Exploiter sa zone de confort pour mieux avancer !

exploiter sa zone de confort

La zone de confort est souvent perçue comme un frein à la progression, un espace d’inaction qu’il faudrait fuir pour réussir. Et si, au contraire, elle était une ressource précieuse pour travailler avec plus d’efficacité et de sérénité ? C’est l’approche défendue par Laure Dodier dans son livre “Exploite ta zone de confort” (Ed. Eyrolles). À travers cet entretien, elle nous explique comment tirer parti de nos talents naturels, préserver notre énergie et construire un business performant sans sacrifier notre bien-être.

Vous revisitez le concept de zone de confort en le présentant comme une ressource plutôt qu’un frein. Comment cette approche peut-elle transformer notre manière de travailler et d’entreprendre ?

Laure Dodier : Aujourd’hui la zone de confort est surtout perçue comme une zone d’inaction, une zone molle incompatible avec un travail efficace. On l’accepte comme moyen de se ressourcer éventuellement, mais dans le travail elle est surtout à fuir. Du coup, on ne pense pas à se demander ce qu’il y a dedans. Et c’est là qu’on passe à côté de quelque chose !

On parle pourtant beaucoup de zone de génie qui est une partie de la zone de confort. Et j’encourage les entrepreneurs à aller creuser plus loin. Parce que le stress chronique est omniprésent chez les indépendants et dirigeants ; et qu’exploiter sa zone de confort est un chemin qui permet de faire du travail de qualité tout en se préservant. Dans la période d’incertitude qu’on traverse, c’est une vraie aide pour passer les difficultés avec plus de clarté et de sérénité.

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Vous expliquez que la zone de confort repose sur quatre piliers essentiels (santé, talents naturels, sécurité financière et fluidité). Pouvez-vous nous en dire plus sur leur rôle dans le succès d’un business ?

Laure Dodier : La santé, physique et mentale, est un droit fondamental humain. Dans l’absolu, on devrait pouvoir prioriser sa santé sans que ce soit relié avec des objectifs business derrière. Mais c’est un fait : on travaille mieux quand on est en bonne santé et qu’on a un niveau de stress bas. On ne maîtrise pas toujours ce qu’il arrive à notre corps. Mais l’écouter et le prioriser fait une grande différence dans le quotidien professionnel.

Exploite ta zone de confort - Laure Dodier (Ed. Eyrolles)
Exploite ta zone de confort – Laure Dodier (Ed. Eyrolles)

Ce qui concerne nos talents et le respect de notre mode de fonctionnement naturel, c’est ce que beaucoup appellent la zone de génie. On a été habitué à associer ce qui demande un effort à ce qui a de la valeur. Et donc à trouver trop facile, sans valeur ajoutée, ce qui est simple pour nous. En créant un business dont les tâches quotidiennes s’appuient sur nos talents, et en sélectionnant nos méthodes de travail dans le respect de la manière dont notre cerveau est “câblé”, pour éviter la suradaptation permanente, ça change vraiment la donne. On est plus efficace, on progresse plus vite, on atteint plus facilement des niveaux d’excellence sans pour autant sacrifier notre bien-être.

La sécurité financière, ou plutôt son absence, est l’une des plus grandes sources de stress chez les entrepreneurs. Pourtant, il est commun de voir des personnes ne pas se payer les premiers temps, ou se sous-vendre pour rester accessible, quand ce n’est pas un manque de confiance en soi (ou en la valeur de ses talents!). Se sécuriser financièrement, ça ne veut pas dire forcément vouloir gagner des millions. Mais ça nous sort de la dimension sacrificielle de l’entrepreneuriat qui fait des ravages.

Enfin la fluidité au quotidien, ça concerne nos relations de travail, la charge de travail et à quel point on doit s’adapter pour faire coexister notre business avec notre réalité de vie. On normalise le fait de ne pas pouvoir choisir ses clients au départ, de devoir travailler beaucoup pour atteindre ses objectifs, et de prioriser le travail. Ça donne surtout des plannings surchargés, du chaos, et de l’épuisement à force de se contorsionner. En construisant le business autour de notre réalité, de nos limites et de notre zone de confort, et en allant chercher le point de rencontre avec ceux de nos clients, ça change tout.

En quoi le fait de travailler dans sa zone de confort peut-il mener à une meilleure performance et non à la stagnation, comme on le croit souvent ?

