Travail et engrenage : comment décrocher ?

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Aides-toi toi-même“…  A toutes les acharnées du boulot, sachez lâcher du lest et vous écouter. Parce que oui, parfois, la procrastination a du bon ! Petit guide à l’usage de celles qui peinent à déconnecter de leur travail, éclairé par Pierre Cocheteux, analyste transactionnel certifié et thérapeute. Travail et engrenage : comment décrocher ?

Avenir incertain dans la société ou résultats de son entreprise fluctuants, charge de travail surdimensionnée, poste de travail instable… C’est bien l’environnement de la personne qui pose un problème. M. Cocheteux parle de réaction au stress négative : au lieu de s’écouter et de lever le pied, on va faire plus, augmenter sa présence au travail, s’emmener du boulot…
Et ce processus pernicieux évolue. Les signaux d’alerte deviennent moindres, le corps s’habitue aux symptômes du stress (diminution de l’attention, réveil dans la nuit, perte d’appétit, changement de poids…) Le corps crie moins fort, donnant l’illusion d’aller mieux. On s’épuise en puisant dans ses ressources. Mais un matin, la crise éclate.

Prévenir le surmenage passe par un cadre auto-imposé, car toute personne trop consciencieuse a tendance à perdre de vue ses propres limites.

Mini Guide Leader

Mettre un mot sur ce mal de la société

Il s’agit d’une prise de conscience, personnelle et collective. La crise est passée par là. Avec la réduction des coûts, les tensions sont fortes au sein des entreprises.

Le siècle passé a sa part de responsabilité produisant une erreur de management : celle qui consiste à stresser les salariés pour les faire avancer, avec l’idée du stress positif. Or le stress est toujours négatif, même s’il est intéressant de stimuler, la méthode de management par le stress n’est pas efficace sur le long terme pour une bonne qualité de vie au travail.
L’augmentation du chômage a aussi un impact pour ceux, en poste, qui, par la perte de la sécurité de l’emploi, enclenchent un processus psychique qui les détruit. Il est important d’être conscient de ce contexte socio-économique pour s’aider soi-même à déculpabiliser.

Avoir un rythme de vie correcte

Pour ne pas franchir ses barrières, il faut mettre en place un certain nombre de « garde-fous » que liste Pierre Cocheteux.
Parmi les règles d’hygiène de vie capitales : s’accorder une pause repas trois fois par jour et un temps d’endormissement de sept, huit heures par nuit.

Ça passe aussi par se résigner ou s’obliger à ne pas emmener de travail le soir, à faire une digital detox  en ne répondant pas aux e-mails en dehors de sa plage horaire de travail et à essayer de respecter cette dernière. La mise en œuvre de ces vigilances est essentielle pour éviter d’entrer dans le processus du burn-out.

Se questionner sur la place de son travail

Il est important de s’assurer que le projet professionnel reste au service du plan de vie et non pas l’inverse. De plus en plus de gens le perdent de vue. « En allant à contre-courant, on tient un certain temps mais un jour, ça craque. »

Baisser la barre de ses exigences

Notre culture de la réussite et de la performance, ne supportant ni l’échec, ni l’émotion, aggrave les tensions. On devient coupable d’être en congé maladie, d’avoir un coup de mou ou de laisser percevoir une once d’émotion sur son lieu de travail. « Non, être malade n’est pas un signe d’incompétence. Alors que si vous vous battez contre votre corps, ce n’est qu’une question de temps pour qu’il gagne la bataille », image le thérapeute.

Il faut apprendre à baisser le niveau de ses exigences, à accepter qu’on n’est pas performant tout le temps, bien que ce soit difficile à admettre. La meilleure chose à se dire est qu’un cavalier, pour voyager loin, ménage sa monture, à l’inverse du sprinter qui s’arrêtera dans 500m avec un point de côté handicapant. Ce gros changement nécessite parfois plusieurs mois d’accompagnement pour le mettre en œuvre.

S’interroger sur l’ « extra-travail »

La personne doit se poser les questions qui font tilt selon le spécialiste : « Depuis combien de temps je n’ai pas invité d’amis à la maison ou accepté une invitation ? », « A quand remonte mes dernières (vraies) vacances (sans travail ? », « Ai-je toujours un engagement personnel quelconque en dehors de mon boulot ? » Se faire un Quid de la vie sociale en dehors du travail en quelques sortes, afin d’apprendre comment perdre du temps à prendre son temps ! Et plus encore, penser à soi, de manière simplement égoïste, en se demandant : « Depuis combien de temps je n’ai pas pris une heure rien que pour moi ? » Si besoin, s’octroyer une pause de 10 minutes dans la matinée, un jour de vacances, voire plus selon son état psychique.

Les maîtres-mots à garder toujours en tête : relativiser, se recentrer sur soi, déculpabiliser, s’interroger. Et il est évident que mettre en place rapidement ces petits réglages pour un mieux-être est salutaire avant que ce ne soit trop tard, car une fois les limites dépassées, le retour au travail est difficile. Pour se reconstruire après un burn-out, une fois la batterie à plat, elle sera longue à recharger et il restera une trace à vie, car on restera plus sensible au stress qu’avant. A un certain stade, se faire accompagner reste le meilleur moyen pour se prendre en main, sans perdre de vue qu’il vaut toujours mieux prévenir que guérir.

Vaincre les risques psychosociaux

Remerciements à Pierre Cocheteux, analyste transactionnel certifié, thérapeute et coach spécialiste du burn-out basé à Nantes. Il accompagne les professionnels souffrant du Syndrome d’épuisement professionnel et est consultant auprès de « Vaincre les risques psychosociaux Consulting ».

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