Malene Rydahl, auteure de Heureux comme un danois décrypte le bonheur

Talk avec Malene Rydahl auteure de "Le bonheur sans illusions" (28/03)

Malene Rydahl est la fille qu’on aimerait toutes avoir comme meilleure amie surtout quand elle nous livre dans son nouveau livre, ses réflexions sur le bonheur et ses illusions dans lesquelles évidemment il faut éviter de tomber ! Après son Best seller international “Heureux comme un danois” (Grasset) traduit dans 12 pays, elle nous aide à cerner ce qui nous rend vraiment heureux dans la vie. Un “must read”.

Vous évoquez dans votre nouveau livre le Bonheur sans illusions, vous passez en revue ces “illusions”  que sont Le pouvoir, le sexe, la célébrité, la beauté, L’argent mais à petite dose chacun d’entre eux n’assure t-il pas comme vous le dîtes une “base de Bonheur”?

Malene Rydahl : Je pense que la base est construite d’autres chose notamment de la connaissance de soi et du fait de savoir ce pourquoi on fait ce que l’on fait dans la vie. Ces éléments comme le pouvoir, l’argent, le sexe sont certes des sources de plaisir et nous en avons besoin dans la vie, cela nous nourrit et nous fait du bien mais quand ils deviennent des buts dans la vie cela engendre souvent un effet de vide.

Guide Dev Persot

L’accumulation des plaisirs ne fonde pas cette base de Bonheur qui est au contraire fondée pour moi sur le sens et sur l’harmonie entre ce que vous êtes, votre moi profond, et ce que vous faites dans la vie. Cette « base de bonheur » découle aussi de la qualité des relations humaines que nous nouons. Il ne faut pas se tromper de bataille, c’est l’un des sens du livre.

Vous évoquez à travers ce livre nombre de vos rencontres, certaines incarnent ces « illusions du Bonheur » y a t-il des gens heureux parmi eux ? 

Malene Rydahl : J’ai rencontré des gens qui, à première vue, pouvaient avoir ces attributs mais ceux qui étaient vraiment bien dans leur vie ne l’étaient jamais pour ces raisons. Ils avaient su notamment donner un sens à leur vie et avaient de bonnes relations humaines autour d’eux. Chez les ultra-riches comme je le dit dans le livre, il y a souvent un sentiment de méfiance à l’égard des autres que l’on pourrait résumer par “m’aime t-on pour moi ou pour mon argent?”

Ces sources de plaisir n’empêchent évidemment pas dans l’absolu d’être heureux mais il faut bien savoir les vivre. Nous pouvons tous être victimes de « l’adaptation hédonique », c’est à dire avoir une source de plaisir qui devient une addiction, ne plus être capable de se réjouir de cette source de plaisir car nous nous adaptons et nous voulons plus. Prendre nos privilèges pour des acquis. C’est un risque qui nous concerne tous.

Justement sur ce point de savoir bien vivre vous citez les gagnants du Loto qui ne sont pas forcément heureux après avoir gagné tout au contraire ?

Malene Rydahl : Non effectivement et c’est d’ailleurs pour cela que j’expose cet exemple là car c’est un fantasme mais il y a énormément d’effets négatifs. Ils perdent après quelques mois l’effet « du bonheur » supplémentaire. Ils ne s’adaptent pas toujours à ces changements de regard notamment de voir des personnes intéressées autour d’eux et découvrent aussi une vie fondée sur l’argent, l’accumulation d’objets, en un mot un matérialisme qui rend rarement heureux.

A propos de cela, vous citez cette phrase étonnante de Tom Ford : « Buying my bags won’t make you happy » ?

Malene Rydahl : Je le cite car je trouve cela génial qu’il ose le dire ainsi et de surcroit je pense qu’il a bien sûr raison … même si certains pourront dire que l’on retombe dans une autre forme de marketing !

Comment sait-on si l’on est vraiment heureux ?

