Axelle Tessandier, la geek humaniste

Axelle Tessandier

Elle a conseillé My Little Paris, contribué au développement de scoop.it aux USA et de Kickstarter en France. A la pointe des nouvelles technologies et du management de l’innovation, Axelle Tessandier vit entre Paris et San Francisco. Portrait d’une jeune femme dont vous n’avez pas fini d’entendre parler.

A la fois geek, veggie et yogi, Axelle Tessandier ne pouvait rêver territoire plus accueillant que la Californie il y a 5 ans. Entre elle et ce bout de côte sur le Pacifique, le coup de foudre est immédiat. En 2013,  la jeune trentenaire fonde AXL Agency, une structure dans laquelle elle multiplie les casquettes : conseillère à la rédaction, créatrice de contenus, consultante en stratégie numérique … « Mon seul dénominateur commun est la passion (…) ce que je sais aussi, c’est que je me sens mieux avec les créatifs », confie-t-elle. Véritable slasher, elle a horreur de se laisser « enfermer dans une case ». Le prix à payer ? « Les gens ne comprennent pas toujours ce que je fais ! Mais cela me donne la liberté d’être moi-même », poursuit-elle. Et de toujours se remettre en question.

« Aujourd’hui, il faut inventer son job »

Son parcours est à l’image de ses influences : éclectique (elle aime jongler entre un livre rabat-joie et un épisode du Bachelor). Quatre ans de droit, un master en audiovisuel à la Sorbonne, puis trois mois passés à Berlin pour participer à l’expérience Palomar5, avant de rejoindre le GAFFTA à San Francisco, un laboratoire à idées lancé par Google et Twitter. « Sur le papier, je n’ai aucun diplôme qui valide mes compétences », affirme celle qui croit fermement que « le futur appartient aux généralistes et à ceux qui (ré)inventent leur job, même en entreprise ».

Mini Guide Entrepreneuriat

D’après ses prévisions, 40% de la population américaine sera freelance aux Etats-Unis en 2025. Une liberté grisante même si, de son propre aveu, la vie de travailleur indépendant n’est pas toujours rose. « Il y a des mois où j’ai l’impression d’être nulle, et d’autres de tout déchirer. La difficulté est aussi qu’on ne sait pas toujours marquer la frontière entre les moments de travail et de repos », ajoute-t-elle.

Porte-drapeau de la génération Y

A 34 ans, Axelle Tessandier est une éminente spécialiste de la génération Y. N’allez pas la qualifier d’experte : « un expert est expert d’un monde déjà disparu ». La génération Y est avant tout une génération de curieux qui a osé s’interroger sur le sens de son job. « J’ai horreur de la binarité qui pour moi tue l’innovation. En revanche, la seule binarité que je conçois dans le monde, c’est la séparation entre les curieux et les flippés », lance-t-elle. Des curieux, on en compte aussi dans les rangs des aînés, mais la génération Y a eu la particularité de commencer sa vie professionnelle portée par la révolution numérique.

Cette révolution numérique apporte selon elle un « overview effect » : « le monde n’a plus de frontières, nous avons la capacité à nous émouvoir de la même chose aux quatre coins du monde. Une révolution, c’est une question de timing, et la génération Y a le bon timing ». Pour elle, le numérique ne nous déshumanise pas, tout est question d’utilisation. « La technologie n’est pas bonne ou mauvaise en soi, tout dépend des hommes et des femmes qui s’en servent », argue la jeune femme.

« On pense le futur avec nos connaissances du présent »

Très expérimentée dans la curation de contenus, Axelle Tessandier multiplie ses sources d’information. De nombreuses entreprises font justement appel à elle pour du trendspotting, ou autrement dit le décryptage des nouvelles tendances. « Il est difficile de prédire le futur, en revanche, je peux avoir des ressentis sur ce qu’il se passe », estime-t-elle. Cette dernière croit farouchement au développement de l’état d’esprit « Maker » versus « Talker », via le biais du mouvement “Do It Yourself” et du “Peer to Peer” qui sont selon elle l’avenir, à l’image de la technologie Blockchain en laquelle elle croît beaucoup. D’après elle, le monde est si complexe qu’on ne peut que l’aborder en Open Collaboration.

« Si l’on veut changer la société, il faut commencer par soi-même »

Prendre le pouvoir sur sa vie, c’est vouloir lui donner plus de sens. Sensibilisée à l’environnement, Axelle Tessandier se dit peu excitée par la dernière COP 21, mais bien davantage par les initiatives citoyennes. D’après elle, le changement ne pourra venir que de nous : « je pense que si l’on veut changer la société, il faut commencer par soi-même ». Elle souligne aujourd’hui une vraie crise du leadership, encore révélée dans l’affaire Wolkswagen. « Le capitalisme n’est pas une grande réussite sinon nous n’en serions pas là. Il va falloir penser autrement le business que par la simple quête du profit. Sans être bisounours, le monde ne changera dans le bon sens que quand nous aurons des dirigeants vraiment bienveillants », insiste-t-elle.

Take a chance

Alors qu’elle vogue entre Paris et San Francisco, Axelle Tessandier a pu développer un véritable regard comparatif sur les deux cultures. Si elle devait aujourd’hui rapporter un présent des Etats-Unis à la France, ce serait sans doute la confiance en soi. « Là bas, les entrepreneurs ne se disent pas qu’ils prennent un risque mais plutôt : take a chance. Ils sont aussi moins dans le jugement par rapport à l’échec ». Malgré tout, la petite française défend sa culture politique européenne : « les Américains misent beaucoup sur la technologie alors que moi je crois fermement dans les principes de liberté et de fraternité ».

Depuis son retour en France, la jeune femme se dit agréablement surprise par un nouvel écosystème en train d’éclore dans l’hexagone. « Avec Kickstarter, j’ai découvert que nous étions très bons dans plein de nouvelles technologies, et dans les jeux vidéos par exemple. Il y a 5 ans encore, je sentais moins cet écosystème », conclut cette fervente supporter d’une tech pas seulement french mais avant tout européenne.

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@Paojdo

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