Reprendre le travail après son congé maternité n’est pas une formalité. Pour que cette transition se passe au mieux, elle mérite d’être bien préparée.
Anticiper son départ en congé maternité
Un bon retour de congé maternité commence par un bon départ en congé maternité. Si un remplaçant est engagé, prenez le temps de bien le former, de lui indiquer les process pour que tout roule… Vous partirez l’esprit plus léger, le travail sera fait selon vos habitudes et vous éviterez une surcharge de tâches à votre retour. Si vos missions sont réparties entre vos collègues, faites au mieux pour les briefer en amont. Réglez tous vos dossiers en cours et prévenez vos divers interlocuteurs de votre départ.
Profiter du congé maternité
Un congé maternité, c’est une parenthèse dans la vie, un moment unique pour accompagner bébé… et ça passe vite. Profitez-en pleinement pour vous concentrer sur vous, votre bébé, et couper du boulot pour revenir en pleine forme. Si vous tentez de mener les deux de front, vous risquez de ne jamais être pleinement concentrée et d’être frustrée.
Un bilan sur soi
C’est aussi le moment de faire le point sur votre situation. « On ignore ce qui va se passer pendant et après la grossesse, il faut accepter cette part d’inconnu. On a besoin pendant ce congé de réévaluer sa situation, ce qu’on pensait de nous comme femme, mère et comme professionnelle. Il s’agit de se demander qui on est, de quoi notre bébé et nous avons besoin. Certaines femmes voudront prolonger leur congé maternité, d’autres auront très envie de reprendre le travail », explique Clémence Pagnon, consultante et formatrice au sein du cabinet Issence, spécialisé sur les enjeux de la parentalité au travail, qu’elle a fondé avec Isma Lassouani. Toutes deux viennent de publier « Le 5e trimestre – Bien vivre son retour de congé maternité » aux éditions Solar.
Une reprise à temps partiel, c’est possible
Vous désirez prolonger votre congé maternité ? Vous pouvez demander un congé parental d’éducation total ou partiel. Si vous êtes toujours en congé maternité, vous pouvez prétendre, de droit, à cet emploi du temps allégé, sous conditions. « Il faut anticiper sa demande au moins un mois avant la date de retour prévu en entreprise. Si on a repris le travail entre-temps et que l’on souhaite alléger son rythme, il faut compter un délai de deux mois », précise Clémence Pagnon.
Si vous souhaitez aménager votre reprise hors congé parental de droit, les modalités dépendent de la culture d’entreprise. Il est parfois possible de reprendre à temps partiel pendant un ou deux mois le temps de s’adapter.
Prévoir un mode de garde sûr
Pas facile de laisser bébé derrière soi après quelques mois. Mieux vaut donc avoir confiance dans la solution de garde. Est-ce que le papa prend le relai ? Une assistante maternelle ? La crèche ? Une auxiliaire parentale ? Si la partie logistique n’est pas sûre, le retour en entreprise peut être stressant.
« En 2021, notre cabinet a réalisé une enquête “5ème trimestre : la grande enquête” et révélé que plus de 40 % des mères reprenaient le travail avec un manque de confiance dans le mode de garde choisi. Cette première grande séparation est une vraie étape qui suscite de l’inquiétude car on fait entrer un tiers dans notre vie et celle de bébé. Mais si on est tranquille sur le choix, on autorise aussi l’enfant à l’être. Et puis, on peut demander à recevoir des messages ou photos de sa journée », suggère Clémence Pagnon. Dans tous les cas, il est prudent de s’y prendre à l’avance !
Ajuster la frontière entre vie pro et vie perso
La reprise du travail concerne l’entreprise, la femme mais aussi son conjoint. Pour continuer à être la mère que vous souhaitez, des aménagements seront bienvenus. Si votre partenaire de vie a déjà repris le travail, vous gériez sans doute davantage la logistique du foyer. Avec votre reprise, c’est le moment de revoir les attributions de chacun : qui gère les courses ? Qui dépose et récupère bébé ? etc…
L’idée est de s’organiser, de partager la charge mentale et de faire appel à ses proches. « Nous sommes dans une société individualiste, les parents portent beaucoup de poids sur leurs épaules. Il faut s’autoriser à demander de l’aide. Des proches sont contents de pouvoir soulager en allant chercher le plus grand, en faisant des courses… On peut aussi, si on est plus aisé, employer une femme de ménage. En tant que jeune parent, on a besoin de cet espace de soupape pour souffler », ajoute Clémence Pagnon.
Échanger vraiment lors de l’entretien de retour
Après le congé maternité, l’entretien de retour entre la salariée et son manager direct ou un responsable des ressources humaines est obligatoire. Idéalement, il se déroule la première semaine du retour en entreprise. Il permet de faire le point, de répondre à vos questions, d’évoquer les évolutions du service et de l’entreprise, du poste, les éventuelles envies de changement ou de formation… Exprimez vos besoins et vos attentes.
Renouer avec le travail et les équipes
Passer avec le bébé ou seule pour boire un verre ou déjeuner avec les collègues la semaine qui précède la reprise peut être une bonne idée pour réduire l’appréhension du jour J. Ça permet aux équipes de se préparer à vous retrouver dans une ambiance détendue. Vous apprendrez où en est l’entreprise, ses défis du moment, les tâches qui vous attendent.
Si vous n’en avez pas l’occasion, rien de grave. Mais à votre retour, pensez à recréer du lien social. Clémence Pagnon conseille d’envisager cette reprise comme un marathon à découper en étapes, sur plusieurs semaines, plutôt que de percevoir ce retour comme un sprint : première quinzaine (prise d’infos, renouer le contact), deuxième quinzaine (fixation des objectifs), etc…
Il s’agit donc d’abord de reprendre contact avec chacun, de faire savoir qu’on est de retour, de prendre des informations, d’entendre ce qui s’est passé. « Ce lien sera différent selon que l’on a été remplacée ou pas pendant le congé maternité. Si on a été remplacée poste à poste, c’est plus confortable car on bénéficie d’un temps de passation pour se réadapter. Si vos missions ont été réparties entre vos collègues, c’était un poids pour eux et votre retour sera sûrement bien vu. Il y a quand même le risque qu’un dossier ou une tâche plaise à un collègue et qu’il ne redonne pas la main dessus », prévient Clémence Pagnon.
Dans ce cas, elle suggère de remercier le collègue pour son travail et de lui demander comment il envisage cette passation. Sinon c’est au manager d’intervenir pour rappeler le fonctionnement de l’équipe et les tâches de chacun pour que tout se passe bien.
Dorothée Blancheton
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