital.
Quel est l’intérêt d’opter pour un coach digital plutôt que de chair et d’os ?
Julie Coudry : La différence c’est qu’aujourd’hui nous proposons Jobmaker aux entreprises pour l’ensemble des collaborateurs. Le modèle économique d’un coach classique n’est pas adapté à une réflexion permanente, l’idée avec un outil pérenne comme Jobmaker c’est qu’on peut l’utiliser où on veut et quand on veut.
Julie, comment passe-t-on de porte-parole du mouvement d’opposition au contrat première embauche en 2006 au développement d’un coach virtuel basé sur une IA ?
Julie Coudry : D’une certaine perspective il y a un fil rouge : comment trouver des solutions pour que les gens trouvent leur place dans le monde du travail avec leur singularité. Mon cheminement d’expérience est passé d’abord par la loi, puis l’entrepreneuriat et finalement l’entrepreneuriat digital. En militant, je pensais politique, je cherchais des solutions et quand j’ai trouvé des solutions je trouvais frustrant de ne pas pouvoir les partager avec plus de monde, et pour toucher plus de monde il fallait passer par l’intelligence artificielle.
Il y a 10 ans vous faisiez le constat que le travail était trop souvent subi par les salariés, qu’en est-il en 2018, les choses ont changé ?
Julie Coudry : Il y a quand même une tendance de fond sur le fait que nombreux sont les français à vouloir choisir leur travail. Les prises de consciences se font et les changements aussi, petit à petit.
Jobmaker a pour but de rendre les salariés proactifs dans leur évolution pro, selon vous pourquoi en France nous ne sommes pas naturellement dans cette culture du mouvement ?
Julie Coudry : Je pense que ça vient de deux choses ; le contexte économique et les médias. L’accent est toujours mis sur le risque du chômage, de la perte d’emploi, tout ça génère des peurs et un réflexe de sécurité, alors quand on trouve un poste on n’en bouge plus.
Une étude menée par le site Qapa.fr en 2017 révélait que plus de 80% des salariés se sentaient abandonnés par les RH accusées de jouer le jeu de la direction.
Vous pensez qu’un outil comme Jobmaker pourrait inverser cette tendance ou en tous cas y aider ?
Julie Coudry : C’est déjà le cas chez nos clients. Quand les entreprises sont soumises aux aléas du marché et font le choix d’offrir un coach à leurs équipes, cela les aide à savoir où elles veulent aller et à le dire. Les collaborateurs prennent ce geste comme un acte et des valeurs fortes posées par les RH. C’est une façon de redonner le pouvoir aux salariés d’agir sur eux-mêmes et de devenir le moteur de leur mobilité et non de la subir. Au début, certains employés se disaient que c’était une embrouille de la part des RH puis ils ont fini par comprendre que c’était vraiment pour les aider.
Concrètement quelles vont être les missions de l’employé une fois sur Jobmaker ?
Julie Coudry : Il y a 8 thématiques, le collaborateur va se poser des questions sur sa carrière toutes les deux semaines, ce qu’il souhaite réaliser dans sa carrière pro, comment il veut la développer, comment il se sent dans son engagement. C’est un travail à la fois introspectif et sur son environnement. Le programme est sur-mesure et s’adapte au profil de chaque collaborateur qui peut ensuite choisir de partager son travail avec son équipe RH.
Quels sont les bénéfices pour l’entreprise ?
Julie Coudry : Dans une entreprise qui se transforme à grande vitesse, la stratégie c’est que chacun soit capable de faire le point sur lui-même et avoir des gens qui savent se poser la question de savoir où ils veulent aller. Cela permet de lutter contre le désengagement.
Quelle est la suite pour Jobmaker ?
Julie Coudry : Généraliser l’équipement dans les grands groupes et évidemment beaucoup d’évolution pour le produit en lui-même. On renforce l’intelligence qui va pouvoir proposer un temps de réflexion hebdomadaire encore plus profond et ludique.
Caroline Lanau
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