Une histoire d’éventail au féminin !

Eloise Gilles

Eloise Gilles et Raphaëlle de Panafieu travaillaient toutes les deux dans l’univers de la mode, du luxe et de la haute couture avant de se rencontrer, de chiner et découvrir le monde de l’éventail. En 2010, au gré de rencontres et de leurs envies, elles décident finalement de reprendre une maison mythique du métier d’éventailliste. Rencontre avec Eloise Gilles, l’une des repreneuses de la maison Duvelleroy, et surtout une amoureuse de cet artisanat d’art et du luxe.

Comment est née votre « idylle «  professionnelle avec votre associée ?

Eloise Gilles : Autour d’un éventail justement ! Quand nous nous sommes rencontrées avec Raphaëlle, elle portait un éventail. Nous avons beaucoup discuté, sympathisé et finalement c’est cet éventail qui a cristallisé notre projet et le choix de se lancer dans la recherche d’une maison qui fabriquait de tels objets un peu trop tombés en désuétude.

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Vous aviez envie de redonner à l’éventail une nouvelle jeunesse ?

Eloise Gilles : Exactement. Ils nous a d’abord fallu nous plonger dans l’histoire et la tradition de l’éventail, avant de rencontrer l’un des héritiers de la marque Duvelleroy et nous associer à lui. Et la recherche de la maison que nous voulions reprendre nous a permis de découvrir l’histoire et la tradition de l’éventail français, qui est part, mais aussi celle du Japon ou de l’Espagne. Tout notre travail en amont de la reprise nous a surtout permis de savoir comment nous allions envisager notre reprise.

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C’est à dire ?

Eloise Gilles : Nous voulions reprendre une maison qui avait une histoire tout en ayant la possibilité de lui redonner un coup de jeune ! Car nous avons tout de suite perçu le potentiel de l’éventail remis à la mode contemporaine. Et puis, nous avons aussi décidé de travailler, un peu comme un chef d’orchestre, au milieu des artisans qui font le métier d’éventailliste. Ils sont environ une quinzaine à travailler avec nous et chacun à sa spécialité.

Vous voulez préserver et pérenniser ces métiers d’art justement ?

Eloise Gilles : Oui, car chacun est dépositaire d’une technique, d’une matière, d’un rouage de la construction d’un éventail finalement et je voulais vraiment conserver cette façon de travailler. Nous travaillons donc avec des artisans d’art spécialisés dans le bois, la nacre, les plumes, la broderie. Et même s’il nous a fallu un peu de temps pour reconstituer ce réseau d’artisans, nous en sommes fières aujourd’hui ! D’autant plus que nous n’aurions pas pu, ni l’une ni l’autre, faire nous même ces éventails qui sont de vérifiables objets d’art.

Qu’est ce qui vous plaît dans l’éventail, quel déclic vous a fait vous lancer ?

Eloise Gilles : La dualité de l’éventail en France nous a plu ! C’est à la fois un objet rare et souvent luxueux mais c’est aussi un objet familier. Nous avions conscience que nous nous lancions dans une aventure un peu singulière et décalée mais c’est ce qui nous a plu finalement ! Et puis l’éventail a de multiples usages : on peut le porter, s’éventer, ou en faire une déco de mariage par exemple ! MOULIN ROUGE® NUDE

Et comment êtes vous passées de l’éventail traditionnel à l’éventail du 21è siècle ?

Eloise Gilles : Grâce aux artisans, nous avons préservé le patrimoine. Puis nous nous sommes tournées vers des fabricants de fibre de carbone par exemple, pour donner une structure plus moderne aux éventails. Nous travaillons aussi avec des designeurs, des créateurs comme Jean-Charles de Castelbajac, le tatoueur Mo Coppoletta. Mais aussi le Moulin Rouge, Le Louvre.. Nos sources d’inspiration sont multiples.

Et nous avons réussi, je pense, à faire la jonction entre ces deux histoires : l’historique et la moderne. Nous avons conservé la signature de la maison qui est la marguerite présente sur la monture de nos éventails ! Et grande nouveauté pour la maison, nous développons une gamme de coiffes en plumes et en métal : ce sont nos coiffes de cygne qui sont des ornements de tête qui rappellent le Lac des Cygnes. Ce fût notre source d’inspiration les créer !

Et comment se porte le marché de l’éventail en France aujourd’hui ?

Eloise Gilles : Dès le départ, comme nous voulions faire de l’éventail un objet de mode, nous avons lancé une ligne plus moderne : R by Duvelleroy, avec un plus grande nombre de pièces disponibles à la vente à des prix très abordable (35-45€). Alors que les éventails couture sont produits en très petite quantité. Leur coût n’est pas le même non plus (de 1000 à 3500€). Et puis nous venons d’ouvrir une boutique rue Amélie à Paris ce qui nous permet de pouvoir rencontrer notre clientèle. Sinon, nos éventails sont vendus au Bon Marché, chez Colette ou chez Harrods et en ligne sur notre site évidement. Nous travaillons également pour des grandes marques qui veulent agrémenter une tenue ou un événement d’un éventail sur mesure et à leurs couleurs. L’histoire de l’éventail en France est donc en pleine renaissance !

Caroline Forge

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