Embarquez dans le monde des « Makers »

Makers
Devenir « idéacteur », ou autrement dit, être capable de passer rapidement de l’idée à l’action, tel est le défi des entrepreneurs d’aujourd’hui. Au pays des cerveaux bien faits, il faut désormais faire place à un nouveau paradigme. Alors, comment devient-on un Makers ? Eléments de réponse. Il ne s’agit que d’un simple croisement de technologies déjà existantes. Un système de phonie, un écran tactile, une coque blindée… L’Iphone aurait pu être inventé par n’importe quel autre géant de la technologie. Oui mais, c’est bien Apple qui l’a créé dans la Silicon Valley. La force du géant à la pomme ? « Etre capable de faire travailler en synergie un ingénieur, un manager et un designer. En France, on peine à concevoir les choses les plus basiques, car on pense souvent que l’innovation ne provient que des recherches fondamentales », explique Hervé Gasiglia, responsable du programme IDEA (Innovation, Design, Entrepreneurship & Arts) à l’EMLyon, qui fonctionne en partenariat avec Centrale Lyon.

Le Design Thinking : l’utilisateur au cœur du process de création

Ce programme est axé sur le « Design Thinking », un terme un peu barbare signifiant le point d’équilibre entre une technologie viable économiquement et un produit désirable. « Il s’agit de mettre au point un produit à travers un process permettant d’avoir un retour permanent de l’utilisateur », explique Guillaume Bardèche, Directeur du tout jeune incubateur IONIS 361, accoudé au groupe IONIS qui compte plus de 20 établissements privés dans des domaines très variés (Epitech pour le code, e-artsup pour la création numérique, ou encore Sup’Biotech pour les biotechnologies…). Pour confronter le produit aux potentiels utilisateurs, de plus en plus de start-ups font ainsi intervenir des bêta-testeurs. C’est le cas de Céline Brondel, 34 ans, co-fondatrice de ClozMe, une plateforme permettant à des personnes vivant dans une même zone géographique de vendre des vêtements uniquement via des remises en mains propres. « Nous utilisons un emailing afin de connaître les retours de nos bêta-testeuses et rencontrons régulièrement nos ambassadrices. Nous organisons aussi des afterworks vide-dressing avec 40 ou 50 personnes pour rencontrer notre cible en direct », explique la jeune femme.

Le petit train entre la main et la pensée

« On ne se connaît pas par introspection mais par action », estime Hervé Gasiglia. D’après lui, la clef du succès allemand tient notamment dans ces allers-retours incessants entre la main et la pensée. A ce titre, les nouveaux outils que nous apporte la technologie, comme les imprimantes 3D, sont une formidable opportunité pour les créateurs d’entreprise de pouvoir tester immédiatement une idée et la faire évoluer. Le programme IDEA, qui sélectionne les candidats sur la base d’un projet, met justement à disposition des élèves ce type d’outils, tout comme l’incubateur IONIS qui offre à ses incubés un accès privilégié à ses labos, fablabs etc…

La nécessité de croiser les compétences

Ils sont pharmaciens, artistes, normaliens, ingénieurs, financiers… Les profils recrutés dans le programme IDEA sont volontairement hétérogènes. L’objectif ? « Briser les systèmes de caste qui briment le potentiel créatif de jeunes gens issus de Grandes Ecoles », affirme Hervé Gasiglia. Pour autant, le responsable pédagogique croit farouchement dans le potentiel de ces jeunes diplômés, puisque selon lui, il est d’abord nécessaire de maîtriser la technique pour pouvoir libérer sa créativité. Mais pour être explorée, cette créativité requière souplesse et ouverture d’esprit aux autres champs. Même constat pour Guillaume Bardèche : « nous recherchons des profils de gens passionnés, qui peuvent avoir un domaine de compétence précis, mais qui sont capables de dialoguer avec d’autres porteurs de compétences. On innove en équipe », soutient-il.  Les start-ups sélectionnées évoluent ainsi dans des milieux très divers, et présentent des degrés de maturation variés, ce qui permet aussi un retour d’expérience entre les incubés. 

La créativité, unique parade de l’employabilité face à la robotisation

Innover, ce n’est donc pas qu’une affaire de technologie, mais avant tout un état d’esprit. Dernièrement, un joueur de Go professionnel a été battu par un ordinateur. Pour Hervé Gasiglia, la destruction actuelle et future de milliers d’emplois à faible intelligence relationnelle et créative est au cœur de la crise économique. Plus que jamais, nous devons en permanence remettre en cause nos représentations héritées du passé. « Etre créatif et discipliné », tel est le leitmotiv du responsable du programme IDEA qui entend bien faire de ce master un laboratoire d’expérimentation de la Grande Ecole de demain, avant de conclure sur une parole de Saint-Mathieu : « fais prospérer ton talent ».

Paulina Jonquères d’Oriola

   
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