New York : nouvel eldorado des entrepreneurs ?

New york nouvel eldorado des entrepreneurs

En 2014, les start-ups high-tech établies à New York ont levé 4 milliards et demi de dollars, trois fois plus que leurs homologues londoniennes. De quoi faire de la Grosse Pomme un hub entrepreneurial : ces dernières années, elle a ainsi vu émerger en son sein quelque 6000 jeunes pousses, dont les remarquables Kickstarter ou Tumblr. Enquête sur un écosystème au centre de plus en plus de convoitises, y compris celles des entrepreneurs français.

« Lorsque l’on a commencé à mettre en place un projet qui fonctionne bien en France, la question de sa distribution se pose assez rapidement. Pour cela, New York constitue un endroit idéal. » Frédéric Montagnon sait de quoi il parle. Business angel, serial entrepreneur, fondateur notamment en 2004 de la plateforme d’hébergement Overblog, il a posé ses bagages en 2012 à New York pour lancer Secret Media, service permettant aux plateformes de la presse professionnelle de court-circuiter les systèmes bloquant la publicité. 

Le plus grand marché du monde

« New York représente le plus gros marché au monde dans beaucoup de domaines que sont les médias, la finance, l’e-commerce, la mode ou encore le luxe, poursuit Frédéric Montagnon. D’autre part, la région permet non seulement de faire du commerce aux Etats-Unis, au Canada, mais aussi en Amérique du Sud. » De quoi attirer les porte-drapeaux de l’écosystème hexagonal : Catherine Barba, entrepreneure et business angel française, y a créé son Peps Lab, un observatoire d’analyse des nouvelles tendances commerciales à l’ère numérique.

Mini Guide Entrepreneuriat

« A New York, une centaine d’entreprises a été fondée par des Français », précise Frédéric Montagnon, lequel a participé, aux côtés d’Axelle Lemaire, secrétaire d’Etat en charge du numérique, à la labellisation de la « French Tech New York », visant à accélérer le développement de start-ups françaises via un réseau de quelque 80 investisseurs, ingénieurs, entrepreneurs et grandes entreprises, doublé des acteurs publics présents sur place (Consulat ou encore Conseillers du Commerce Extérieur).

Un écosystème français solidaire et respecté

« Les entreprises sont réellement en capacité de prospérer ici », insiste Frédéric Montagnon. « Sur ces cinq dernières années, les jeunes pousses hexagonales représentent 7% de l’ensemble des levées de fonds réalisées à New York. »

De quoi sur-représenter, en comparaison aux autres entreprises étrangères, les performances des structures françaises installées au sein de la Grosse Pomme, assure-t-il. « Lorsque l’on fait du business ici, on est très respecté en tant que Français. Il n’y a aucun a priori, » complète-t-il pour déconstruire certaines idées reçues. « Si certains entrepreneurs américains gardent une mauvaise image de ce que peut être la création d’emplois sur le territoire français, n’oublions pas qu’aux Etats-Unis, les taxes sont également très élevées, et le code du travail aussi complexe. »

Et pour nos compatriotes entrepreneurs qui se sentiraient quelque peu esseulés, perdus dans l’immensité new-yorkaise, des réseaux d’entraides leur sont destinés, à l’instar notamment de FrenchFounders, créé en Avril 2014 et présent dans plusieurs villes telles Londres, Shanghai, Miami et bien sûr New York .

« L’idée était de construire une plateforme permettant aux entrepreneurs français de s’appuyer sur une communauté afin de gagner du temps pour se développer. La solidarité est réelle entre entrepreneurs, Ce n’est même pas un sujet », explique Benoit Buridant, fondateur de la structure aujourd’hui forte de 1200 membres, CEOs ou entrepreneurs des domaines de la tech, de la gastronomie ou encore du luxe. Des acteurs influents échangeant sur leurs expériences, leurs ressources, ou encore leurs solutions business.

La Silicon Valley et son challenger 

Pour faciliter et provoquer encore plus de partage, FrenchFounders a même eu l’idée de La Foundery, un espace de plus de 500 M2, à New York, dédié aux startupers français. « Dans cette ville, quelque soit votre secteur d’activité, la tech ou autre, tous les fonds d’investissements sont représentés, » explique Benoit Buridant. « Puis, par rapport à la Silicon Valley, c’est très près de la France. Le décalage horaire est beaucoup moins conséquent.»

De son côté, Frédéric Montagnon va encore plus loin dans le détail des avantages comparatifs de la ville aux gratte-ciel par rapport à ceux de la côte Ouest du pays : « la Silicon Valley est très isolée par rapport à l’Europe et à tous les marchés du monde. C’est un écosystème assez centré sur lui-même et difficile à pénétrer lorsque l’on vient de l’extérieur, » soutient-il. « Les entrepreneurs installés à New York, contrairement à leurs homologues californiens, ne développent pas uniquement des technologies pures mais apportent de la nouvelle matière à des domaines qui en ont besoin, que ce soit dans les médias, la finance, ou le e-commerce. Du coup, même si cela dépend des cas, les débouchés industriels sont plus nombreux à New York, qu’à San Francisco », conclut-il. De quoi donner envie de partir… à la conquête de l’Est.

Claire Bauchart

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