Clémence et Marine Chastan : les twins qui vont vous faire courir !

Chastan

Les applis de running se succèdent, mais en voici une qui ne ressemble à aucune autre : Seety. L’idée de ses pétillantes fondatrices ? Vous faire explorer votre ville, baskets aux pieds. L’une est normalienne, l’autre a fait les Beaux-Arts. Toutes deux nous prouvent qu’innover, c’est aussi une question d’attitude. Rencontre avec des jumelles qui turbinent à 100 à l’heure.

Lorsque vous rencontrez les soeurs Chastan, c’est un peu comme si vous assistiez à un match de ping pong en mode intello. Et en parfaite bienveillance. Ces championnes de la maïeutique fourmillent d’idées et débordent d’enthousiasme. Comme toutes les jumelles, elles ont connu une « relation houleuse et passionnelle », mais leurs esprits indéniablement connectés ne pouvaient choisir autre partenaire pour entreprendre.

A tout juste 25 ans, Clémence et Marine ont fondé Seety.

L’idée est partie du constat qu’il existe aujourd’hui une vraie explosion de la pratique du running qui se féminise énormément. Cette population apprentie-joggeuse n’est pas seulement en quête de performances, mais aussi de fun comme le prouvent les succès répétés du Mud Day, de la Color Run, de la Parisienne etc…De son côté, Seety ambitionne de vous faire voir votre ville autrement.

Mini Guide Entrepreneuriat

Vos jogs pourront vous mener à la découverte des meilleures adresses veggan, des plus belles terrasses ensoleillées, ou de la vie d’un poète. Seety vous géolocalise et vous guide vocalement de manière à ce que vous puissiez courir le smartphone dans la poche. Lorsque vous arrivez devant l’un des hotspots, l’appli lance le commentaire du créateur du circuit. « Nous ne bombardons pas nos utilisateurs de données.

Ils peuvent suivre le nombre de kilomètres courus, mais pour nous ce sont avant tout des kilomètres parcourus », affirment les twins. Tout le monde peut créer un circuit. Pour l’heure, les Lyonnaises n’ont développé leur produit que dans la ville des Gaules, mais elles ambitionnent aussi de conquérir Paris.

Etre là où on ne les attendait pas

Changer de point de vue, ce pourrait être le mantra de ces deux entrepreneures en herbe. Clémence a choisi la philosophie « en quête du vrai », Marine les Arts « en quête du beau ». La première est aujourd’hui élève à l’ENS Lyon. Son entrée dans cette prestigieuse école, elle préfère ne pas en faire toute une montagne. « Je crois que si on veut vraiment y entrer, on y arrive », lance-t-elle. Aux origines de son goût pour la discipline, cette possibilité « de multiplier nos manières de voir », et ce, jusqu’aux objets qui nous entourent.

Marine a elle-aussi fait Hypokhâgne avant d’intégrer les Beaux-Arts de Rennes (sortie avec les félicitations du jury), puis les Arts Décoratifs à Paris. Des études qui les ont toujours poussées vers une forme « d’autonomie », tout comme leurs parents médecins. Ces derniers « ne sont certes pas entrepreneurs, mais notre grand frère ayant aussi monté sa boîte, c’est bien qu’il doit il y avoir une âme latente dans la famille », note Marine.

Parmi les multiples points en commun qu’elles partagent, Clémence et Marine ont la particularité d’avoir pris le contrepied de leurs études. « Dans chacun de nos parcours, nous avons pactisé avec le diable », s’amuse Marine. Cette dernière a choisi de travailler dans le monde du digital et la publicité, et est aujourd’hui spécialisée dans le UX et UI design. Or, « dans les écoles que j’ai fréquentées, il y a un vrai goût pour la pratique d’auteur, tandis que tout ce qui touche à la grande consommation est soupçonné de dégradation de la qualité ». Clémence a de son côté multiplié les stages et développé des compétences en growth management.

Elle n’en oublie pas ses premiers amours et s’adonne à la « pop philosophie ». Son dada ? S’attaquer aux « objets philosophiques non identifiés », comme la chirurgie esthétique, thème sur lequel elle a travaillé lors de son échange universitaire en Chine. Dans ses travaux artistiques, Marine a elle-aussi toujours eu cette démarche et s’est amusée à travailler sur les stéréotypes. Ces compétences atypiques leur permettent aujourd’hui d’assurer de nombreuses missions en freelance (pour BETC par exemple), dont les fruits sont réinjectés dans le développement de Seety. « C’est l’avantage de ne pas avoir encore d’enfants et de vivre chez nos parents. Nous pouvons prendre ces risques », explique Clémence.

SEETY

L’utilisateur avant tout

Dans la lignée de sociétés telles que Pinterest qui a « totalement adapté son produit aux attentes des utilisateurs », Clémence et Marine Chastan aiment s’inspirer du pape des nouvelles technologies. « Steeve Jobs expliquait souvent qu’il n’inventait pas le futur, mais arrivait simplement à dénicher les comportements innovants des membres de la société », expliquent-elles.

Si les sciences dures se rapprochent de plus en plus du monde de l’entrepreneuriat avec des applications commerciales, « les sciences humaines sont encore quelque peu enfermées dans le monde de la recherche », regrettent les deux jeunes femmes. Pourtant, la capacité à observer ces comportements innovants relève par exemple de la sociologie, les amateurs de sciences « molles » ont donc toute leur place dans le monde du business.

« Nous ne sommes pas à l’aise avec le crowdfunding »

En parlant de business, quelle est donc leur stratégie ? Les jumelles, accompagnées de deux techniciens (Emilien, CTO, et Jean-Louis, stagiaire) ont deux axes de développement. Une offre premium, avec par exemple des séances enregistrées par des coachs sportifs, mais aussi le brand content. « On pourrait travailler avec une marque de luxe qui créerait un parcours à la découverte du savoir-faire parisien », illustre Marine. Et d’ajouter : « les possibilités de partenariats sont infinies : villes, acteurs culturels, coiffeurs, marathons, cours d’anglais… ». Les jeunes femmes ont déjà été approchées par différents acteurs lyonnais.

Leur entreprise, « trop jeune pour être dans un accélérateur, et trop vielle pour intégrer un incubateur », vit aujourd’hui sur leurs deniers personnels. Lorsqu’on leur demande si elles pensent à l’option crowdfunding, les jumelles affirment être un peu gênées par la logique du système. « Ca fonctionne parfaitement pour un entrepreneur social ou un projet de marque de vêtements qui vous propose d’acheter les premières pièces, mais dans des projets comme le nôtre, cela ressemble davantage à du harcèlement d’amis. Seety a vocation à être notre gagne-pain», lance Marine. Les twins comptent davantage sur une bourse, et envisagent une levée de fond, lorsque le projet sera plus mature. Pour sûr, vous n’avez pas fini d’entendre parler de ces e-girls atypiques !

@Paojdo

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