Laure Dodier : Il y a une fausse croyance très ancrée que la performance arrive quand il y a un minimum de stress. C’est une très mauvaise interprétation d’une étude scientifique que je détaille dans mon livre. En réalité, chez l’Humain, pour toutes les tâches cognitives complexes (créativité, réflexion, stratégie, relations humaines, analyse etc), la performance baisse au fur et à mesure que le stress augmente. De plus, nous subissons déjà du stress et des sorties de zone de confort fréquentes par notre vie personnelle. Ou parce que nous vivons une époque anxiogène.

Donc même si on s’appuie sur les mauvaises interprétations scientifiques disant qu’il y a une zone de stress idéale pour atteindre un pic de performance, la plupart des entrepreneurs ont déjà dépassé ce cap.

Pour ramener de la performance, la clé, c’est de baisser le niveau de stress. On ne maîtrise pas tout à ce niveau. Mais dans le peu de choses qu’on contrôle, exploiter sa zone de confort permet d’en couper beaucoup à la source.

Comment conseilleriez-vous à une femme entrepreneure d’identifier et de capitaliser sur ses talents naturels ?

Laure Dodier : Il y a deux questions que j’aime bien poser à mes clientes pour mettre le doigt dessus :

  • Qu’est-ce qu’elles font facilement et avec plaisir, au point de ne pas comprendre pourquoi ça peut être compliqué ou déplaisant pour d’autres ?
  • Et quelles sont les choses qu’elles font visiblement avec qualité, puisqu’on leur dit, mais qui leur paraît si simple qu’elles ont des scrupules à se faire payer pour ça ?
C’est généralement là que se trouvent les pépites, c’est simplement que le peu d’efforts que ça nous demande, à cause de nos croyances intégrées depuis l’école, nous rendent aveugles à leur valeur réelle.

Vous insistez sur l’importance de préserver son énergie et d’écouter ses besoins. Quelles sont vos recommandations pour éviter l’épuisement en tant qu’entrepreneure ?

Laure Dodier : Dans un premier temps, comprendre que notre corps et ses alertes ne sont pas contre nous. Nous ne sommes pas trop fragiles, c’est le système dans lequel on évolue, avec ses exigences et ses injonctions, qui est de plus en plus inadapté à nos capacités, et très élitiste. Le corps est une boussole, un gardien. Quand il s’exprime, si on l’écoute pour comprendre d’où vient notre mal-être, notre stress, on peut agir et réajuster les choses au fur et à mesure.

Je pense aussi que la peur du jugement des pairs, et la comparaison fréquente avec des récits de réussite assez sacrificielles n’aident pas. S’entourer de personnes qui n’exigent pas de nous de sacrifier notre santé pour notre boîte, et qui pensent que monter une entreprise ne devrait pas se faire au détriment de notre santé, ça aide beaucoup. On trouve des solutions quand on refuse cette fatalité.

Quel serait votre message aux femmes qui se sentent coupables de ne pas toujours chercher à repousser leurs limites ?

Laure Dodier : Je crois que nos limites, nous les repoussons déjà tous les jours, malgré nous, pour nous faire une place dans l’entrepreneuriat. Nous n’avons pourtant vraiment rien à prouver, ni notre capacité à entreprendre, ni notre force.

Cette injonction à toujours plus de dépassement de soi, de performance, de sortie de zone de confort permanente, c’est aussi un héritage patriarcal, souvent internalisé. Pour avoir le même pouvoir que les hommes, les femmes devraient prouver qu’elles sont elles aussi capables de se dépasser continuellement. En réalité, cette injonction abîme déjà les hommes. Et le résultat pour les femmes, c’est que nous sommes plus sujettes au burn out.

Ce qui passe aussi souvent sous le radar, c’est à quel point notre stress impacte nos relations aux autres. C’est beaucoup plus difficile d’être disponible, empathique, adaptable, à l’écoute, quand on est soi-même en stress chronique. Derrière bien des cas de maltraitance au travail, il y a des dirigeant·es et des managers en souffrance. C’est important je crois de se demander quel leader on souhaite être. Parce que ces situations sont loin d’être exemptes de culpabilité.

Si vous deviez résumer en une phrase la philosophie de Exploite ta zone de confort, quelle serait-elle ?

Laure Dodier : C’est quand on se libère de l’obligation de devoir souffrir pour réussir qu’on se donne l’espace de trouver comment faire autrement. Et mon livre est le guide pratique pour ça !

©Géraldine Bramonte

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