En effet, si leurs travaux les plus emblématiques aux yeux du grand public sont la réalisation du Palais de Tokyo ou du FRAC de Dunkerque, Lacaton et Vassal sont adeptes du « transformer » qu’ils considèrent comme « tout aussi créatif que créer ». En effet, le tandem s’est largement distingué en préférant réhabiliter des logements vétustes et peu séduisants, plutôt que de les démolir. Le tout avec des budgets très minimes. En outre, ils ont déjà été récompensés par le pris Mies van der Rohe pour leur réhabilitation de 530 logements sociaux dans le quartier du Grand Parc à Bordeaux en collaboration avec Frédéric Druot et Christophe Hutin.
A l’origine, il s’agissait d’un grand ensemble type construction des années 60, qu’ils ont entièrement transformé en créant de larges débords en façade, qui ont eu également pour effet d’améliorer les performances énergétiques des logements, tout en offrant un immense mieux-être aux habitants. « On essaie de défendre cette idée que l’espace est aussi un facteur de qualité de vie, de paix sociale à l’intérieur des familles ou avec ses voisins », explique Anne Lacaton, 65 ans. De surcroît, « l’année passée a montré notre extrême fragilité», dit-elle, « ça encourage à se dire que l’espace doit être beaucoup plus accueillant ».
Un esprit très novateur qui a depuis inspiré d’autres jeunes architectes. Un engagement qui fait écho au grand plan de rénovation énergétique des bâtiments publics qui a été érigé dans le cadre du Plan de relance et du Grand Plan d’investissement lancé par le gouvernement. En effet, la majorité des bâtiments publics ont été construits avant 1975, et sont de fait très énergivores. Des transformations telles que celles opérées par Lacaton et Vassal sont non seulement esthétiques, mais permettent aussi d’améliorer les performances techniques.
Bref, en récompensant ce duo, le prix Pritzker se montre militant, et montre une évolution certaine vers une architecture intelligente. “Leur travail, qui répond aux urgences climatiques et écologiques de notre temps autant qu’à ses urgences sociales, en particulier dans le domaine du logement urbain, redonne de la vigueur aux espoirs et aux rêves modernistes d’amélioration de la vie du plus grand nombre“, a ainsi déclaré le jury lors de la remise des prix.
Paulina Jonquères d’Oriola