Rencontre avec Marguerite Laffite

Marguerite Laffite

Marguerite Laffite fait partie des rares femmes pilotes automobiles et a su s’imposer dans un milieu encore très largement masculin, rencontre avec une jeune femme qui a su conjuguer passion et vie professionnelle.

Vous êtes pilote automobile et journaliste automobile sur Canal +, comment êtes-vous arrivée dans ce milieu plutôt masculin ?

Marguerite Laffite : Je suis arrivée dans le sport automobile sur le tard, un peu par hasard et un peu, évidemment, grâce à mon père. Il était pourtant plutôt sceptique au départ sur mon potentiel et mon envie de me lancer dans cette voie. Un jour j’ai participé au Trophée Andros, une épreuve de conduite sur glace, j’ai tout de suite été séduite. J’ai toujours aimé la compétition mais à 23 ans, j’en avais assez des compétitions équestres, le sport automobile est arrivé à point nommé.

Vous avez une autre casquette : le journalisme, comment avez-vous débuté ?

Marguerite Laffite : De la même manière, par hasard, sur le tard et sans diplôme. J’ai commencé en faisant  des piges sur Internet et quelques essais automobiles pour la télévision. Mon nom m’a ouvert des portes parce que certaines personnes  du milieu connaissaient  mon père mais j’ai fait mes armes et tracé mon chemin seule au fil du temps, tant sur les circuits que sur les plateaux.

Pourquoi y a t-il si peu de femmes sur les circuits automobiles?

Marguerite Laffite : Le sport automobile attire moins les jeunes filles que les jeunes garçons, donc inévitablement, il n’y a quasiment pas de femmes pilotes de course. Par ailleurs, le ‘volant féminin’ n’est pas mis en avant en France. Enfin, pour former des pilotes, hommes ou femmes, il faut débuter jeune par le karting, faire de la monoplace puis du GT (grand tourisme ndlr).

Et s’il existait des courses spécifiquement féminines, serait-ce une solution ?

Marguerite Laffite : Je ne suis pas sûre que ce soit la bonne réponse à ce déficit de femmes. Je pense que les femmes ont des talents et des capacités équivalentes aux hommes. En Formule 1, c’est un peu différent car c’est un sport excessivement éprouvant et voir des femmes courir sur ce genre de circuit me rend sceptique. J’ai déjà fait quatre tours en pilotant une F1 sur un circuit,    c’est vraiment un sport difficile. J’ai aussi testé une formule Renault 3.5, l’antichambre de la F1 avec le GP2 mais après 60 tours, j’étais plus qu’éprouvée. J’ai adoré les sensations, mais je n’en pouvais plus.

Aujourd’hui à quel type de courses participez-vous ?

Marguerite Laffite : Je suis engagée pour la saison 2013 sur dans un championnat, les ‘World Series By Renault’, qui regroupent plusieurs disciplines. Celle à laquelle je participe est la Mégane Trophy. Le championnat compte sept courses et je conduis un prototype qui est comme une petite monoplace avec la carrosserie d’une Mégane retravaillée de manière aérodynamique, un moteur de 400 chevaux, un châssis tubulaire. Je participe également à des rallyes sur des abarth 5OO.

Comment vous y préparez-vous ?

Marguerite Laffite : En ce qui concerne la préparation physique, le pilotage ne requiert pas un entraînement intense au quotidien mais il faut être un minimum préparé au niveau du cou et des bras. Il faut être sportive, faire de la musculation par exemple. Pour moi c’est plus facile, comme je pratiquais l’équitation, j’ai toujours fait du sport.

Avez-vous déjà ressenti de l’hostilité à votre égard en tant que pilote femme ou fille de sur ces circuits ?

Marguerite Laffite : Je sais que le sport automobile souffre d’une image machiste, mais je tiens à dire qu’elle est souvent fausse. Personnellement, je n’ai jamais ressenti d’hostilité, ni à cause de mon nom ou parce que j’étais une femme. Il y a certes peu de femmes sur les circuits, mais  elles y sont bien accueillies comme Suzy Wolff qui est essayeuse de voiture chez Williams.

Les femmes ont une fausse image de ce milieu et se mettent des barrières et n’osent donc pas tenter leur chance. C’est vrai qu’on entend parfois des grincements de dents de la part de certains hommes quand ils nous voient arriver sur le circuit mais globalement cela n’est pas méchant. Le peu de femmes qui participent comme moi à des courses réussissent à se faire une place. Il y a du respect entre pilotes, peu importe le sexe.

Pour nos lectrices, quelle voiture conseillerez-vous pour tous les jours ?

Marguerite Laffite : Si comme moi, vous n’avez pas d’enfants, une Fiat 500 préparée par Abarth. C’est une petite voiture qui à la pêche et qui jouit d’une image très féminine. Elle allie tout ce que j’aime dans une voiture : le côté sportif et pratique. Une petite voiture de course à taille humaine pour la ville, le rêve pour moi.

 Propos recueillis par Caroline Forge

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