Spécial Made in France : les Français, tous cocorico ?

Made in France
Le Made in France a le vent en poupe et les consommateurs se montrent de plus en plus désireux de soutenir l'économie hexagonale. Mais la France est-elle prête à franchir le pas ?

Les étiquettes bleu, blanc, rouge fleurissent un peu partout sur les étalages, du fromage AOC à l’espadrille basque. Depuis qu’Arnaud Montebourg a mouillé la marinière, les médias sont eux aussi devenus très cocorico, à tel point qu’un magazine Made in France a même été créé. Et pour cause, d’après une étude Ifop datant de 2013, 73% des Français sont prêts à payer plus cher pour du Made in France. Pour l’heure, il est clair qu’il leur faudra dégainer le porte-monnaie puisque selon une enquête du Centre français d’Etude et de Recherche en Economie internationale, acheter français coûte entre 100 à 300€ de plus par mois à un foyer.

Et à l’international ?

A l’international, quoi qu’on en dise, le Made in France ne se défend pas si mal. Le marché se porte bien dans les domaines du luxe, de l’électronique et de l’industrie pharmaceutique. Dans d’autres domaines plus sinistrés, le combat continue et vise avant tout le marché français, comme en atteste notre rencontre avec Les Atelières, qui sont actuellement en quête d’un nouveau modèle productif et espèrent bientôt monter leur propre marque de lingerie qui ciblerait les classes moyennes.

Le Made in France cantonné au haut de gamme ?

Si le haut de gamme semble être le chemin tracé pour faire renaître l’industrie française, l’idée de certains entrepreneurs est aussi de pouvoir répondre à un public plus large et très demandeur. « La France est compétitive quand elle joue ses atouts de la création, de l’innovation et de la qualité. Donc tous les marchés lui sont ouverts, pas seulement le luxe. Prenez les marinières ! », lance Gilles Lasbordes, directeur général adjoint de Première Vision, qui a repris il y a peu le Salon Made in France Première Vision. D’ailleurs, avec l’augmentation du coût du travail dans les pays asiatiques, la répartition des cartes commence à changer, avec la délocalisation des usines chinoises vers des pays comme l’Ethiopie. Face à la mondialisation, la France n’est pas la seule à hisser le drapeau national. Les Etats-Unis le font depuis fort longtemps, tout comme les Anglais qui font l’apologie de la consommation locale.

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Un engouement qui ne date pas d’hier

Certes, tous les projecteurs se sont braqués sur le Made in France il y a peu, mais l’engouement du public, et surtout l’engagement de certains acteurs, ne datent pas d’hier. « Les politiques ne font finalement que relayer, et de manière efficace, un désir du marché final, un engagement de l’industrie, et en particulier pour le Made in France, mais aussi une attente de plus en plus précise du consommateur. Produire en France, c’est conserver des emplois nationaux qui montent en qualité », explique Gilles Lasbordes, qui rappelle que le Salon Made in France existe depuis… 11 ans !

L’excellence française

Dédié à la haute-façon, ce salon regroupe des fabricants de vêtements et d’accessoires qui travaillent pour les marques, et est principalement axé sur les savoir-faire d’excellence. « La haute-façon est un métier insoupçonné, rare et très français », martèle le directeur général adjoint de Première Vision. L’idée est de découvrir les entrepreneurs, les usines, les machines et les ouvriers qui se cachent derrière un vêtement de luxe ou de créateur. Il s’agit notamment de mettre en avant  les entreprises de patrimoine vivant, des PME et PMI, qui possèdent un savoir-faire qui n’existe nulle part ailleurs dans le monde. Dans l’univers de la cosmétologie, la France se distingue aujourd’hui dans la filière qualitative du bio, comme nous l’avons vu avec les Douces Angevines. De nombreuses jeunes marques telles qu’Avril se lancent actuellement et proposent du bio et du frenchy, pour le plus grand bonheur des beautistas.

“Ce sont les industriels qui assurent maintenant cette pérennité des métiers et des gestes”

Bien entendu, pour que l’excellence perdure, la transmission doit être en marche, pas uniquement dans les écoles mais aussi dans les entreprises qui détiennent des savoir-faire immatériels, ces fameux gestes qui font la différence. « La transmission est en marche, à l’exemple du groupement d’entreprises Pôle Mode Ouest qui, avec l’aide d’organismes de formations professionnelles, a mis en place le programme Trans-Faire. Ce dernier associe une ouvrière partant à la retraite à une jeune recrue, pendant deux ans. Le savoir-faire immatériel sera donc transmis. Le rôle des écoles est plus de l’ordre de l’enseignement global. Ce sont les industriels qui assurent maintenant cette pérennité des métiers et des gestes. Trans-Faire a permis d’embaucher 400 personnes », affirme Gilles Lasbordes, qui ajoute que la haute-façon recrute depuis un an, ce qui mérite d’être souligné même si les chiffres demeurent modestes !

Pour une étiquette « Fabriqué en France », une vraie !

« Porteuse de chic, d’élégance et de rêve dans le monde entier », dixit Gilles Lasbordes, l’étiquette Made in France a, espérons-le, de beaux jours devant elle. A condition que ses contours soient mieux définis pour le consommateur. Comme le regrette Muriel Pernin, la patronne des Atelières, seulement 30% du produit doit être modifié en France pour être étiqueté MIF. Alors du Made in France oui, mais du vrai ! Car l’étiquette bleu, blanc, rouge ne doit pas être qu’un outil marketing, mais bien une conviction, et un levier d’emplois sur le territoire.

La montée des « régionalismes »

Par-delà le simple Made in France, on assiste actuellement à la mise en valeur des patrimoines régionaux, comme le font les Douces Angevines avec leur Maine-et-Loire, ou encore Vosges Terre Textile qui se décline en Alsace Terre Textile, et aujourd’hui Nord Terre Textile. « Il est intéressant de noter le goût du public pour les histoires ancrées dans le terroir, les territoires et les régions », note Gilles Lasbordes. La traçabilité des produits est devenue importante pour les consommateurs, et la révolution est en marche. Mais la route est longue !

@Paojdo

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