Malene Rydahl : Je pense que c’est une forme de paix intérieure, d’harmonie entre ce que vous êtes dans la tête et ce que vous faites à la fin, un respect de ses valeurs. Cet alignement qui est une vrai base de bien-être est la meilleure forme de Bonheur que l’on peut construire. Après il y a évidemment tous les aléas de la vie qui peuvent nous mettre à l’épreuve dans la vie : tu te fais entorse au pied, tu rates un avion, tes parents sont malades mais tout est question d’attitude.

On en peut pas maitriser le cours de la vie , les bonnes et les mauvaises nouvelles viennent et s’n vont mais ce qu’il reste toujours c’est notre base de bien-être en quelque sorte le socle sur lequel on construit notre vie. Et comme le note le psychiatre autrichien Viktor Frankl, nous avons tous la liberté de choisir comment ressentir les évènements. Les optimistes arrivent à trouver les ressorts pour rebondir à chaque fois.

Certaines personnes sont donc plus « douées » pour le Bonheur ?

Malene Rydahl : Oui et non, on sait d’un point de vue scientifique que 50% de nos attitudes relèvent de notre génétique, 40% de ce que l’on fait avec et 10% de ce qui nous arrive. Or, quand on entend les gens, on a l’impression que tout relève de ce qui nous arrive. 40% relève donc de l’attitude que nous adoptons face à la vie. Si vous avez majoritairement des convictions positives sur la vie votre cerveau va diriger toutes ses observations vers cela.

Le cerveau reçoit à peu près 400 millions d’informations par jour, quand nous l’utilisons seulement à hauteur de 8%. Il y a donc un GPS dans notre cerveau qui sélectionne à peu près 2000 informations. Si nous émettons une réflexion négative dans ce GPS, sur ces 400 millions d’informations, il en sélectionne 2000 qui correspondent à ces convictions. Nos attitudes découlent donc de notre vision de la vie.

Aujourd’hui, on parle beaucoup de la psychologie positive, est ce que l’on peut apprendre à voir « la vie en rose » finalement pour le dire très simplement?

Malene Rydahl : Je pense que c’est un long chemin et que c’est à travers la connaissance de soi que cela se fait mais effectivement s’entraîner si on a tendance à avoir une vision assez négative en pratiquant notamment la gratitude qui apporte beaucoup. A la suite du décès de mon père, j’éprouvais un grand sentiment de tristesse et écrivais tous les matins et tous les soirs ces expressions de gratitude face à la vie, cela m’a beaucoup aidé. En fait, ce n’est pas une question de voir la vie en rose ou pas mais plutôt de ne pas oublier les choses du quotidien qui font du bien comme la personne qui nous cède la place dans la queue, les tous petits cadeaux de la vie que nous ne voyons plus toujours.

Finalement, le Bonheur n’est ce pas la liberté d’être soi ?

Malene Rydahl : Oui, c’est la liberté d’être soi, savoir pourquoi on fait ce que l’on fait ce que l’on fait, avoir l’impression de contribuer à quelque chose qui est plus grand que soi et vivre consciemment. Il n’y a rien qui ne rend plus vivant que la conscience de la mort. La vie c’est un cadeau mais on a tendance à l’oublier. Enfin, la gratitude, l’amour sous toutes ses formes, ce que l’on donne aux autres et ce que l’on reçoit sont des outils qui permettent d’accéder à une forme de Bonheur. Ce que l’on vit au quotidien, c’est à dire la qualité de notre vie est très souvent le reflet direct de notre relation avec nous-mêmes et bien sûr avec les autres

Est ce qu’il y a une personne qui incarne le bonheur ?

Malene Rydahl : Je dirai Perla Servan Schreiber qui vient d’ailleurs de publier un livre : « Ce que la vie m’a appris », j’ai beaucoup d’admiration pour elle, sa façon de voir la vie. Elle vit avec beaucoup de privilèges mais elle est consciente de cela et sait les valoriser et cultiver les relations humaines. Elle incarne ce bonheur là.

Véronique Forge

0
    0
    Votre panier
    Votre panier est vide